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DE FRANCE.

Abalore EMPIRE FRANÇAIS.

A ESSLING, nos trophées furent nombreux, des prisonniers, des drapeaux tombèrent en notre pouvoir.

La perte, de notre côté, fat considérable Nous eûmes onze cents tués et trois mille blessés. Le duc de Montebello avait eu les cuisses emportées par un boulet, le 22, sur les six heures du soir. L'amputation fut faite; sa vie parut être un moment hors de danger. Porté sur un braucard auprès de l'empereur, ses adieux furent touchans.--Malgré la nécessité d'être présent à tout, de tout faire, l'empereur se livra à sa douleur. - Lannes était un ami intime, un compagnon de sa première gloire. Des larmes mouillaient les yeux

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de Napoléon, et il disait à ses officiers aux camarades du maréchal Il fallait qué, dans cette journée, mon cœur fût frappé par un coup aussi profond, pour » que je pusse m'abandonner à d'autres » soins qu'à ceux de mon armée. » Le duc de Montebello avait perdu connaissance; il retrouva ses esprits, quelques momens après l'arrivée de l'empereur, et se jeta à son cou, en lui disant : « Dans une heure vous aurez perdu celui qui meurt avec la gloire et la conviction d'avoir été et d'être votre meilleur ami. Cette scène fut déchirante. L'agonie survint, et le duc de Montebello, qui avait saisi les vêtemens de l'empereur, ne voulait pas se séparer de son ami. - Quelques momens après, son âme héroïque sortit de son corps brisé.On a dit qu'en partant de Paris pour faire cette campagne, il s'était éérié gel

Eh bien le oui, encore une campagne contre le cabinet anglais, et pour affermir les résultats matériels de la révolution, régalité civile, la vente des biens nationaux ! *** C'étaient là, en effet, les bases de la société nouvelle.La division des propriétés et le bien-être devaient suivre ces premiers

et grands résultats (1). (Plus loin nous donnerons quelques autres détails.)

-Lorsque le 23, au matin, on fit cannat tre à l'armée que l'empereur avait ordonné qu'elle repassât dans la grande ile, l'étonnement des soldats fut très-grand. Vainqueursdans les deux journées, ils croyaient que le reste de l'armée allait les rejoindre; et quand on leur dit que les grandes eaux avaient rompu les ponts et rendu impossible le renouvellement des munitions et des vivres, et que tout mouvement en avant scraitinsensé, ils eurent peine à le croire.

Tous les renseignemens que l'on recevait sur l'armée autrichienne portaient qu'elle était considérable (2), qu'elle avait été recrutée par de nombreuses réserves, par les levées de Moravie et de Hongrie, par tous les landwhers des provinces ; qu'elle avait remonté sa cavalerie par des réquisitions dans tous les cercles, et triplé

(1) Les campagnes du continent n'étaient que des épisodes de la lutte entre l'Angleterre et la France. Revoyez la célèbre note du 19 janvier 1805. Les étrangers voulaient le renversement des institutions de la révolution.

(2) Trois cent soixante-quinze mille hommes.

ses attelages d'artillerie en faisant d'immenses levées de charrettes et de chevaux en Moravie, en Bohême et en Hongrie. Les généraux autrichiens avaient établi des ouvrages de campagne, dont la droite était appuyée à Gros-Aspern et la gauche à Enzersdorf. Les villages d'Aspern, d'Esling et d'Enzersdorf, et les intervalles qui les séparaient, étaient couverts de redoutes palissadées, fraisées et armées de plus de cent cinquante pièces de canon de position, tirées des places de la Bohême et de la Moravie. On ne concevait pas comment il était possible qu'avec sa haute expérience de la guerre, l'empereur voulût attaquer des ouvrages si puissamment défendus, soutenus par une armée qu'on évaluait si haut, tant en troupes de ligne qu'en milices et insurgés, et appuyés par une artillerie de huit ou neuf cents pièces de campagne.

L'empereur était tranquille malgré ces objections. Il faisait élever ouvrages sur ouvrages dans l'île de Lobau, et établir sur le même point plusieurs ponts sur pilotis et plusieurs rangs d'estacades.

Cette situation de l'armée française, placée entre deux grandes difficultés, n'a

vait point échappé à l'ennemi. Il convenait que son armée, trop nombreuse et pas assez maniable, s'exposerait à une perte certaine si elle prepaît l'offensive; mais en même tems il pensait qu'il était impossible que l'empereur pût le déposter de la position centrale où il couvrait la Bohême, la Moravie et une partie de la Hongrie. Il est vrai que cette position ne couvrait pas Vienne, et que les Français étaient en possession de cette capitale; mais cette possession était, jusqu'à une certain point, disputée, puisque les Autrichiens étaient restés, maîtres d'une rive du Danube, et empêchaient les arrivages. Voilà l'état respectif des positions, et ensuite comment les deux armées se rencontrèrent dans les dispositions qui préludèrent à la bataille de Wagram, laquelle sera décisive.net)

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Le 1er juillet, à quatre heures du matin, l'empereur porta son quartier-général à l'île Lobau, qui était déjà nommée par les ingénieurs île Napoléon: une petite île reçut le nom du duc de Montebello : elle battait Enzersdorf, et avait été armée de dix mortiers et de vingt pièces de dix-huit. Une autre île, nommée l'ile Espagne, avait

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