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SAINT PHILIPPE,

L'UN DES SEPT PREMIERS DIACRES de l'Eglife.

Voyez les Actes des Apôtres, & Tillemont, T. 2.

E nombre des Fideles s'étant confidérablement augmenté par les premiers Difcours de Saint Pierre, les Apôtres choifirent fept hommes remplis de fageffe & de l'efprit de Dieu, fur lefquels ils puffent fe décharger du foin des Pauvres, afin de vaquer uniquement au ministere de la parole. On leur donna le nom de Diacres ou de Miniftres. Saint Philippe occupe la feconde place dans le Catalogue qu'en donne Saint Luc (1). Il étoit né à Čéfarée en Palestine felon Saint Ifidore de Pélufe.

Les fonctions des Diacres ne furent pas reftreintes à ce qui paroît avoir été la caufe primitive de leur inftitution. Ils diftribuoient auffi les divins myfteres aux Fideles, qui y participoient quelquefois après le fouper comme on le voit par la premiere Epitre de Saint Paul aux Corinthiens (2). Mais cette maniere de recevoir l'Euchariftie ne fubfifta pas long-temps. Les Apôtres ordonnerent qu'on ne l'adminiftrât plus qu'aux perfonnes qui étoient à jeun (3).

(r) A&. VI. 5. (2) I Cor. XI.

Tome V

(3) Voyez Saint Auguftin Tertullien, &c!'

L

JUIN 6,

JUIN 6,

Les Diacres furent ordonnés par l'impofition des mains, accompagnée de la priere (4). Saint Paul exigeoit qu'ils euffent les mêmes difpofitions que les Prêtres & les Evêques, & qu'on ne les admît au miniftere qu'après les avoir éprouvés (5). Souvent ils diftribuoient la coupe aux Fideles (6). L'Ecriture & les écrits des difciples des Apôtres, ne permettent pas de douter qu'ils n'euffent été inftitués pour affifter les Prêtres dans la confécration de l'Euchariftie; & il est probable que ce fut en conféquence d'un commandement exprès du Sauveur.

Saint Ignace, dans fa lettre aux Tralliens, appelle les Diacres Miniftres des Myfteres de Jefus-Chrift (7). Il ordonne aux Smyrnéens de les refpecter comme les Miniftres du Seigneur (8). Dans fes autres lettres, il les affocie toujours aux Prêtres & aux Evêques. Saint Cyprien les qualifie de Miniftres de l'Epifcopat & de l'Eglife (9). Nous allons marquer ici leurs fonctions ordinaires ; 1o. Ils fervoient le Prêtre à l'Autel pendant la confécration de l'Euchariftie: c'eft ce que montrent les célebres paroles de Saint Laurent au Pape Sixte, lefquelles font rapportées par Saint Ambroile (10). 2. Ils adminiftroient le Baptême en Fabfence du Prêtre. 3°. Ils annonçoient la parole de Dieu.

(4) A&. VI. 5.
(5) I Tim. III. 8.
(6) Voyez les Conftitu-
tions Apoftoliques, 1. 8. c.
13; Saint Cyprien, 1. de
tapfis; l'Auteur des Questions

fur l'Ancien & le Nouveau Tef tament, C. 101. &c.

2. P.

62.

(7) N.
(8) N. 7. p. 37.
(9) Ep. 65. Ed. Pam.
(10) L. 1. Offic. c. 41s

Saint Philippe excelloit tellement dans la prédication de l'Evangile, qu'il mérita le furnom d'Evangélifte par lequel il eft diftingué dans les Actes des Apôtres (11). Après le martyre de Saint Etienne & la difperfion des difciples du Sauveur, il porta la lumiere de la Foi dans Samarie. Le Peuple de cette contrée écouta fes difcours attentivement. Un grand nombre fe convertirent à la vue des miracles éclatants qu'il opéroit en confirmation de la doctrine qu'il prêchoit. En effet, il gueriffoit les maladies les plus incurables, & chaffoit les Démons des corps des poffédés (12).

C'étoit dans ce temps-là que Simon, furnommé le Magicien, jouoit un rolle dans Samarie. Il étoit né à Gitton, petite Ville du pays. Avant l'arrivée de Saint Philippe, il s'étoit acquis beaucoup de réputation, en féduifant le Peuple par fes preftigės. Tous le fui voient, depuis le plus petit jufqu'au plus grand &difoient: Celui-ci eft la grande vertu de Dieu (13). Le Démon fe fervoit de lui pour oppofer de prétendus prodiges aux miracles de Jefus-Chrift, comme autrefois il s'étoit fervi des Magiciens de Pharaon pour empêcher l'effet des merveilles qu'opéroit Moïfe. Mais Dieu, en permettant que la fidélité de fes ferviteurs foit mife à une pareille épreuve, fournit les moyens de découvrir, & de confondre l'impofture. Il accorda donc à Saint Philippe le pouvoir de faire des miracles fi

JUINGA

(11) A&. XXI. §. Voyez Grotius ibid.

(12) Act. VIII. 8.
(13) A&t. VIII. 10,

JUIN 6.

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éclatants, que le Magicien en fut tout décon certé & comme étourdi. Simon lui - même voyant le Peuple courir au Saint demanda le Baptême, & crut, ou du-moins feignit de croire en Jefus-Chrift. Lorfqu'il eut été baptifé, il s'attacha fpécialement à Philippe, dans l'efpérance qu'il recevroit le pouvoir de faire des miracles femblables à ceux qu'il lui avoit vu opérer.

Les Apôtres ayant appris à Jérusalem ce qui s'étoit paffé à Samarie, y envoyerent Saint Pierre & Saint Jean, pour impofer les mains aux nouveaux convertis, c'eft-à-dire pour leur conférer le Sacrement de Confir mation, qui ne pouvoit être adminiftré que par des Evêques. Dans ces premiers temps du Chriftianifme, la réception du Sacrement de Confirmation étoit ordinairement fuivie de plufieurs dons extérieurs. Ce fut ce qui arriva pour lors aux Samaritains.

Simon voyant les effets merveilleux que produifoit l'impofition des mains faite par les Apôtres, dit à ceux-ci, en leur offrant de l'argent Donnez-moi auffi ce pouvoir, que ceux à qui j'impoferai les mains, reçoivent le Saint Elprit. Mais il lui fut répondu par Saint Pierre Que votre argent périffe avec vous, vous qui avez cru que le don de Dieu pouvoit s'acquerir avec de l'argent. Faites pénitence de cette méchanceté; & priez Dieu, afin que, s'il eft poffible, il vous pardonne cette pensée de votre caur: car je vois que vous êtes rempli d'un fiel très-amer, & que vous êtes engagé dans les liens de l'iniquité (14). Cette mauvaise difpofition

(14) Act, VIII. 19, 20, 22. 23.

empêcha Simon de recevoir les dons du Saint Efprit, ou du-moins la grace fanctifiante. Frap- JUIN 6. pé cependant de la crainte des maux temporels, il dit à Saint Pierre: Priez vous-même le Seigneur pour moi, afin qu'il ne m'arrive rien de ce que vous m'avez dit. Le crime de Simon a fait donner le nom de Simonie au péché que commettent ceux qui vendent ou achetent les chofes fpirituelles pour un bien temporel, péché qui est tout à la fois contraire & à la loi de nature, & à la loi de Dieu.. Il eft ordinairement défigné dans le Droit Canoni-` que fous le nom d'Héréfie de Simon le Magicien. L'Ecriture ne nous apprend plus rien de cet impofteur. On croit cependant que c'eft de lui & de fes difciples qu'il faut entendre ce que difent Saint Paul & Saint Jude (15) & que c'eft contre eux que Saint Jacques prouve la néceffité des bonnes œuvres pour le falut (16). On croit encore qu'ils font ces faux Prophetes que Saint Pierre (17) a peints avec des couleurs fi capables d'infpirer la terreur (a).

(15) 2 Tim. III. 1, 2, 3, fance de communiquer les Jud. 4.

dons du Saint Efprits, qu'il
attribuoit à la magie, mais
à une forte de magie fupé-
rieure.

(16) Jac. II. 14. (17) 2 Petr. II. 1. 2. 3. 13. (a) Le fentiment le plus commun parmi les Peres, Selon Saint Epiphane, eft que la converfion de Si-Har. 21. Saint Irénée, l' . mon fut un acte d'hypocrifie. c. 20. Tertullien, Præfcr. c. Si cet impofteur, difent-ils, 33. Théodoret, Hæret. fabul. affecta de croire en Jefus- I c. 1. 5. 9. & plufieurs auChrist, c'étoit par ambition tres Peres, Simon avança & par des vues purement dans la fuite différentes ertemporelles; c'étoit dans l'ef- reurs. Il prétendoit être le pérance de recevoir la puif-Meffie, & s'appelloit la puif

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