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De ces astres qui me couronnent La nature me fit le roi; Pour moi seul le soleil se lève, Pour moi seul le soleil achève Son cercle éclatant dans les airs; Et je vois, souverain tranquille, Sur son poids la terre immobile Au centre de cet univers. 1 Fier mortel, bannis ces fantômes, Sur toi-même jette'un coup-d'ail. Que sommes-nous, faibles atomes , Pour porter si loin notre orgueil ? Insensés ! nous parlons en maitres, Nous qui dans l'océan des êtres Nageons tristement confondus; Nous , dont l'existence légère , . Pareille à l'ombre passagere, Commence, paraît et n'est plus. Mais quelles routes immortelles Uranie entr'ouvre à mes yeux! Déesse, est-ce toi qui m'appelles Aux voûtes brillantes des cieux ? Je te sais. Mon âme agrandie, . S'élancant d'une aile hardie, De la terre a quitté les bords : De ton flambeau la clarté pure. Me guide au temple où la nature Cache ses augustes trésors. Grand Dieu ! Quel sublime spectacle Confond mes sens, glace ma voix!. Où suis-je ? quel nouveau miracle De l'Olympe à changé les lois ? Āu loin, dans l'étendue immense, Je contemple seul en silence La marche du grand univers ; Et dans l'enceinte qu'il embrasse, Mon oil surpris voit sur sa trace Retourner les orbes divers. 3 . Portés du couchant à l'aurore Par un mouvement éternel, ** Sur leur axe ils tournent encore Dans les vastes plaines du ciel. Quelle intelligence secrète Règlé en son cours chaque planète Par d'imperceptibles ressorts ?...
1 Système de Ptolomée, 2 Système de Copernic.
Le soleil est-il le génie Qui fait avec tant d'harmonie Circuler les célestes corps ? Au milieu du vaste fluide · Que la main du Dieu créateur Versa dans l'abime du vide, Cet astre unique est leur moteur.
Sur lui-même agité sans cesse , * Il emporte , il balance, il presse
L'éther et les orbes errans; Sans cesse une force contraire, * De cette ondoyante matière Vers lui repousse les torrens. . Ainsi se forment les orbites Que tracent ces globes connus : Ainsi dans des bornes prescrites Volent et Mercure et Vénus. La terre suit ; Mars moins rapide, D'un air sombre s'avance et guide Les pas tardifs de Jupiter ; Et son père, le vieux Saturne, Roule à peine son char nocturne Sur les bords glacés de l'éther. Oui, notre sphère , épaisse masse, Demande au Soleil ses présens. A travers la dure surface Il darde ses feux bienfaisans. Le jour voit les heures légères Présenter les deux hémisphères Tour-à-tour à ses doux rayons; Et sur les signes inclinée, La terre promenant l'année Produit des fleurs et des moissons. Je te salue, âme du monde, Sacré Soleil, astre de feu, De tous les biens source féconde, Soleil, image de mon Dieu ! Aux globes qui, dans leur carrière, Rendent hommage à la lumière, Annonce Dieu par ta splendeur : Règne à jamais sur ses ouvrages, the Triomphe, eutretiens tous les âges De son éternelle grandeur.
* Allusion.. ie * Du ciel auguste sonyeraine, ne C'est toi que je peins sous ces traits
Le tourbillon qui nous entraîne, Vierge, ne t'ébranla jamais. Enveloppés de vapeurs sombres Toujours errans parmi les ombres, Du jour nous cherchons la clarté. Ton front seul, aurore nouvelle, Ton frout sans nuage étincelle Des feux de la divinité. .
Cette ode didactique est d'une grande beauté. On sent combien il était difficile à la poésie de se prêter avec autant d'aisance et de naturel à un sujet purement scientifique, et dans lequel l'imagination ne pouvait qu'embellir avec sagesse la sévérité des préceptes et se laisser à peine apercevoir, tout en apimant l'auteur et l'ouvrage. La noble simplicité du style, la justesse et la grandeur des pensées, la clarté des définitions, placent cette ode parmi celles que l'on offre pour modele.
GILBERT. Nicolas-Joseph-Laurent Gilbert était né avec une santé délicate, une imagination ardente et une âme faible. Sa satire intitulée le Dix-Huitième siècle, dans laquelle il attaquait injustement des gens de lettres estimables, eut un grand succès et lui attira une foule d'ennemis. Il ne se vit pas plus tôt en butte à un parti puissant, qu'il se livra à des craintes sans cesse renaissantes. Sa raison s'aliéna par degré. Il mourut'en 1780, à l'Hôtel-Dieu, ayant, dans un des accès de sa déplorable maladie mentale, avalé la clef de sa cassette. Gilbert n'avait encore que 2g ans; déjà ses beaux vers, pleins de verve, de chaleur et d'images, l'avaient placé parmi les meilleurs écrivains. La mélancolie de son caractère, ses malheurs, irritèrent son imagination et portè
rent son goût vers la satire. L'abbé le Batteux, dont les principes sont admirables en littérature comme en morale, a dit en parlant des satires : Ce genre d'ouvrage a un caractère condamnable ; on ne saurait étre trop sur ses gardes, en lisant des satires, pour se préserver de la contagion de la méchanceté.
Quand la satire attaque en général les vices ou les ridicules des hommes, elle a son utilité; dès
qu'elle attaque l'homme lui-même, l'expose à la · honte et au mépris, elle fait haïr l'écrivain. Nous ne · citerons donc point les vers où l'infortuné Gilbert,
entraîné par le noir chagrin qui détruisit sa raison et sa vie, jette avec autant de force que d'adresse le ridicule sur des auteurs dont l'admiration a con- sacré la mémoire; mais pour faire connaître son ta- lent, nous choisirons ce passage dans lequel sa cri- . tique est plus générale, quoique quelques-uns de ses traits soient dirigés contre Voltaire : il est tiré de la satire intitulée le Dix-Huitième Siècle, adressée à Fréron :
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Voilà donc, cher ami, cet âge si vanté, Ce siècle heureux des mæurs et de l'humanité! A peine des vertus l'apparence nous reste. Mais détournons les yeux d'un tableau si funeste, Éclairés par le goût , envisageons les arts : Quel désordre nouveau se montre à mes regards ! De nos pères fameux les ombres insultées, Comme un joug importun , les règles rejetées, Ces genres opposés bizarrement unis, La nature , le vrai, de nos livres bannis, Un desir forcené d'inventer et d'instruire, D'ignorans écrivains , jamais las de produire, Des brigues, des partis l'un à l'autre odieux, Le Parnasse idolâtre adorant de faux dieux; Tout me dit que des arts la splendeur est ternie. Fille de la peinture et seur de l'harmonie, Jadis la poésie, én ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme , un corps ,
· Egayait la raison de riantes images, Cachait de la vertu les préceptes sauvages, Sous le voile enchanteur d'aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l'âme s'imprime Sans appauvrir l'idée, enrichissait la rime, S'ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cours," Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs. Maudit soit à jamais le pointilleur sophiste , Qui le premier nous dit en prose d'algébriste : Vains rimeurs, écoutez mes ordres absolus; Pour plaire à ma raison, pensez, ne peignez plus. Dès-lors la poésie a vu sa décadence, Infidèle à la rime, au sens, à la cadence, Le compas à la main, elle va dissertant : Apollon sans pinceaux n'est plus qu'un lourd pédant. C'était peu que, changée en bizarre furie, Melpomène étalât sur la scène flétrie Des Romains fort touchans; car à peine l'auteur Pour emporter les morts laisse vivre un acteur; Que , soigneux d'invoquer des revenans affables, Prodigue de combat, de marches admirables , Tout poète moderne avec pompe assommant, · Fit d'une tragédie un opéra charmant; La Muse de Sophocle, en robe doctorale, Sur des trétaux sanglans professe la morale ; Là, souvent un Sauvage, orateur apprêté, Aussi bien qu'Arouet parle d'humanité : Là, des Turcs amoureux, débitant des maximes, * Débitent galamment Sénèque mis en rimes : Alzire au désespoir, mais pleine de raison, En invoquant la mort, commente le Phédon : Pour expirer en forme, un roi, par bienséance, Doit exhaler son âme avec une sentence; .. Et chaque personnage au théâtre produit, Héros toujours soufflé par l'auteur qui le suit, Fût-il Scythe ou Chinois, dans un traité sans titre- Par signe interrogé, vous répond par chapitre. Thalie a de sa seur partagé les revers, etc.
Ce morceau donne l'idée du talent de l'auteur ; on admire la force, la justesse de l'expression, la pureté et l'harmonie du style, le tact, le bon goût, la finesse des critiques. . ,
Gilbert a imité en vers admirables les chants septième et huitième de la Mort d'Abel de Gesner, poète Suisse que les nombreuses traductions ont
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