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DES PERES;
DES MARTYRS;

ET DES AUTRES

PRINCIPAUX SAINTS 3

Tirées des Ades originaux, & des Monument
les plus authentiques; avec des Notes
hiftoriques & critiques.

Ouvrage traduit de l'Anglois:

TOME V

m

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A VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE;

Chez PIERRE VEDEILHIE, Libraire-Imprimeur

A PARIS;

Chez BAR BOU, rue des Mathurins

M. D C C. LXVII.
Avec Approbation & Privilege du Roi:

LIBRARY

UNIVERSITY OF CALIFORNIA

DAVIS

3

VIES DES PERES,

DES MARTYRS,

ET DES AUTRES PRINCIPAUX SAINTS:

I. JOUR DE JUIN.

SAINT JUSTIN,

PHILOSOPHE,

ET APOLOGISTE

DE LA RELIGION CHRÉTIENNE
MARTY R.

Tiré de fa Vie, écrite d'après des Ecrits par D. Marand ; de Tatien; d'Eufebe, & des Actes finceres du martyre du Saint, lesquels ont été publiés par D. Ruinart. Voyez fur les Ecrits de Saint Juftin, D. Nourry, Appar. in Bibl. Patr. D. Ceillier, & D: Maréchal, Concordance des Peres, T. i.

L'An 167.

JUSTIN naquit à Neapolis ou Naplouse,

autrefois Capitale de la Province de Samarie. JUIN C'eft cette Ville qui eft appellée Sichem dans P'Écriture. L'Empereur Vefpafien lui donna le nom de Flavie, & honora fes habitants des pri

JUIN 1.

noiffance de Ja vérité.

vileges de bourgeoifie romaine. Tite, fon fils & fon fucceffeur, y envoya une Colonie dé Grecs, dans laquelle fe trouverent l'aïeul & le pere de Justin, l'un & l'autre Païens de Religion.

Notre Saint (a) fut élevé dans les erreurs & les fuperftitions de l'Idolâtrie; mais en même-temps, il eut foin de cultiver fon efprit par l'étude des Belles-Lettres. Nous apprenons de lui-même, qu'il employa fa jeuneffe à lire les Poëtes, les Orateurs, & les Hiftoriens (1). Le cours de cette étude achevé, il s'appliqua à celle de la Philofophie. Son but étoit de fatisfaire l'ardent défir qu'il se sentoit pour la recherche de la vérité. Il s'adreffa d'abord à un Son zele Maître Stoïcien, avec lequel il refta quelque pour la con- temps. Le peu de lumieres qu'il en tira concernant la Divinité, lui fit prendre la résolution de fe mettre fous la conduite d'un Péripatéticien, homme d'une grande fubtilité d'efprit. Ce nouveau Maître lui ayant demandé dès le fecond jour, de quel falaire fes peines feroient récompenfées, il jugea qu'une ame auffi baffe ne pouvoit être celle d'un Philofophe. Il abandonna donc cette école, pour aller fe présenter à un Pythagoricien qui avoit beaucoup de réputation, & qui fe piquoit extrêmement de fageffe. Mais comme celui-ci ne vouloit admettre aucun difciple, qu'il n'eût préalablement appris la Mufique, la Géométrie & l'Astrono

(a) Saint Epiphane, Heref. 46, donne à Saint Juftin la dénomination de Samaritain. Ceci veut dire feulement qu'il étoit Samaritain de naiffance; il ne l'étoit certainement point

de principes, puifqu'il fe
donne lui-même pour un
Gentil & un Incirconcis. Dial.
n. 28. Apol. 1. n. 53.
( 1 ) Dial. in initio.

mie, Juftin, impatient de fe livrer à une étude plus effentielle, fréquenta l'école d'un Acadé- JUIN 1. micien, où il fit de rapides progrès dans la Philofophie Platonicienne. Déja même il fe flattoit d'arriver bientôt à la vue de Dieu, dont les Philofophes de la Secte qu'il fuivoit, fembloient faire le principal objet de leur application.

Un jour qu'il fe promenoit du côté de la mer, pour être moins diftrait & plus recueilli, il apperçut, en fe retournant, un Vieillard qui le fuivoit de fort près. Il fut frapé de fon port majestueux, ainfi qué d'un certain mêlange de douceur & de gravité qui paroiffoit dans fa perfonne. Tandis qu'il le confidéroir attentivement, celui-ci lui demanda s'il le connoiffoit.» Non, répondit Juftin. Pourquoi » donc, reprit le Vieillard, me regardez-vous » fi fixement? C'est, répliqua Juftin, que je » fuis furpris de rencontrer un homme dans un » lieu fi écarté & fi folitaire. J'y fuis venu, dit » le Vieillard, par attachement pour quelques> uns de mes amis. Ils font en voyage; & je » fuis ici à les attendre (b)».

La conversation s'étant engagée on parla de l'excellence de la Philofophie. Juftin prétendoit que celle de Platon en particulier étoit la feule qui conduisît au bonheur, à la connoiffance & à la vue de Dieu. Mais le Vieillard

(b) Selon quelques Au-nent un vif intérêt au falut teurs, ce Vieillard -étoit un des hommes. Tillemont & Chrétien zélé. Le P. Halloix D. Marand, regardent cette penfe que c'étoit un Ange; conjecture comme probable, & cela, fondé fur ce que les & l'appuient de plufieurs Efprits Bienheureux pren- raifons,

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