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breuse église beaucoup de chrétiens qui n'en ont que le nom, et qui la déshonorent, vous y trouverez pour votre consolation des ames recueillies, simples, mortes à elles-mêmes, qui sont détachées, non seulement des vices grossiers, mais encore des plus subtiles imperfections, qui vivent de foi et d'oraison, dont toute la conversation est déjà au ciel, qui usent du monde comme n'en usant point, et qui sont jalouses contre leur amour-propre, pour donner tout à l'amour de Dieu. Si vous ne voulez pas me croire, essayez-le avec confiance en Dieu. Venez, goùtez et voyez combien le Seigneur est doux!

8° J'avoue que vous avez un très rigoureux sacrifice à faire; mais écoutez Jésus-Christ: Celui, dit-il, qui aime son père et sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. Voudriez-vous vous rendre indigne de Jésus-Christ pour_contenter votre famille ? Voudriezvous faire comme ce jeune homme qui, après avoir cru en Jésus-Christ et avoir été aimé de lui, l'abandonna, triste et découragé, parceque Jésus-Christ lui proposa de renoncer à ses richesses? La chair et le sang ne révèlent point ce sacrifice; il n'y a que la grace qui puisse l'inspirer. Écoutez encore la vérité même : Celui qui hait son ame, c'est-à-dire sa vie, pour ce monde, la sauve pour l'éternité. Voudriez-vous préférer une vie si courte, si fragile, si épineuse, au royaume de Dieu qui est déjà si proche de vous? Les martyrs ont souffert la mort pour la vérité; refuserezvous de souffrir pour elle les douces croix d'une vie frugale et retirée ? Les tourments des martyrs n'étoientils pas plus terribles que les peines qui sont attachées à la vertu et que l'espérance du ciel adoucit? Après

tout, que sacrifierez-vous à Dieu? Les délicatesses d'une vie molle, les vanités mondaines, les ragoûts de l'amour-propre, qui se tournent en peines et en remords. Abandonnez-vous sans ressource à Dieu, et il '. ne vous abandonnera jamais. Cherchez par préférence son royaume, et les secours temporels vous viendront comme par surcroît. Souvenez-vous qu'un pain descendu du ciel a nourri pendant quarante ans au désert le peuple de Dieu. Les oiseaux du ciel ne sèment ni ne moissonnent; Dieu en a soin. Vous oubliera-t-il? Quand même, dit Dieu, une mère oublieroit son fils unique, le fruit de ses entrailles, pour moi je ne vous oublierai jamais. Vous avez des parents et des amis qui vous procureront un asile; vous avez assez de courage pour vous contenter de peu; vous n'aurez que la gloire à craindre dans un si courageux sacrifice. Enfin souvenez-vous que nous avons été enrichis, comme dit l'apôtre, de la pauvreté de Jésus-Christ. Oserai-je ajouter que, s'il m'étoit permis, je donnerois ́tout ce que j'ai, et qui n'est pas plus à moi qu'à vous pour assurer en vous l'ouvrage de celui à qui tout appartient?

Je suis, M., avec un zèle et un respect à toute épreuve,

Votre, etc.

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PROFESSION DE FOI

SIGNÉE PAR M***.

A qui les cinq lettres précédentes avoient été

adressées.

I. Je déclare qu'après avoir prié, lu et examiné, je

me suis déterminé à vivre et à mourir dans le sein de l'église catholique, apostolique et romaine, où nous avons toujours cru que nos ancêtres faisoient leur salut avant la séparation qui a été faite sous le nom de réforme. C'est une église visible qui comprend, outre les élus qui sont inconnus ici-bas, tous ceux qui font profession du christianisme dans cette société. Elle est l'église de tous les temps, depuis les apôtres jusqu'à nous : c'est elle qui nous a conservé le sacré dépôt des écritures et le baptême : c'est elle qui a sa succession non interrompue des pasteurs depuis Jésus-Christ jusqu'à notre temps; c'est elle qui est répandue dans toutes les nations connues de la terre. J'embrasse toute sa doctrine, et je m'attache à son culte.

II. Je crois que cette église est l'unique épouse du fils de Dieu. Autant que l'évangile m'apprend à me défier de moi-même, à être humble, docile, soumis aux pasteurs, parceque celui qui les écoute, écoute Jésus-Christ même, autant suis-je assuré par les promesses que cette église ne se trompera jamais. Quiconque refuse de l'écouter et de la croire doit être

T. III.

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regardé comme un païen et comme un publicain. Elle est fondée sur la pierre, et les portes de l'enfer, qui sont les conseils de l'erreur, ne prévaudront jamais contre elle. Jésus-Christ sera avec le corps visible de ses pasteurs, enseignant la doctrine qu'ils enseignent, et baptisant, c'est-à-dire administrant les sacrements qu'ils administrent tous les jours sans aucune interruption jusqu'à la consommation du siècle. Voilà ce qui me persuade que cette église, qui est la seule qu'on trouve dans tous les siècles, a conservé, malgré les portes de l'enfer, une doctrine saine et un culte pur, puisque Jésus-Christ ne cessera jamais un seul jour d'enseigner et de baptiser avec elle.

que,

III. De là je conclus que cette église n'a jamais pu tomber en ruine et en désolation par l'idolâtrie, puissi cette ruine étoit arrivée, les promesses de la vérité même se trouveroient fausses, les portes de l'enfer auroient prévalu, et Jésus-Christ n'auroit point continué d'enseigner et de baptiser avec une église idolâtre.

IV. Je crois qu'il ne peut arriver aucun cas où il soit permis de se séparer de cette église. La preuve en est claire comme le jour, dès qu'on a compris l'étendue des promesses. Jésus-Christ ne veut avoir qu'une seule épouse toujours fidèle et toujours indivisible. De quel droit ferions-nous plusieurs églises, nous qui avons qu'il n'en a voulu qu'une seule, et qu'il a demandé à son père qu'elle fût une et consommée en unité comme il l'est avec son père même? N'est-ce pas une témérité sacrilège que d'entreprendre de diviser l'épouse que l'époux a voulu rendre indivisible? Peut-on, pour justifier la séparation, accuser cette église d'idolâtrie, elle

dont il est dit par le Saint-Esprit même que les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle; que Jé→ sus-Christ sera tous les jours, sans aucune interruption, enseignant et baptisant avec elle jusqu'à la consommation du siècle; que quiconque ne l'écoutera point avec docilité doit être regardé comme un païen et comme un publicain, c'est-à-dire comme un impie et comme un idolâtre, et comme un homme indigne de la société des enfants de Dieu; que cette église est la colonne et l'appui de la vérité; qu'enfin elle n'a ni ride ni tache? Une église superstitieuse et idolâtre pourroit-elle être sans ride et sans tache aux yeux de son époux? Il est donc vrai, par les promesses, que l'église ne peut jamais tomber ni dans l'idolâtrie ni dans l'erreur contre la foi ; et par conséquent il ne pcut jamais arriver aucune cause légitime de nous séparer d'elle.

V. Je crois qu'il n'appartient point à chaque particulier d'expliquer le texte sacré de l'écriture, selon son propre sens, indépendamment de l'église. Comme c'est elle à qui Dieu a confié ce texte pour nous le distribuer selon nos dispositions, c'est aussi à elle à nous en apprendre le vrai sens. La même autorité qui nous assure que ces livres sont divins nous assure aussi de l'inter prétation qu'on doit leur donner; autrement chacun feroit dire à l'écriture tout ce qu'il s'imagineroit y trouver par ses préventions ; et les hommes, avec un seul livre divin, feroient autant de religions qu'ils inventeroient de vaines subtilités pour l'expliquer. Tel est le malheureux fruit de la réforme prétendue. Je ne sais combien de sectes trouvent les doctrines les plus opposées dans les mêmes passages. La vraie religion ne peut

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