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-On ne le sait que trop, un grand marché d'exportation s'est en partie fermé en 1861 au commerce français,.ou. plutôt au commerce du monde. Nous faisons habituellement pour 600 à 650 millions d'affaires avec ce qui fut l'Union américaine. Ne cherchez pas à l'affaiblissement général de notre exportation de 4864 de cause plus grave, plus efficace que la crise politique des États-Unis; non que nos rapports avec la Fédération aient, dans leur ensemble, diminué le mouvement des grains, exceptionnellement favorisé par les besoins de l'exercice, a au contraire donné lieu à d'exceptionnels arrivages dans nos ports, et jamais le Havre peut-être n'avait compté une intercourse transatlantique plus active. Mais quelle nation, d'habitude, consomme le plus de nos soieries, de nos lainages, de nos vins, esprits et liqueurs, de nos cuirs ouvrés, de nos modes, meubles, bronzes, horlogerie, bijoux, fleurs artificielles et autres articles dont Paris fournit l'Europe et les deux Amériques, dont il fournira un jour, espérons-le, le monde oriental, quelle nation, si ce n'est, après l'Angleterre, les États-Unis? Or ce double débouché a perdu et beaucoup perdu l'an dernier; l'Union américaine, à qui sa guerre civile a déjà coûté 2 à 3 milliards (deux budgets ordinaires de la France !), ne sait que trop maintenant ce que le régime de la guerre, si inconnu jusqu'ici à cette ruche laborieuse, apporte d'obstacles au commerce et à l'industrie. La Providence s'est plu à enrichir cette contrée, entre tant d'autres biens, d'une récolte cotonnière qui chaque année lui vaut un revenu de plus de 1 milliard de francs, et voici des enfants d'une même patrie acharnés, les uns à tenir sous le séquestre, les autres à brûler le précieux élément de travail qui, chez eux comme en Europe, donne la vie à trois ou quatre millions d'ouvriers!

Tous nos articles d'exportation ont-ils donc souffert en 1861?-Non assurément : il en est plusieurs, tels que le chanvre, les fils de coton et laine, la garance, le savon, le sel, le sucre raffiné, la soie grége, les tissus de coton écrus et blancs, etc., qui ont donné des excédants plus ou moins considérables; mais tous les autres, et il faut bien reconnaître que parmi eux figurent nos meilleurs articles, ont plus ou moins perdu. Nous citons les principaux :

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On voit combien ont perdu nos soieries, ce premier de nos débouchés aux États-Unis; et à cette regrettable liste il faut encore ajouter les vins; 177 millions 1/2 de litres en 1861 contre 195 millions en 1860; mais on ne pouvait guère espérer mieux d'une année qui succédait à tant d'insuffisantes récoltes de la vigne; et, quant à notre débouché en Angleterre, si l'élévation actuelle des prix l'a empêché de s'accroître en 1861, il ne représente pas moins encore le double environ de celui de 1859 9 millions 485,000 litres contre 4 millions 894,000. L'abaissement du tarif anglais nous a donc profité dans la limite du possible. Notre pays est bien loin d'être le seul qu'ait atteint l'affaiblissement commercial de 1861; la Belgique, le Zollverein, l'Autriche, la Suisse, si nous sommes bien informé, en ont aussi notablement souffert, et plus qu'eux encore peut-être le Royaume-Uni. On en jugera, pour ce dernier pays, par quelques rapprochements. L'Angleterre, pendant les onze premiers mois (on n'a pas encore l'année entière), a expédié :

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Ainsi, sur les seuls produits textiles, l'exportation britannique (il s'agit de produits de fabrique anglaise) avait déjà perdu, fin novembre, plus de 118 millions de francs; à quoi il faut ajouter, comme perte aussi, 20 millions sur les fontes et fers, 12 sur les articles de mercerie, 8 sur les poteries et porcelaines, 7 sur la coutellerie, enfin 170 à 180 millions sur l'ensemble des autres articles. Notons-en deux pourtant qui font une remarquable exception, les charbons et les machines au 30 novembre, l'Angleterre avait livré à l'étranger 7 millions 378,000 tonnes de houille contre 6 millions 890,000 en 1860, soit, en valeur (et à raison d'un peu plus de 11 fr. la tonne), 84 millions de francs contre 74. Quant aux machines, l'Angleterre en avait vendu à tous pays en 1861 pour 97 millions de francs contre 86. Notre manufacture, que la protection, Dieu merci, n'empêche plus par des droits exorbitants de refaire son matériel de travail, a pris une assez notable part dans ce très-utile approvisionnement mécanique.

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- L'amélioration de la navigation naturelle et artificielle a été pour

suivie avec activité en 1861. Comme dans la campagne précédente, l'administration s'est particulièrement occupée de celles de nos rivières qui forment les grandes artères de la navigation intérieure, telles que la Seine dans ses trois grandes sections, entre Montereau et Paris, entre Paris et Rouen, entre Rouen et la mer; l'Yonne, entre Montereau et Laroche, point d'embouchure du canal de Bourgogne; la Marne, entre la Seine et Dizy, qui forme la tête de la voie navigable de Paris à Strasbourg; le Rhône, entre Lyon et Arles.

La plupart des projets définitifs avaient été approuvés et adjugés en 1860; dans la campagne de 1861 les travaux ont reçu une grande impulsion. Les entreprises en cours d'exécution comprennent, sur la Seine, les douze barrages éclusés à construire au-dessus de Paris; l'amélioration du passage de Martot en amont de Rouen, le prolongement des digues sur la rive droite de la Seine maritime, entre Tancarville et Laroque; sur la Marne, l'ensemble des travaux d'amélioration consistant dans l'achèvement des canaux de dérivation de Chelles et de SaintMaurice, et dans la construction de douze barrages éclusés; sur l'Yonne, des ouvrages de même nature; sur le Rhône, l'amélioration de six des plus mauvais passages de ce fleuve.

L'endiguement de la Loire maritime a été continué avec activité; les digues sont terminées entre l'île Thérèse et le Couéron, entre le Couéron et la haute Indre; elles sont très-avancées; enfin, entre la haute Indre et Nantes, le gros œuvre de la digue sera terminé très-prochainement.

Sur la haute Garonne, on a continué les travaux d'amélioration des passes de Bassens et d'Ambès. Ces travaux, dont le succès importe au plus haut point à l'avenir du port de Bordeaux, sont dirigés avec toute l'attention et la prudence que réclament les intérêts de ce port.

Parmi les rivières qui répondent à des intérêts plus circonscrits, nous citerons :

L'Adour, la Baïse, la Boutonne, la Charente, l'Eure, le Lot, la Lys, la Mayenne, la Meuse, la Sarthe, la Scarpe, la Vilaine et la Vire, qui ont pris part à la répartition des crédits extraordinaires affectés à l'amélioration des vois navigables.

Dans les départements annexés, les travaux de navigation sur lesquels ont porté les études de l'administration sont: pour les Alpes-Maritimes, l'endiguement du Var; pour la Savoie, la rectification de l'Isère; pour la Haute-Savoie, l'endiguement de l'Arve et l'amélioration de la Dranse et de ses principaux affluents, ainsi que des ports d'Evian et de Thonon sur le lac Léman. L'endiguement de la rive gauche du Var, qui avait fait, de la part du gouvernement piémontais, l'objet d'une concession, s'est trouvé retardé par des difficultés contentieuses qu'il n'était pas au pouvoir de l'administration de résoudre; mais, sans en attendre la solution et en réservant tous les droits du concessionnaire, l'adminis

tration s'est mise en mesure de reprendre les travaux et de leur imprimer une marche régulière. Les adjudications sont passées, et les chantiers, déjà organisés sur plusieurs points, seront successivement développés sur toute la ligne. Les syndicats constitués en vue de la continuation des travaux de l'Isère seront prochainement en mesure de fonctionner. Le projet d'endiguement de l'Arve, qui soulève des questions très-compliquées, est en voie d'étude, ainsi que les projets d'amélioration de la Dranse et de ses affluents; enfin les travaux des ports d'Evian et de Thonon sont en pleine activité.

Les améliorations qu'exigent nos canaux n'ont pas été négligées; elles consistent particulièrement dans l'exécution de divers travaux d'alimentation ou d'étanchement, dans l'approfondissement de quelques biefs, dans la régularisation des chemins de halage et autres travaux accessoires.

-Notre collaborateur et ami, M. Joseph Garnier, vient de publier une seconde édition de son Traité des finances. Ce travail, qui dans la première édition ne formait qu'une partie d'un volume consacré à divers sujets, remplit maintenant tout un livre qui se compose de 468 pages. L'auteur semble avoir pris pour devise cette maxime de Colbert qu'il cite « Il faut rendre la matière des finances si simple, qu'elle puisse être facilement entendue par toute sorte de personnes. » Rien n'est moins facile, car les finances donnent lieu aux questions les plus com- . pliquées. Le seul moyen de se rapprocher de cette simplicité désirable, c'est de dégager de ces questions les principes généraux qui les dominent. C'est à cela que s'est appliqué M. Joseph Garnier, en y ajoutant d'excellents détails et documents statistiques, et il a été servi dans cet utile travail comme dans ses autres écrits par l'intelligence si lucide, si nette et si vive, qu'il porte dans l'étude des questions économiques. Son livre est fait pour être entre les mains des étudiants, et il peut encore être consulté avec fruit par ceux qui savent.

- Une publication qui ne peut manquer d'intéresser vivement tous les amis de la liberté et des études politiques, c'est la traduction du bel ouvrage de M. John Stuart Mill sur le Gouvernement représentatif, traduit et précédé d'une introduction par M. Dupont-White. Nous ne connaissons rien qui aille plus à fond du sujet que cet admirable écrit du grand publiciste anglais. C'est là la vraie école pratique de la politique. La France lira M. Mill comme l'Angleterre a lu Montesquieu, et elle pourra y apprendre davantage. Nous rendrons compte prochainement de cette importante publication.

Paris, 15 mars 1862,

HENRI BAUDRILLART.

L'Administrateur-Gérant, GUILLAUMIN.

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INTRODUCTION A LA VINGT-UNIÈME ANNÉE. — Par M. HENRI BAUDRILLART...........
CONDITION MORALE, INTELLECTUELLE ET MATÉRIELLE DES OUVRIERS QUI VIVENT DE
L'INDUSTRIE DU COTON. Rapport fait à l'Académie des sciences morales et
politiques. (Suite.) Par M. LOUIS REYBAUD, membre de l'Institut.....

LÉGISLATION DU BUDGET DE 1789 A 1852.

Conseil d'État......

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LA DISCUSSION FINANCIÈRE DU SÉNAT. - Par M. GUSTAVE DU PUYNODE.

LE COMMERCE DE LA FRANCE ET LES REVENUS INDIRECTS EN 1847, 1857, 1861.
Par M. CLÉMENT JUGLAR.....

......

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Par M. LAME FLEURY....

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La baisse est générale.

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Coup d'œil rétrospectif sur l'année 1861.-
Quelles sont les valeurs qui ont au contraire monté⚫
et pourquoi? Mois de décembre, tout entier à la politique extérieure. — La
Banque de France. - Coupons détachés. Tableau des bourses de Paris,
Lyon et Marseille. État de la Banque de France. - Premiers, plus hauts,

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plus bas et derniers cours au comptant des principales valeurs cotées à Paris,
Lyon et Marseille durant l'année 1861. Par M. ALPH. COURTOIS fils....... 107.
BULLETIN FINANCIER DE L'ÉTRANGER. Sommaire Le revenu public en Angle-
terre de l'année 1861. Situation financière et projets financiers aux États-
Unis. Confessions et propositions de M. de Plener. Gestion et état
financiers du royaume d'Italie. Écoulement des métaux précieux vers

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