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cipitamment et sans refléchir assez : dès qu'elle s'était intéressée à quelqu'un, sa main s'ouvrait, La jeune Marie-Louise ne dépensait pas, au contraire, la pension qui lui était faite. C'étaient deux organisations bien différentes. En prenant cette petite fille de Marie-Thérèse, l'empereur n'avait pas cédé à une préférence personnelle, mais à une conséquence de sa position de chef de la France. Du reste, il aima vite la jeune archiduchesse.-Les soins dont elle l'entourait, son esprit tranquille et pur lui firent connaître quelque tems les douceurs de la vie domestique. Il ignorait ces plaisirs, car il n'avait jamais pu quitter le tourbillon des vastes affaires. José phine avait aimé faire remarquer son érédit sur cet esprit sévère, mais juste, et à ce sujet son zèle avait eu ses erreurs. →→→ Marie-Louise fuyait par goût cette sphère périlleuse pour un caractère de femme, et ne songeait qu'à plaire et à obéir à l'époux qu'elle tenait de sa famille. → Ces deux femmes étaient dignes d'ètre aimées, mais diversement, et la seconde ne devenait l'égale de l'autre dans l'intimité

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qu'à cause de son inaltérable douceur et parce qu'elle possédait le sentiment exquis de ses devoirs. Ces deux femmes étaient très-attachées à Napoléon.-De 1810 à 1814, Marie-Louise a vivement aimé son époux, mais les affections n'étaient pas également profondes chez ces deux personnes. Par exemple, Joséphine mourut de douleur au milieu des événemens de 1814, tandis que la jeune impératrice fut aisément distraite, et quitta la France dés que son père le voulut. Depuis ce moment elle n'a pas donné signe de souvenir à son époux, malgré tout ce que l'on fit auprès d'elle pour l'engager à lui écrire ; elle ne voulut même pas recevoir la lettre qu'il avait remise pour elle au noble comte de Las-Cases, lorsqu'il partit pour le continent. Marie-Louise, duchesse de Parme, s'est remariée, dit-on, secrètement avec le comte et général de Neiperg. Cet officier, mort assez âgé, il y a environ un an, avait été chargé, en 1814, par l'empereur François, de reconduire à Vienne l'impératrice des Français ; il lui avait été donné comme conseiller. Marie-Louise eut plusieurs enfans. M. de Neiperg était

l'on ai

a

borgne; c'était un homme froid, de peu
d'esprit. Malgré cela, l'épouse de Napo-
léon lui sacrifia sa gloire. - En lisant ces
détails, on soufre pour celle que
merait encore à vénérer aujourd'hui,
cause du nom qu'elle porte; aussi la
sée revient-elle mélancoliquement vers
Joséphine. Dans les premiers jours de
la restauration, quand une poignée de
misérables accusait avec rage son glorieux
époux, elle s'écriait avec douleur :

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« Ils >> le connaissent bien mal! - Le comte d'Artois était alors à Paris; il soldait ces outrages; en même-tems il livrait à l'étranger nos frontières, nos places fortes et notre marine.-Ce qui a du donner lieu à cette courte digression, est la nécessité de placer à côté du tableau des qualités de la jeune impératrice, l'ombre que sa conduite postérieure a jeté sur elles. Napoléon aimait l'étiquette et en a ressuscité les règles les plus oubliées. C'était une faiblesse, et elle lui a fait faire des fautes graves; il eut long-tems ce faible d'aller chercher le respect qu'il inspirait si naturellement dans une forme que le tems avait usée.

On a dit que Marie-Louise avait exprimé sa surprise, dans le commencement de son séjour à Paris, de voir l'empereur se dispenser de porter des armes, ou de se faire suivre par des gardes et marcher partout avec la liberté d'un particulier.

Cen n'était pas pourtant une chose nouvelle pour une princesse de cette maison d'Autriche, citée en Europe pour la simplicité de ses mœurs. A Vienne, on voit tous les jours les archiducs et l'empereur François se mêler familièrement au peuple. Dans les promenades, en été, ce souverain conduit lui-même sa calèche, et prend la file des voitures. Cette jeune descendante des Césars devait trouver bien plus de luxe, à Paris, au milieu de la cour impériale qu'il n'y en avait à Vienne. Mais le bruit, les longues et fréquentes fètes ne la charmaient pas long-tems; il lui fallait la paix, une vie douce, toute allemande.

A cette époque, l'empereur avait plus de quarante-un ans; toute sa première énergie lui restait; cependant sa constitu tion avait changé, il prenait de l'embonpoint; pourtant vous ne le trouviez pas moins ardent, moins actif, moins prêt à

diriger d'immenses travaux et à conduire des armées..

Dans ses jeunes années son tempérament, bien qu'excellent, était sec, il était pâle, maigre, et avait le teint olivâtre ; sa figure était longue et ses yeux couverts; cependant l'ensemble de sa physionomie avait le caractère le plus frappant. On y trouvait des signes de force, d'audace, de réflexion, A la guerre, Napoléon ne craignait point la fatigue; il bravait les plus mauvais tems, couchait sous une tente déchirée.

Dans son palais, il se baignait presque tous les jours, se faisait frotter le corps avec de l'eau de Cologne, et changeait de linge plusieurs fois dans la journée. Son costume de prédilection était le frac vert des chasseurs à cheval de la garde. Dans ses voyages, tout logement lui semblait bon, pourvu que le moindre jour ne pût pénétrer dans la pièce où il couchait; il n'y supportait même pas une veilleuse. Sa table était chargée de mets délicats des plus recherchés, mais il n'y touchait jamais; une poitrine de mouton

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