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politique, les vicissitudes subies par les fameux droits d'enregistrement et de remontrance; tous ces points qui forment le cœur de la question, ou n'ont pas été touchés, ou sont traités d'une manière insuffisante.

En ouvrant sur le même sujet un troisième concours, l'Académie aurait craint de ne pas rencontrer plus d'empressement; mais elle a pensé qu'il était juste de ne pas laisser sans récompense le travail estimable, à tant d'égards, qui lui était soumis. Elle accorde donc, à titre d'encouragement, une médaille de mille francs à l'auteur de ce Mémoire, qui est M. Mérilhou, maire de Montignac, dans le département de la Dordogne.

Je ne vous entretiendrai point, messieurs, de votre section de politique, administration et finances, ou du moins des ouvrages qui ressortissent particulièrement à sa juridiction; car elle se trouve dans une situation semblable à celle de votre section de philosophie. Les deux concours que vous avez ouverts sur sa proposition et qui ont pour sujet : l'un, Du contrôle dans les finances sur les recettes et les dépenses publiques; l'autre, De l'impôt avant et depuis 1789; ces deux concours n'arriveront à leur terme que le 31 mars de l'année où nous sommes entrés. Mais, en dehors de vos cadres et du cercle ordinaire de vos travaux, il y a des prix fondés par des libéralités particulières, sur des matières qui rentrent dans votre domaine général. Tel est le prix triennal institué par feu M. Edmond Halphen.

M. Achille-Edmond Halphen, enlevé dans la fleur de la jeunesse, après avoir vécu uniquement pour la charité et pour la science, a laissé, parmi d'autres fondations généreuses, une somme destinée à favoriser l'avancement de l'instruction du peuple. C'est une rente annuelle de 500 fr. mise à la disposition de l'Académie pour être décernée en forme de prix, tous les ans, ou tous les deux ou trois ans, soit à l'ouvrage, soit à la personne « qui aura le plus contribué à la propagation de l'instruction primaire. »>

Vous avez préféré, messieurs, la triennalité à toute autre période. C'est donc une médaille de 1,500 fr. que vous aviez à consacrer pour la première fois au but désigné par le testateur. Il semble que le nombre des concurrents aurait dû être considérable, puisqu'il pouvait comprendre à la fois des écrivains, des instituteurs, des directeurs d'écoles normales, des administrateurs et des inspecteurs de l'enseignement primaire. Cependant, soit que le programme de l'Académie n'ait pas reçu assez de publicité, soit qu'on ne fût point préparé à ce genre de concours, l'Académie n'a eu à se prononcer qu'entre trois personnes, qui présentaient simultanément à ses suffrages des livres et des services rendus à l'enseignement. C'étaient un instituteur, un inspecteur et un administrateur. Ne pouvant pas à des noms propres substituer des numéros, comme c'est l'usage pour les mémoires, et ne voulant pas enlever à un échec, si honorable qu'il puisse être, le voile de l'anonyme, je ne parlerai que des motifs de votre préférenee.

C'est à M. Rapet, inspecteur général de l'instruction primaire, que l'Académie a décerné le prix triennal fondé par M. Halphen.

M. Rapet, par ses théories et par ses méthodes, par la manière dont luimême les mettait en pratique et par l'influence personnelle qu'il a exercée sur un grand nombre d'instituteurs, n'a pas cessé depuis trente ans d'imprimer à l'instruction primaire la plus utile et la plus active impulsion. Nommé en 1833

directeur de l'école normale primaire de Périgueux, il a fait de l'établissement qui lui était confié un modèle pour toutes les institutions du même ordre. Appelé ensuite à Paris en qualité d'inspecteur de l'instruction primaire, il a pu communiquer les fruits de son expérience et l'heureuse contagion de son exemple à toutes les écoles du département de la Seine. Ces fonctions actives, remplies avec le plus parfait dévouement, n'ont pas empêché M. Rapet de produire un grand nombre d'ouvrages, tous écrits dans l'intérêt ou de l'instruction, ou de la moralisation des classes populaires, et pour lesquels il a obtenu de l'Académie six prix ou accessit, entre autres le grand prix de 40,000 fr. pour un Manuel de morale et d'économie politique à l'usage des classes ouvrières. Enfin, à ces ouvrages eux-mêmes il faut joindre les journaux rédigés par M. Rapet pendant un grand nombre d'années, et qui offraient aux instituteurs, non-seulement des conseils pleins d'autorité et un précieux supplément d'instruction, mais des modèles de leçons à l'usage de leurs élèves. Des titres si nombreux et si considérables ont décidé le choix de l'Académie.

Si je ne suis pas resté trop au-dessous de la tâche que vous m'avez confiée, on verra, messieurs, par cette rapide récapitulation des ouvrages qui sont nés par votre influence, et des jugements dont ils ont été l'objet de votre part, quel est l'esprit qui préside à vos travaux. Fille du dix-huitième siècle, l'Académie des sciences morales et politiques ne peut pas renier son origine. Il ne lui est pas permis de rester étrangère à ces idées de progrès, de perfectibilité humaine, d'amélioration sociale, qui ont tenu lieu à la génération précédente de religion, et qu'elle a eu le seul tort de ne pas comprendre, à l'exemple de Descartes, de Pascal, de Leibniz, comme une conséquence nouvelle de la justice, de la bonté de Dieu, et de la grandeur morale de l'homme. Le jour où l'Académie voudrait répudier cet héritage, elle prononcerait sa propre condamnation. Où trouver, en effet, le but et l'objet de ses recherches; où trouver sa raison d'être, s'il ne reste plus qu'à se prosterner, dans une muette contemplation, devant tout ce qui est, ou à restaurer ce qui a été; si, dans un temps ou dans un autre, la philosophie, la morale, la jurisprudence, la politique, l'économie politique et l'histoire ont dit leur dernier mot; ou si inême, comme plusieurs ne sont pas éloignés de le croire, elles n'ont pas le droit d'exister? Le progrès, après tout, ce n'est pas autre chose que le triomphe plus ou moins éloigné, mais absolument inévitable, de la raison sur d'aveugles passions, de la science sur l'ignorance, du droit sur la force, de la charité sur l'égoïsme et sur la haine, de la liberté sur le double fléau de l'anarchie et du despotisme. Le nier, c'est fermer les yeux à la clarté du jour; c'est imiter l'aveuglement de cette secte de l'antiquité qui niait le mouvement devant les révolutions de la nature et les œuvres de l'activité humaine. Mais la foi dans le progrès, la recherche des perfectionnements que réclame toute œuvre humaine, et, par conséquent, les institutions et les lois, ce n'est point cette fièvre de changements qui n'est propre qu'à faire des ruines, ou cette illusion insensée qui croit pouvoir, d'un coup de baguette, évoquer du néant un monde nouveau; ce n'est ni l'esprit révolutionnaire ni l'utopie. Voilà pourquoi la connaissance de l'histoire et l'impartiale observation des faits vous paraissent être la condition indispensable de toute étude sérieuse, de toute découverte profitable à la société ou à la science. L'ingratitude et le mépris pour le passé ne sont pas plus, à vos yeux,

une preuve de dévouement qu'une source de lumière pour l'avenir. Chaque nation et l'humanité entière vous apparaissent comme une famille où le respect des ancêtres est la première garantie d'union et de force. Grâce à cette direction à la fois prudente et hardie, les résultats n'ont jamais trompé vos efforts, et vos couronnes, en honorant de plus en plus ceux qui les reçoivent, sont restées dignes de ceux qui les donnent.

BULLETIN FINANCIER.

SOMMAIRE.

-

Plan financier de M. Fould. La concurrence; son influence sur la Bourse de Paris. Réduction de l'intérêt de la dette. Unification des titres de Situation commerciale. Abaisse. Réformes budgétaires.

rentes françaises.

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ment nouveau du taux d'escompte de la Banque de France. Pourquoi? - Forte hausse à la Bourse. Coupons détachés en janvier. Tableau des Bourses de

Paris, Lyon et Marseille.

Si le mois de décembre 1861 a été tout entier, comme nous l'avons dit, sous la préoccupation à peu près exclusive des événements de la politique extérieure, le mois de janvier par contre a été spécialement influencé par l'appréciation des actes financiers de M. Fould. On connaît le plan du nouveau titulaire ne pas faire d'emprunt direct, obtenir par des économies dans les dépenses, des augmentations d'impôts dans les recettes, un excédant propre à amortir la dette flottante, au moins en forte partie; puis, dès à présent, procéder à une conversion facultative d'abord, forcée plus tard, des diverses rentes 4 1/2 0/0 et 4 0/0 et des obligations trentenaires en un nouveau 3 0/0. Nous voudrions bien ne pas parler de cette dernière opération qui, étant en cours, ne nous laisse pas autant de liberté que nous le désirons; l'opposition que l'on fait à une combinaison de finances en voie d'application peut parfois en vicier le résultat sans que l'auteur de la mesure ait à se reprocher la moindre faute contre les lois économiques. Il y a évidemment la décision puis l'application; cette dernière ne veut pas d'opposition, ce n'est que la première qui peut amener une discussion utile et profitable. Néanmoins il est assez difficile de parler de la Bourse de Paris durant le mois de janvier 1862 sans relater la situation toute artificielle dans laquelle on a placé le marché; il est difficile de ne pas signaler le désaccord de principes qui existe entre le mouvement actuel et la déclaration de M. Fould, en septembre dernier, sur l'état de crise du commerce français. Il est enfin fort difficile de ne pas faire remarquer, avec l'un des orateurs du Corps législatif, que l'opération de la commission ne doit résulter que d'une situation surabondante de prospérité et non d'un découvert de plus d'un milliard dans la caisse du trésor, compliqué d'une situation commerciale des plus embarrassées.

Nous savons que l'on nous opposera la diminution du taux d'escompte à la

Banque de France (depuis le 6 février la Banque n'escompte plus qu'à 4 0,0); mais dans l'augmentation de l'encaisse nous ne voyons qu'un fait accidentel résultant de la pénurie des transactions commerciales et non un produit normal d'une prospérité certaine; il y a donc danger à se baser sur cette donnée; si, comme nous l'espérons, la quiétude politique dont on jouit en ce moment invite sous peu les affaires de commerce à reprendre, ramène le mouvement dans la fabrication, alors les capitaux, qui ne sont surabondants que par l'atonie du commerce, ces capitaux retourneront à des opérations plus fruetueuses et l'escompte remontera, quoiqu'on fasse, et le taux de prestation des capitaux suivra la même tendance, ce qui correspondra à une baisse sur toutes les actions, obligations et fonds publics.

Il est donc avéré pour nous, que malgré la sécurité politique dont nous jouissons, à l'extérieur comme à l'intérieur, on a surexcité la spéculation pour la faire arriver à des cours peu justifiés par la situation réelle du marché monétaire. Il est avéré pour nous que l'état actuel de la Bourse de Paris est factice, et que dans un délai, peu éloigné peut-être, on reviendra à des prix plus en rapport avec la nature des choses.

Ce n'est pas que nous niions, quant à ce qui nous concerne, les avantages d'une conversion des rentes pour le Trésor; ce n'est pas que nous considérions l'unification des titres de la dette publique comme une mauvaise mesure; bien au delà, le Trésor a intérêt à réduire à 4 0/0 son 4 1/2 0/0, quand 4 0/0 est le taux de son crédit sur la place; son droit, son devoir même, est en ce cas, de substituer le prêteur à 4 0/0 au prêteur à 4 1/2 0/0, si ce dernier ne veut consentir lui-même à devenir prêteur à 4 0/0; en outre, il y a avantage pour lui à n'avoir qu'un seul et unique marché et non à embarrasser la circulation nécessaire de ses titres de dette par des formes diverses, analogues, comme fâcheux résultat, aux barrages dont on embarrasserait le cours d'un grand fleuve sous prétexte de faciliter son écoulement régulier. Que ce soit du 4 1/2 0/0 ou du 3 0/0, l'emprunteur est le même; il a les mêmes devoirs à remplir, comme le prêteur les mêmes droits à exercer; il n'y a que la forme qui change, et cette forme n'a rien de plus avantageux dans un cas que dans l'autre ; en tout cas l'expérience est là, et elle prouve que l'étendue d'un marché est au-dessus de la considération de plaire à des prêteurs qui s'attacheraient plus à la forme des titres qu'au fond, savoir à la garantie; elle invite donc à l'unification des titres de dette du même débiteur. Mais cet avantage ne doit pas être payé au delà d'un certain taux; et, lui sacrifier trois conversions possibles de 1/2 0/0 chacune, n'ayant en retour qu'une somme minime d'argent comptant, est à nos yeux dépasser dans le prix du service, l'importance de ce service même.

Quant aux autres mesures financières du même ministre, sans entrer dans le détail de leur combinaison, elles ont paru justifiées par la situation des choses; nous aimons mieux voir procéder à une diminution de dépenses, voire même à une aggravation des charges des contribuables, qu'à de nouveaux emprunts, quelle qu'en soit la forme d'ailleurs. Mais on aurait désiré une diminution plus sérieuse dans les dépenses annuelles du budget, et puisque le nouveau ministre a rationnellement séparé, tant en recettes qu'en dépenses, le budget ordinaire du budget extraordinaire, il eût été à souhaiter que l'exis_ tence de ce dernier eût été subordonnée à la reprise du jeu de l'amortissement

des rentes françaises. On a pris, à ce sujet, un engagement vis-à-vis des rentiers, engagement que l'on ne tient pas; c'est la force des choses qui y a contraint, nous le savons, mais enfin il y a engagement et l'on ne saurait trop tôt rentrer dans la légalité en remettant en activité, même au prix du budget extraordinaire, un service de dépenses non moins sacré que les arrérages annuels de la dette publique.

La rente a d'abord monté seule, et pendant plusieurs jours le mouvement des prix des diverses valeurs était des plus disparates; les autres titres ont successivement obéi à la même tendance, et obligations puis actions dans l'ordre accoutumé savoir les valeurs françaises d'abord, celles étrangères ensuite, les valeurs jouissant d'un marché de spéculation en premier lieu, celles n'ayant pas cet avantage en second.

Le tableau ordinaire des plus hauts et plus bas cours du mois des principales valeurs donne à cet égard les résultats en chiffres des variations des prix et nous dispense d'entrer dans aucun détail.

On a détaché en janvier les coupons suivants, sans parler de ceux des valeurs à revenu fixe :

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L'intérêt des bons du Trésor a été réduit, le 9 février courant, de 1/2 0/0

Comp. immobilière (Rivoli).
Journaux réunis . . . .

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12.50

.

pour toutes les échéances,

ALPH. COURTOIS fils.

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