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clamations provenant de la guerre; l'élévation des droits sur le thé vert à 20 cents par livre; sur le café, à 5 c. par livre; sur le sucre brun, à 2 c. 1/2 par livre; sur le sucre terré, à 3 c.; maintien du tarif actuel dans toutes ses autres parties;-une nouvelle répartition de l'impôt foncier, de manière à ce que les 20 millions qu'il doit fournir soient demandés en entier aux États du Nord où la perception est possible;-l'établissement d'une taxe sur les alambics et les liqueurs distillées, sur le tabac, sur les billets de banque, sur les voitures, sur les legs testamentaires, sur les titres de dettes commerciales, sur les contrats de vente et autres objets semblables.

On le voit l'Amérique du Nord qui se glorifiait, et à juste titre, de ne point connaître nos impôts, est dans la meilleure voie pour les adopter tous à la fois si la guerre se prolonge. Il est vrai que le gouvernement ne veut pas y croire. M. Chase estime, lui aussi, que la guerre sera terminée dans le cours de l'exercice actuel et que le budget du prochain exercice (1862-63) pourra rentrer dans les limites et les conditions toutes normales. Toutefois, afin d'être prêt à toute éventualité, M. le secrétaire d'État pour les finances vient de soumettre au congrès de Washington son budget de 1862-63, tel qu'il serait dans le cas d'une continuation de la guerre civile. En voici les chiffres bien formidables :

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Intérêt de la dette à contracter après le 1er juillet 1862. 10,000,000

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Ce qui laisserait un déficit de 380 millions à combler au moyen de ressources extraordinaires. Il convient toutefois d'ajouter que dans le revenu, évalué à 95.8 millions, entrerait déjà pour 30 millions de dollars le rendement du nouvel impôt de revenu, s'ajoutant aux 20 millions de l'impôt foncier, également de création récente. De telle sorte, les impôts de guerre auraient à fournir plus de la moitié (50 millions) à ce revenu dit ordinaire de 95.8 millions qui couvrirait la cinquième partie à peine des besoins. Il va de soi que la guerre avec l'Angleterre, aujourd'hui heureusement écartée, n'était point comprise dans ce devis des dépenses. Pour mesurer le chemin que l'Amérique du Nord, sous l'impulsion de la guerre civile, a parcouru à cet égard, il suffira de se rappeler que le budget militaire, qui figure pour 360 millions dans le projet qui précède, n'avait encore demandé en 1860-61 que la modeste allocation de 200,000 dollars « pour équipement et armement de la milice nationale. Jusqu'à présent, cet entraînement de l'Amérique du Nord vers les gros budgets européens est, au point de vue financier, le résultat le plus palpable que nous ait laissé l'année 1861.

Si elle a ainsi gâté la situation financière là où jadis elle était des plus florissantes, l'année 1861 ne l'a point améliorée en Autriche assurément, 'où

déjà elle avait été des plus obérées. L'exposé présenté par M. de Plener, dans les derniers jours de décembre, au Reichsrath de Vienne, a causé de cruelles déceptions aux moins exigeants. Le ministre des finances avait, il y a un an, prédit un déficit de 40 millions de florins pour l'exercice 1861; il avoue aujourd'hui que ce déficit s'est élevé au triple presque. Il est vrai que les recettes des pays hongrois (grâce aux systématiques refus d'impôt dont les << exécutions>> militaires, organisées seulement dans la seconde moitié de l'année, n'ont pu entièrement paralyser l'effet sur les rentrées) n'ont donné que 55,810,000 florins, au lieu de 67,470,000 florins, sur lesquels on avait compté; ce manque a cependant été pour une petite partie compensé par l'accroissement des recettes dans l'autre partie de l'empire. La diminution totale, comparativement aux évaluations, n'a été que de dix millions de florins. Si le déficit se monte néanmoins à 109.5 millions de florins, la cause en est dans l'immensité des dépenses que l'état militaire continue de causer à l'Autriche. Dans le budget primitif, il avait figuré avec une allocation de cent millions de florins; les dépenses effectives ont été de 150 millions de florins, soit au delà de 50 p. 100 de toutes les ressources ordinaires. De même et par des raisons analogues, la marine, qui ne devait coûter que 7 1/2 millions de florins, en a absorbé deux fois autant. Voici de quelle manière le déficit de 105.5 millions (une somme de 4 millions, complétant les 109 1/2 millions ci-dessus, a été prise sur les disponibilités en caisse) a été couvert :

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Si l'on se rappelle quelle a été l'immensité relative de la dette avant le 20 octobre 1860, où l'Autriche a plus ou moins rompu avec le régime franchement absolutiste, on reconnaîtra que la première année du régime quasiconstitutionnel n'a fait que lourdement aggraver encore la situation financière. Il ne paraît pas que l'exercice 1862 soit appelé à l'alléger. Le projet de budget de M. de Plener prévoit même pour 1862 un déficit plus fort encore que n'a été celui de l'exercice précédent. Les recettes sont évaluées à 296,699,800 florins, dont :

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soit ensemble à 354,586,000 fl. Le déficit serait donc de 58 millions environ. Mais les chiffres qui précèdent n'embrassent que les dépenses ordinaires. M. de Plener confesse qu'en face des inquiétudes que donne la situation intérieure et extérieure de l'empire, il faut, dès aujourd'hui, ajouter un crédit extraordinaire de 52 1/2 millions pour armée et marine. Le déficit prévu, dans le cas où l'année 1862 s'écoule pour l'Autriche sans commotion ni intérieure ni extérieure, s'élèvera donc tout au delà de 110 millions de florins. Quel sera, même dans cette supposition optimiste, le déficit effectif de l'exercice 1862? A quelle hauteur s'élèverait-il, ou plutôt quelle serait la profondeur de l'abîme où s'enfoncerait le trésor autrichien, si l'année 1862 allait accomplir une partie seulement des menaces qu'elle tient suspendue sur la tête de l'Autriche; si, par exemple, une révolution en Hongrie ou une guerre en Italie allait exiger d'énormes sacrifices extraordinaires? On n'ose le calculer.

Sans être, bien s'en faut, aussi obérée que celle de l'Autriche, la situation financière du nouveau royaume d'Italie donne à réfléchir. Le rapport présenté à la fin de décembre au parlement de Turin par M. Bastogi établit pour 1861 les

Recettes ordinaires à . . 457,500,000 fr. Dépenses ordinaires à . . 613,500,000 fr. - extraordinaires. 8,000,000 extraordinaires 247,000,000

Ensemble.. 465,500,000

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Ensemble. 960,500,000

ce qui laisse un déficit de 495 millions de francs. M. Bastogi compte sur un déficit moindre pour 1862. Il en évalue les recettes ordinaires à 482 millions, et les revenus extraordinaires à 39 millions, ce qui mettrait à la disposition du trésor une somme de 521 millions. Celui-ci aurait, par contre, à pourvoir à une dépense ordinaire de 693 millions et à une dépense extraordinaire de 149 millions, ensemble 842 millions; il se trouverait donc devant une insuffisance de ressources de 321 millions. Les déficits réunis des deux premiers exercices du royaume d'Italie se monteraient ainsi à 816 millions de francs. La majeure partie en serait couverte par l'emprunt de 500 millions émis l'année dernière et qui n'est pas encore entièrement versé ; le reste serait fourni soit par des moyens de trésorerie, soit par différentes créations, augmentations et extensions d'impôts. M. Bastogi compte notamment obtenir de ce chef les ressources que

voici :

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Pas plus que M. Chase, le ministre des finances italien n'y va pas de main morte quand il s'agit de créer ou d'augmenter les impôts. Il y a cette diffé

rence pourtant l'Amérique du Nord, étant presque vierge encore d'impôts, pourrait sans trop d'embarras en supporter quelques nouveaux; en Italie, par contre, il y a dès aujourd'hui des contrées entières, surtout parmi les pays annexés, qui se disent surchargées. Aussi l'adoption des propositions ministérielles par le parlement de Turin paraît-elle moins certaine que l'adhésion du congrès de Washington aux demandes de M. Chase. Des chiffres donnés par M. Bastogi et que nous venons de résumer, il ressort du reste avec toute évidence, qu'en supposant même que tous ces impôts nouveaux, ou augmentés, ou étendus, fussent votés et fournissent le rendement espéré par M. Bastogi, le vide serait loin d'être comblé : on échapperait difficilement à la nécessité d'un nouvel emprunt. Encore ne raisonnons-nous que dans l'hypothèse du maintien de la paix. Qui oserait à Turin, qui y voudrait même la garantir?

En terme général, on peut dire que l'année 1861 a été très-coûteuse pour les États des deux mondes, la plus coûteuse assurément pour l'Europe parmi toutes les années de paix dont le dix-neuvième siècle ait eu à enregistrer les dépenses. Sur un seul point, toutefois, elle a été moins absorbante que ses devancières : l'écoulement des métaux précieux vers l'Orient a sensiblement diminué. Voici quels seraient, d'après des sources anglaises, les chiffres de ces neuf dernières années :

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La diminution sur l'année précédente est générale; mais elle est particulièment forte pour la sortie de l'argent par les ports de la Méditerranée, qui a diminué d'un quart; elle a diminué de 3/16 à la sortie par les ports anglais. C'est une nouvelle confirmation du revirement que nous avons signalé ici il il y a six mois, au sujet des flux et reflux des métaux précieux, et ce fait explique en partie la réapparition et le maintien du métal argent dans notre circulation.

J.-E. HORN.

SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE

Réunion du 6 janvier 1862.

COMMUNICATIONS: Sur le prince Albert et le roi de Portugal. Sur la situation économique de l'Italie, par M. Scialoja.—Sur les questions économiques en Allemagne, par M. Garnier-Pagès le congrès des économistes à Stuttgard, le papier-monnaie à Vienne, etc. Sur l'avenir de la production des métaux précieux en Amérique, par M. Laur.

MM. Michel Chevalier et Wolowski, membres de l'Institut, viceprésidents de la Société, ont successivement présidé cette réunion, à laquelle avaient été invités: M. Garnier-Pagès, ancien membre du gouvernement provisoire; M. A. Scialoja, ancien ministre à Naples, membre du parlement italien, délégué à Paris pour les négociations du traité de commerce; M. Laureano Figuerola, professeur à l'université de Madrid, député de Barcelone aux Cortès; M. Kurtz, membre de la Sociéte agricole de Varsovie; M. Laur, ingénieur des mines, et à laquelle assistaient M. Marin-Darbelles; M. Carlos Calvo, chargé d'affaires du Paraguay; M. Robinot, ancien élève de l'école polytechnique; M. de Franqueville fils, auditeur au conseil d'État; M. le prince A. Galitzin, publiciste, tous récemment admis par le bureau à faire partie de la Société.

Lorsque le moment de rendre l'entretien général est venu, M. Joseph Garnier, secrétaire perpétuel, dit que, conformément à son habitude, la Société doit donner un souvenirà deux hommes haut placés qui viennent de quitter ce monde en y laissant d'universels regrets, et qui ont à quelques égards bien mérité de l'économie politique.

Le premier de ces personnages est le prince Albert, époux de la reine d'Angleterre, justement estimé pour son bon sens, son libéralisme et son amour du progrès. Il a été à la tête des promoteurs de l'Exposition universelle, grande et féconde manifestation qui ne s'est pas accomplie sans peine et sans opposition en Angleterre, et qui eût été impossible en France, si elle n'avait été faite d'abord en Angleterre. M. Joseph Garnier rappelle l'opposition que souleva en France, en 1849, au sein des chambres de commerce, la proposition de M. Buffet, alors ministre du commerce, et celle que rencontra d'abord en Angleterre le projet d'exposition universelle même de la part de certains manufacturiers libre-échangistes. Il rappelle en même temps que ce fut la Ligue du

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