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15,000,0000 en 1847, retombe à 11,000,000 en 1848, pour atteindre 31,000,000 en 1857 et 36,000,000 en 1861, sans un seul temps d'arrêt.

L'importation du fer que le premier établissement des chemins de fer réclamait d'une manière si pressante, de 1852 à 1855, s'élève de 29,000,000 q. m. en 1852 à 395,000 en 1855, puis la demande diminuant, elle s'affaisse jusqu'à 2,000 q. m. en 1860, et malgré le traité de commerce avec l'Angleterre et l'abaissement des droits, elle n'est que de 30,000,000 q. m. en 1861 comme au point de départ en 1852.

Les aciers ont suivi le même mouvement; toutefois l'augmentation, par suite du nouveau tarif, a été sensible en 1861 de 2,000 q. m. à 6,000.

Il en est de même pour la fonte, on devait s'y attendre: de 194,000 q. m. en 1844, l'importation s'élève à 724,000 en 1847, retombe à 200 en 1849, présente le maximum comme pour le fer en 1855, 928,000 q. m., puis baisse jusqu'à 148,000 q. m. en 1860. Le nouveau tarif la relève à 769,000 q. m.; comme pour les aciers, son action est sensible, quoique la quantité soit toujours au-dessus du maximum déjà ob

servé.

L'importation des cotons de 415,000 q. m. en 1841 s'élève à 525,000 en 1846, en 1847 elle baisse déjà à 333,000 et le mouvement étant accompli, ne fléchit plus que de quelques millions en 1848, à 304,000 q. m. La liquidation terminée, le mouvement reprend jusqu'à 663,000 q. m. en 1856, présentant, comme en 1846, le maximum l'année qui précède la crise. En 1857, elle baisse à 615,000, puis le mouvement reprend jusqu'à 1,122,000 en 1860 et 1,190,000 en 1861. Malgré le blocus des ports de l'Amérique du Sud, la crainte de manquer d'un produit aussi nécessaire à nos fabriques a fait redoubler d'efforts, et en France, comme en Angleterre, le stock du coton en laine est plus considérable qu'à aucune autre époque, de près du double du dernier maximum observé en 1856 (663,000 q. m.)

L'importation des laines suit le même mouvement: de 142 q. m. en 1841, elle s'élève à 157,000 en 1845, une année avant la crise, baisse à 101,000 en 1847, et est réduite à 53,000 en 1848.

Elle se relève jusqu'à 303,000 en 1837. La demi-liquidation de la crise la réduit à 253,000 en 1858, mais elle reprend sa progression à peine interrompue et atteint 447,000 en 1864. Quelles oscillations!

Les soies gréges, de 3,000 q. m. en 1842, s'élèvent à 5,000 en 1847, baissent à 4,000 en 1848, se relèvent à 6,000 en 1849, par suite du mouvement naturel et pour combler une grande partie du déficit causé par la maladie des vers à soie; atteignent 14,000 q. m. en 1857, toujours sous l'influence des mêmes causes, et sans arrêt, pour ainsi dire, se trouvent portées à 16,000 q. m. en 1864.

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Les soies moulinées présentent leur maximum en 1856, 10,000 q.m. Après la dépression de 1857 et une légère reprise en 1858, elles baissent toujours jusqu'à 4,000 q. m. en 1861, suivant une marche tout à fait contraire, et revenant au maximum de 1847, tandis que l'importation des soies gréges a triplé.

L'importation du sucre des colonies et du sucre étranger a été heureusement influencée, dans ces derniers temps, par les modifications du tarif.

L'importation du sucre des colonies, de 530,000 q. m. en 1841, s'est élevé à 673,000 en 1847. L'émancipation des esclaves la fait tomber à 339,000 q. m. en 1848; mais, dès 1849, elle s'était relevée à 509,000. Une nouvelle faiblesse s'observe en 1851, où elle retombe à 352,000; puis la progression continue jusqu'à 740,000 en 1856; en 1857, elle fléchit à 674,000, mais en 1858 elle atteint 952,000, sous l'influence de la cherté des alcools et des eaux-de-vie, baisse à 762,000 en 1859, l'action de cette dernière cause ayant faibli; enfin favorisée par la diminution des droits, se relève à 869,000 q. m. en 1861.

Le sucre étranger suit une marche encore plus rapide, de 93,000 q. m., maximum de 1846, à 620,000 q. m, en 1861. Ces oscillations demanderaient des explications qu'il serait trop long de donner ici.

EXPORTATIONS.

Les exportations présentent, comme les importations, une marche toujours croissante, mais elles sont beaucoup moins sensibles aux perturbations commerciales, et cela se comprend; le malaise intérieur suspend les affaires, avilit la valeur des marchandises, qui vont s'offrir à vil prix sur les marchés étrangers, pour faire disparaître le trop plein qui s'est formé à l'aide des facilités du crédit sous toutes les formes. Ainsi, de 1842 à 1847, le total annuel s'élève de 644 millions de francs (valeur de 1826) à 719 (valeur actuelle); baisse de 29 millions seulement en 1848 à 690 (les importations avaient baissé à la même époque de 400 millions), dès 1849 se relève à 937 millions. Le mouvement continue jusqu'en 1854, où les craintes de la guerre d'Orient les modèrent de 1,541, à 1,413 millions; parait-elle se limiter, dès 1855 tout repart, et le maximum de l'exportation s'observe en 1856, 1,893 millions de francs. L'année suivante, quoique la crise ne paraisse pour le public qu'en novembre, elles baissent de 1,893 à 1,865, de 28 millions seulement, comme en 1848, baisse insignifiante et qui ne paraît, done dirait du moins, que pour rendre hommage au principe; car, en 1858 elles se relèvent à 1,887 millions, 2,266 en 1859, 2,277 en 1860, et bien ⚫ certainement, si nous pouvons conclure des neuf premiers mois, à un chiffre encore supérieur en 1861. Si nous entrons dans les détails, il

suffira de jeter les yeux sur le tableau qui suit pour s'assurer qu'à l'exception des modes, l'exportation de tous les articles, en 1861, est supérieure, ou au moins égale, à celle de 1857, et pour ceux qui commenceraient déjà à fléchir, c'est que le maximum le plus élevé noté jusqu'ici a été atteint en 1860. Ainsi, pour les machines les tissus de coton, de laine, de soie, l'exportation a été bien au-dessus du maximum de 1857, le plus élevé que l'on connaisse.

Pour les tissus de laine, l'exportation de 48,000 q. m. s'est élevée à 63,000.

Pour les tissus de soie, de 22,000 à 25,000.

Tous ces chiffres, à l'importation et à l'exportation, prouvent que le commerce est plus engagé qu'en 1857, qu'un nouveau temps d'arrêt devient nécessaire pour liquider les maisons qui ont abusé du crédit en vue d'une hausse qui ne paraît pas, et permettre une reprise facile et naturelle.

Nous noterons en terminant le changement complet qui s'est opéré dans le commerce des métaux précieux, or et argent monnayé et en lingots, pendant le cours de la présente année 1861 (9 mois). L'importation de l'or, qui, de 800,000 hectogrammes en 1855, s'était élevée à 1,400,000 en 1857 et 1858, à 1,900,000 en 1859, chiffre maximum qui n'avait pas peu contribué à rendre la reprise plus facile, s'arrête tout à coup et commence à décroître; en 1860, elle n'est plus que de 1,000,000 hectog.; en 1861 elle est réduite à 700,000, fin septembre.

L'exportation, au contraire, insignifiante en 1858 (166,000 hectog.), s'élève déjà à 508,000 en 1859, elle fléchit à 363,000 en 1860, mais atteint et dépasse 690,000 hectogr. en 1861, pendant que l'importation ne dépasse pas 700,000, de sorte que la différence n'est plus que de 100,000 hectog., ou, pour mieux dire, l'importation et l'exportation se balancent pour la première fois depuis la découverte récente de l'or en Californie et en Australie.

Telle était la situation fin septembre, alors que les paiements pour solder les achats de blés à l'étranger ne faisaient que commencer.

Les importations d'argent qui de 3,400,000 hectogr. en 1855, s'étaient élevées à 8,000,000 en 1859, diminuent depuis ce moment et descendent à 5,100,000 et 5,900,000 en 1860 et 1861.

Les exportations de 10,800,000 en 1855, montent à 17,400,000 hectogr. en 1857, retombent à 6,000,000, se relèvent à 15,700,000 en 1859, puis vont toujours déclinant; 9,600,000 en 1860, 8,000,000 en 1861.

En 1857 la sortie de l'argent était six fois plus considérable que l'entrée. En 1858, la balance se trouve rétablie; en 1859, la sortie l'emporte encore du double; puis en 1860 et 1861, les deux mouvements se rapprochent, l'exportation n'est plus que de 1/3 supérieure à l'importation.

Nous ne sommes plus en présence de cette inondation de l'or, qui comme un levier puissant avait conduit et entraîné le monde commercial de 1851 à 1857, et avait prêté un appui si opportun pour la reprise des affaires en 1858, malgré l'ébranlement de l'année précédente. Le temps d'arrêt si brusque, si complet, si inattendu de son importation a dû pour une large part contribuer à la réapparition de la monnaie d'argent.

PRIX DES MARCHANDISES.

La valeur commerciale des marchandises, les prix en un mot, offrent des oscillations bien en rapport avec tout ce qui précède. La progression est constante et continue jusqu'au moment où la crise éclate. Malheureusement nous ne pouvons donner que les prix moyens. Ainsi pour les cotons en laine, les prix de 1 fr. 55 c. le kilog. en 1854 s'élèvent :

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De 2 fr. 05 en 1857 ils tombent à 1 fr. 85 en 1858, et en 1860, à

4 fr. 64 c. Nous voici revenus au point de départ.

Pour les laines de 2 fr. 55 en 1856, les prix tombent à 1 fr. 10 en 1858.

Pour les soies gréges de 66 fr. à 53 fr.

Pour les soies moulinées de 87 fr. à 74 fr.

Pour les produits des manufactures la baisse est un peu moins grande :

Le prix du calicot de 4 fr. 70 c. (1856), tombe à 3 fr. 95 c. (1858).

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Les revenus indirects pour les neuf premiers mois suivent la même marche. De 1841 à 1846 de 524 millions à 601. La crise de 1847 et la liquidation de 1848 les réduisent à 496 millions de francs; puis le mouvement reprend: dès 1853, le maximum de 1846 est dépassé. La guerre d'Orient les déprime un peu de 626 à 618 millions, cependant ils s'élèvent à 781 en 1857 et enfin à 812 millions en 1858. L'impulsion était donnée, le mouvement continue même pendant la demi-liquidation de cette année; en 1859 pour la première fois, l'accroissement

est suspendu, les revenus indirects baissent à 799 millions et même 788 en 1860, en 1861 ils se relèvent à 794 millions.

De 1855 à 1861 des aggravations et des dégrèvements dans les taxes ont eu lieu; nous ne pouvons nous étendre sur ce sujet sans entrer dans des développements que cet aperçu ne comporte pas. Nous nous bornerons à remarquer que l'élévation des taxes de 1855 à 1857 avait pour but de solder l'intérêt des emprunts de la guerre d'Orient, résultat obtenu en portant les revenus de 781 millions (1857), à 812 en 1858. En 1859 et en 1860 on a voulu com penser les dégrèvements sur les sucres et les matières premières par augmentation des droits sur les alcools et les tabacs, sans pouvoir combler le déficit, malgré l'élasticité de ces deux articles, dont les produits augmentent toujours sans être touchés pour ainsi dire par les crises et les révolutions.

De 1846 à 1858 quatre articles seulement, l'enregistrement (57 millions), les sucres (61 millions), les boissons (46 millions), les tabacs (45 millions), donnent une somme de 152 millions sur une augmentation totale de 214 millions.

En 1861, les mêmes articles maintiennent une partie de l'augmentation, mais ce sont les surtaxes des boissons et des tabacs qui rétablissent en partie la balance.

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Ce n'est plus l'accroissement naturel de la consommation comme dans les années précédentes, la plus-value des impôts est due pour une bonne part à l'aggravation des taxes que le public paye sur certains produits, les boissons et les tabacs, en échange du dégrèvement des sucres et des matières premières (coton, laine, etc.).

Nous bornons ici cet examen qui nous entraînerait trop loin. Nous pensons que ce qui précède suffit pour faire comprendre et saisir la marche des périodes prospères, des crises et des liquidations; avec ces documents on peut se rendre compte de la situation actuelle.

CLEMENT JUGLAR.

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