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CHAPITRE VII

SYNTAXE DE L'ADVERBE, DE LA PRÉPOSITION

ET DE LA CONJONCTION

Emploi de quelques adverbes.

927. Plus tôt, plutôt. Plus tôt en deux mots sinifie avant, exprime une idée de temps et est l'opposé e plus tard: Il est arrivé plus tôt que vous.

Plutôt en un seul mot exprime une idée de préférence: lutôt la mort que le déshonneur.

Plus tôt et plutôt n'étaient à l'origine qu'un seul mot que l'orthoraphe a postérieurement séparé en deux locutions. Cette distinction st d'une date récente et les anciennes éditions ne l'observent pas.

928. On supprime pas et point quand la phrase renFerme une expression telle que nul, personne, jamais, tc..., dont le sens est négatif : Je ne vois personne; I ne vient jamais; nul ne l'écoute.

929. Lorsque l'idée exprimée par deux verbes qui se suivent est négative, l'emploi de ne est soumis à la règle Suivante :

1o Quand ne se trouve dans le premier membre de phrase, on le supprime dans le second. Il faut donc Hire Il n'agit pas autrement qu'il parle (et non : il n'agit pas autrement qu'il ne parle).

2° Quand ne manque au premier membre de phrase, on le met dans le second: Je crains qu'il ne vienne. 930. On emploie ne devant le second verbe:

1o Après les mots qui marquent l'appréhension ou la crainte, tels que les verbes appréhender, avoir peur, prendre garde, craindre, empêcher, etc. Ex.: Craignez qu'on ne lui parle; prends garde qu'il ne sorte, — ou les locutions conjonctives de crainte que, de peur que, etc.: Taisez-vous, de peur qu'on ne vous entende.

2o Après un comparatif d'infériorité ou de supériorité :

Il est plus savant que vous ne pensez; il est moins riche qu'on ne croit.

931. On supprime ne devant le second verbe :

1o Après un verbe accompagné d'une négation. Ex.: Je ne crains pas qu'il vienne.

2o Après défendre: Il défendit qu'aucun étranger

entrât dans la ville.

3o Après les locutions avant que, sans que : J'irai le voir avant qu'il parte; je ne puis parler sans qu'on m'interrompe.

932. Après empêcher, douter, nier, disconvenir, contester, pris négativement, on peut employer ne. Ex.: On ne peut douter que les pôles ne soient couverts de glaces.

Emploi de quelques prépositions.

933. Vis-à-vis (en face) se construit avec de. Ex.: Je me plaçai vis-à-vis de lui.

Dans aucun cas cette locution ne se prend au figuré; il faut dire Ingrat envers son bienfaiteur, et non vis-à-vis de son bienfaiteur.

:

Cependant, dans le style familier, l'usage permet de dire: Vis-à-vis notre maison; vis-à-vis le palais.

934. Au travers est toujours suivi de la préposition de: Il se fit jour au travers des ennemis. A travers n'en est pas suivi : Il marchait à travers les épines.

935. Voici annonce ce qu'on va dire; voilà rappelle ce qu'on vient de dire : Voici ce que je vous apporte une histoire, une grammaire et un atlas. La prudence et la sagesse, voilà ce que Salomon demanda à Dieu. 936. Il ne faut pas confondre la locution prépositive près de avec l'adjectif prêt à. Près de suivi d'un infinitif signifie sur le point de: La lampe est près de s'éteindre. Prêt à signifie disposé à L'ignorance toujours est prête à s'admirer.

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Emploi de quelques conjonctions.

937. La conjonction ni sert à réunir:

1° Deux propositions négatives: Il ne boit ni ne mange;

2o Deux propositions dépendant d'une proposition négative: Je ne crois pas qu'il vienne, ni même qu'il pense à venir.

Ni s'emploie aussi à la place de pas; par exemple : il n'esľ'ni bon ni mauvais.

938. La conjonction que s'emploie souvent:

1o A la place des locutions conjonctives afin que, sans que, depuis que, etc. Venez que je vous le montre. Je ne puis parler qu'il ne m'interrompe.

2o Pour éviter la répétition des conjonctions comme, quand et si: Comme il était tard, et qu'on craignait la chute du jour, on battit en retraite. Quand on est jeune et qu'on se porte bien, on doit travailler.—Si vous le rencontrez et qu'il vous aborde, ne dites rien.

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306. Exercices oraux et écrits. -1° Lire d'une manière expressive le morceau ci-dessous. -2° Relever tous les mots invariables et les diviser en quatre colonnes adverbes, prépositions, conjonctions, interjections. -3° Faire entrer chacun de ces mots dans une courte phrase. 4° Donner les diminutifs de nul, face, fille, pauvre, œil, et les faire entrer dans une courte phrase. 307. Exercice de mémoire. Apprendre et réciter les vers suivants :

Exhortation à la charité

Donnez, riches! l'aumône est sœur de la prière,
Hélas! quand un vieillard sur votre seuil de pierre,
Tout roidi par l'hiver, en vain tombe à genoux;
Quand les petits enfants, les mains de froid rougies,
Ramassent sous vos pieds les miettes des orgies,
La face du Seigneur se détourne de vous.

Donnez, afin que Dieu, qui dote les familles,
Donne à vos fils la force, et la grâce à vos filles;
Afin que votre vigne ait toujours un doux fruit;
Afin qu'un blé plus mûr fasse plier vos granges;
Afin d'être meilleurs; afin de voir les anges
Passer dans vos rêves la nuit!

Donnez ! il vient un jour où la terre nous laisse :
Vos aumônes là-haut vous font une richesse.
Donnez! afin qu'on dise: Il a pitié de nous!
Afin que l'indigent que glacent les tempêtes,
Que le pauvre qui souffre à côté de vos fêtes,
Au seuil de vos palais fixe un œil moins jaloux.
Donnez! pour être aimés du Dieu qui se fit homme,
Pour que le méchant même en s'inclinant vous nomme,
Pour que votre foyer soit calme et fraternel.
Donnez! afin qu'un jour, à votre heure dernière,
Contre tous vos péchés vous ayez la prière

D'un mendiant puissant au ciel!

VICTOR HUGO. (Feuilles d'automne, Hachette, éditeur.)

308. Exercice écrit. Copier ou écrire sous la dictée le morceau suivant en remplaçant chaque tiret par ne, s'il y a lieu.

Le maréchal Davoust

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Le maréchal Davoust, de peur que ses jeunes troupes se laissassent aller au désordre et au pillage, avait défendu que les soldats sortissent du camp sans sa permission; il avait même interdit le maraudage sous peine de mort. Un jour, en se promenant, il aperçoit dans un champ un soldat qui avait une singulière tournure. C'était un dragon qui avait lié autour de sa ceinture un mouton qu'il venait de voler. Le maréchal, furieux que ses ordres fussent ainsi méconnus, se fait amener le coupable, et avant que le soldat puisse s'excuser, lui annonce la peine qui l'attend. Le pauvre mouton, qui bêlait d'une manière lamentable, couvrait de sa voix l'admonestation. Tout à coup le dragon, craignant sans doute que son sort soit aggravé par cet étrange plaidoyer, lui frappe sur la tête: «< Paix! mouton, s'écrie-t-il, laisse parler le maréchal! » Le maréchal rit, pour la première fois peut-être de sa vie, et l'à-propos de l'accusé empècha qu'il fût mis en jugement. J. DUSSOUCHET.

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Rapporter par écrit le récit précédent en le dévelop

310. Exercices d'analyse.

1° Analyser logiquement et de vive voix la première phrase: Le maréchal Davoust,... etc. -2° Analyser grammaticalement et par écrit la seconde phrase: Un jour, en se promenant, etc.

DEUXIÈME PARTIE

SYNTAXE DES PROPOSITIONS

I. Différentes espèces de propositions.

939. La première partie de la syntaxe nous a appris à assembler deux ou plusieurs mots pour en former une proposition simple; la seconde nous apprendra à réunir deux ou plusieurs propositions simples pour en former une proposition composée.

940. Il n'y a que deux manières de réunir les propositions simples pour en former une proposition composée: 1. Ou bien les propositions simples restent indépendantes, et l'on se borne soit à les placer l'une à côté de l'autre (Je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu), soit à les réunir par une conjonction (Mon père est juste et sa bonté est infinie) : on les appelle alors propositions coordonnées.

2o Ou bien l'une des propositions simples dépend de l'autre, lui est soumise, ou, comme on dit, subordonnée, et l'on obtient alors une proposition composée de deux propositions simples, l'une principale, l'autre dépendante : L'homme sait que l'âme est immortelle, est une phrase composée de deux propositions simples (l'homme sait, et l'âme est immortelle); mais la seconde dépend de lá première, qui est dite proposition principale.

941. On compte ordinairement dans une phrase autant de propositions qu'il y a de verbes à un mode personnel. Dans cette phrase: « Quand il arriva, son fils se jeta dans ses bras en pleurant; » il y a deux propositions, parce qu'il y a deux verbes.

942. Mais dans certaines phrases qui ne renferment qu'un verbe au subjonctif (Que Dieu vous assiste!), ou à l'impératif (allez), ou sous forme interrogative (Qui a

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