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PREMIÈRE PARTIE

PHILOSOPHIE ANCIENNE

CHAPITRE PREMIER

Doctrines philosophiques des anciens peuples.

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1.- Métaphysique des Indiens. - Polytheisme et panthéisme de la religion brahmanique. La première doctrine de l'Inde fut le polythéisme. L'homme conçoit toutes les puissances de la nature à l'image de sa propre puissance, comme douées d'intelligence et de volonté. Če polythéisme respire dans les hymnes des Védas. Puis la pensée indienne passe au panthéisme qui fait le fond de la religion brahmanique. Les dieux multiples se réunissent sous trois grands dieux, qui eux-mêmes sont les puissances diverses de l'Esprit universel. La production du monde est une émanation de Dieu; Dieu engendre le monde par amour, mais par un amour mèlé de désir. En tant qu'il crée, Dieu est Brahma; en tant qu'il détruit, il est Siva; en tant qu'il conserve, il est Vichnou : c'est la trinité indienne. A cette théorie de l'émanation divine se joint la transmigration des âmes. En vertu de cette loi, chaque être a dans l'univers la place et la forme qui conviennent à son degré de moralité. Il n'y a point de destin extérieur qui gouverne la vie des ètres ; chaque ètre, par son vice ou sa vertu, se fait à soi-même son propre destin. Originalité et grandeur de cette conception.

II.

-

Morale de la religion brahmanique. - Dévotion, humilité, modestie; patience et pardon des injures; amour et respect des faibles; amour et respect de la femme; pitié et respect des animaux. Malgré sa grandeur, cette morale ne place pas dans la liberté le vrai caractère du bien. Dans l'ordre social, elle consacre l'injustice des castes et aboutit au despotisme sacerdotal. III. - Philosophie indépendante dans l'Inde. Les principaux philosophes indépendants furent Kapila, auteur d'un système sensualiste, Gotama, auteur d'un système de logique déjà remarquable, et Patandjali, chef

d'une école mystique à laquelle paraissent se rattacher, d'abord les doctrines exposées dans le Bhagavad Gita (supériorité de la contemplation sur l'action), et les doctrines du grand reformateur Boudha.

IV. Philosophie de Boudha. Sa métaphysique et sa morale sont résumées dans les quatre vérités sublimes: I l'existence sensible est une illusion; 2 le désir, qui résulte de cette existence, produit la douleur; 3 l'illusion et la douleur de l'existence sensible peuvent cesser par le nirvána, qui est l'anéantissement de l'existence mobile au sein de l'existence immuable; 4o on arrive au nirvana par le renoncement absolu à soi-même et par l'extinction de tout désir. De là, dérive la morale boudhiste égalité morale de tous les hommes; indépendance de la morale par rapport au sacerdoce, substitution des devoirs moraux aux pratiques religieuses; fraternité universelle, devoirs de charité, de douceur, de pardon, d'humilité, de tolérance. Malgré sa pureté, la morale du boudhisme est trop mystique et trop contemplative: l'idée de la charité y est admirablement développée, l'idée du droit en est absente; les vertus civiles et politiques sont sacrifiées en Orient aux vertus mystiques et religieuses.

I.

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DOCTRINES PHILOSOPHIQUES DE LA PERSE. - ZOROASTRE.

-

L'idée qui domine la métaphysique de Zoroastre (660 ans avant J.-Ch.) n'est plus celle du panthéisme, mais celle du dualisme. Le monde est un mélange de lumière et de ténèbres, de vérité et de fausseté, de bien et de mal. Ormuzd, principe du bien, est la Pensée; il a produit le monde par l'intermédiaire de la parole éternelle ou du Verbe, expression de la vérité et de l'intelligence. Ahriman, principe du mal et des ténèbres, est la matière le bien va l'emportant sans cesse sur le mal et Ormuzd aura la dernière victoire. II. La morale de Zoroastre est conforme à sa métaphysique: le bien moral est la vérité, dont l'expression est la sincérité des paroles et la pureté des actions. De là, le culte des Perses pour la sincérité et la pureté, images de la lumière visible et de la lumière invisible, qu'ils adorent sous le symbole du feu. - DOCTRINES PHILOSOPHIQUES DES CELTES ET GAULOIS. Les sages de la Gaule ou druides enseignaient déjà de hautes doctrines où s'exprime le génie particulier des peuples gaulois: culte de la personne, amour de la liberté et mépris de la mort. Le dévouement est considéré comme la première des vertus, parce qu'il résume en lui ces trois sentiments. Les idées métaphysiques auxquelles se rattachent ces croyances morales sont la notion de la volonté libre et celle de l'immortalité. Développement original de la foi à une autre vie chez les Gaulo is: survivance des affections et possibilité de redescendre sur cette terre par dévouement pour autrui; cercle des transmigrations et cercle de la félicité; absence de l'idée des peines éternelles et croyance au progrès de

III.

tous les êtres.

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I. L'esprit de la Chine est plus pratique que métaphysique. Les philosophes chinois enseignent une morale philosophique sans mélange de théologie. Confucius (600 ans avant J. Ch.). — Il conçoit le devoir comme une loi universelle, immuable, obligatoire par elle-mème. La loi de la terre est le perfectionnement, la loi du ciel est la perfection. La moralité, en elle-mème, est supérieure à la nature et le monde ne peut la contenir. Le vrai principe de toutes choses, c'est la perfection. De ces principes, Confucius déduit les devoirs de justice ou de réciprocité, les devoirs de charité ou d'amour : Nous devons aimer les hommes de tout notre cœur, et agir envers les autres comme nous

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voudrions qu'on agit envers nous. II. Mencius (200 ans après Confucius) renouvelle et perfectionne cette doctrine; il y ajoute une politique déjà libérale, selon laquelle le prince est inférieur au peuple; il demande une meilleure répartition de la propriété et des impôts.

V. DOCTRINES PHILOSOPHIQUES DES ÉGYPTIENS.

L'Égypte n'offre point de philosophie proprement dite; mais de hautes idées métaphysiques se retrouvent dans son culte, principalement celle de l'immortalité.

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I. — L'idée dominante dans la métaphysique des Hébreux n'est plus celle de la substance universelle, mais celle de la cause individuelle: Dieu est une puissance libre qui crée le monde par un acte de libre-arbitre. L'homme est aussi une puissance libre, qui obéit ou désobéit par un acte de libre arbitre. II. Selon la morale hébraïque, les devoirs découlent des attributs de Dieu, que l'homme doit aimer de toute son àme. Mais ces devoirs sont surtout négatifs, et leur sanction est terrestre. III. La politique des Hébreux fut theocratique la royauté y est considérée comme une chute et un mal. — IV. Progrès des idées de bienveillance et de charité dans les écoles juives. Hillel l'ancien (100 ans avant J.-Ch.) prèche la douceur et l'amour des hommes: Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fit. - Morale austère et contemplative dans les sectes des Esséniens et des Thérapeutes.

I. PHILOSOPHIE DE L'INDE

I. L'Inde et la Perse, où la race européenne eut son berceau, offrent déjà sous une forme tantôt instinctive et méthodique, tantôt réfléchie et philosophique, de hautes doctrines sur l'origine du monde et sur la destinée de l'homme (1).

La première doctrine de l'Inde fut le polythéisme, qui inspira les hymnes appelés Védas. Les dieux auxquels ces hymnes s'adressent sont toutes les puissances de la nature, surtout les phénomènes de la lumière, les clartés qui se succèdent du matin au soir, les feux qui parcourent l'espace céleste, en un mot les dévas, c'est-à-dire les lumineux.

ètres.

Toujours jeune, toujours nouvelle, l'aurore renaît pour éveiller les

« Telle qu'une vierge aux formes légères, ô déesse, tu accours vers le lieu du sacrifice.

« Ferme et riante, tu marches la première et tu dévoiles ton sein bril

1. Nous n'en pouvons donner ici qu'un résumé rapide. Sur le brahmanisme et le boudhisme, voir Eugène Burnouf, Introduction à l'histoire du boudhisme; Emile Burnouf, Essai sur le Véda; F. Nève, le Boudhisme; Max Muller, A history of ancient sanskrit literature; Barthélemy SaintHilaire, le Boudha; Vassilief, le Boudhisme, traduit par La Comme.

lant. Pareille à la jeune fille que sa mère vient de purifier, tu révèles à l'œil l'éclatante beauté de ton corps.

«< Aurore fortunée, brille par excellence: aucune des aurores passées ne fut plus belle que toi. »

Autour du foyer, les chantres indiens invoquent le feu et le divinisent.

« Donne-nous, ô Agni, de vaillants compagnons, une heureuse abondance, une belle famille et de grandes richesses. »>

Tous les phénomènes naturels sont doués par l'Indien de passion et de volonté. L'homme, n'ayant point encore la connaissance scientifique des lois naturelles, modèle les puissances de la nature sur le seul type dont il ait conscience: il les croit vivantes et passionnées comme lui-même; point de distinction entre l'inanimé et le vivant, entre la chose et la personne; tout est volonté.

Puis, du polythéisme védique, la pensée indienne passe au panthéisme brahmanique. D'abord on voit les dieux nombreux et flottants se rassembler sous trois dieux souverains; puis, derrière eux, apparaît la grande âme (atma) qui opère par eux et anime toutes choses: son organe est le soleil; enfin, derrière le soleil et sa lumière, on entrevoit une puissance idéale, à laquelle on donne le nom de la Prière ou de la Parole sainte : Brahma.

«Lui qui donne la vie et la force, lui dont tous les dieux eux-mêmes invoquent la bénédiction! l'immortalité et la mort ne sont que son ombre. A quel Dieu offrirons-nous l'holocauste?

<< Lui dont les montagnes couvertes de neige, dont le courant lointain de la mer annoncent la puissance; lui dont les bras entourent l'étendue des cieux ! A quel Dieu offrirons-nous l'holocauste?

« Lui dont le regard puissant s'étendit sur les eaux qui portent la force et qui enfantent le salut; qui au dessus des dieux fut seul Dieu! A quel Dieu offrirons-nous l'holocauste ? » (21° hymne du Rig-Véda.)

Tout sort de l'Esprit divin, et tout y rentre.

Que ferais-je », dit Maitregi à son époux », « de ce qui ne peut me rendre immortelle ? Ce que mon seigneur sait de l'immortalité, puisse-t-il me le dire!» — « Toi qui m'es vraiment chère, lui répondit son époux, tu dis de chères paroles... Écoute-bien ce que je dis. Un époux est aimé, non parce que vous aimez l'époux, mais parce que vous aimez en lui l'Esprit divin. Une épouse est aimée, non parce que nous aimons l'épouse, mais parce que nous aimons en elle l'Esprit divin... L'Esprit divin, ô épouse bien-aimée, voilà l'unique objet que nous devons voir, entendre, comprendre, méditer. Si nous le voyons, l'entendons, le comprenons et le connaissons, alors cet univers entier nous est connu... De même que nous ne pouvons saisir les sons d'une conque en eux-mêmes, mais que nous saisissons le son en saisis

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