A. XVIII RÉGIME Régimes de certains substantifs. Voy. aussi à CONSTRUCTION (XXI, E, 1o). Pour les exemples de substantifs précédés de DE et équivalents de génitits, soit objectifs, soit subjectifs, voyez le Lexique à DE (16°, a et b, p. 280 et 281) et aux mots CHÂTIMENT, CHOIX et HYMEN. ... Si j'ai votre foi Qu'on ne vous verra point vouloir venger sur moi... (I, Ét. 1621, 1622). Voy. For. Une entière croyance aux propos de Lucile (I, Dép. a. 34). Et cet empressement pour s'en aller dans l'ombre Pêcher vite à tâtons quelque sinistre encombre...! (I, Dép. a. 1509.) (Votre humeur) Ouvre au premier venu trop d'accès dans votre âme (V, Mis. 458). Comme, par la mauvaise humeur de son père, toute sorte d'accès m'est fermé auprès d'elle, je me hasarde à vous prier de vouloir servir mon amour (VI, 94, Méd. m. l. II, v). Ne lui dois-je pas faire [à Alemène sa femme]... Un récit de ses faits contre nos ennemis (VI, Amph. 437). La tête d'une femme est comme la girouette Au haut d'une maison, qui tourne au premier vent (I, Dép. a. 1266, 1267). Je saurai... prévenir sur toi le courroux du Ciel (V, 178, D. Juan, IV, rv). Mais un plus long séjour me rendroit trop coupable, Et du retour au port les moments sont pressés (VI, Amph. 615). ... Deux âmes en qui l'on ait vu une plus grande conformité de sentiments, qui aient fait éclater, dans le même temps, une résolution à braver les traits de l'Amour, et qui, dans le même moment, aient fait paroître une égale facilité à perdre le nom d'insensibles (IV, 200, Pr. d'É. IV, 1). Cette commodité de retoucher l'ouvrage Aux peintres chancelants est un grand avantage (IX, Val-de-Gr. 251). De fuir dans un désert l'approche des humains (V, Mis. 144, 145). D'avoir admis chez vous un profane, Madame (IX, F. sav. 938). B. Compléments circonstanciels exprimés sans l'aide C'est un coup de mousquet que je reçus la dernière campagne que j'ai faite (II, 103, Préc. x1). (Un parti) L'obligea d'en sortir [de la ville] une nuit sans éclat (I, Ét. 1314). (Un fils...) Dont cette nuit en songe il a vu le retour (I, Ét. 1298). Que faites-vous les soirs avant qu'on se retire? (II, Éc. d. m. 303.) Mon valet la nuit pour la garder [la maison] s'y tient (I, Él. 1778). Un seul moment plus tard tous vos pas étoient vains (I, Et. 821). ... Comédie représentée la première fois à Paris... (IX, 1, F. sav. Titre de l'éd. de 1682). Quatre lustres entiers il y cache son sort... (II, D. Garc. 858). Après m'avoir eu quatre ans pour serviteur... (I, Ét. 735; voy. IX, F. sav. 1180, 1373). Tout s'est-il, ces deux jours, passé de bonne sorte? (IV, Tart. 229.) Je souffrirai un temps; mais j'en viendrai à bout (VIII, 134, Bourg. g. III, x; cf. V, Mis. 315). Quel temps avez-vous demeuré en Angleterre? (IV, 20, Mar. f. 1.) Alle a, de deux jours l'un, la fièvre quotiguenne (VI, 101, Med. m. l. III, 11). Quoi? masques toute nuit assiégeront ma porte? (I, Ét. 1244.) Jour et nuit, grêle, vent, péril, chaleur, froidure, Dès qu'ils parlent, il faut voler (VI, Amph. 172: note). Je suis parti, les cieux d'un noir crêpe voilés, Pestant fort contre vous dans ce fâcheux martyre (VI, Amph. 718). Argan, seul dans sa chambre assis, une table devant lui, compte des parties d'apothicaire avec des jetons (IX, 279, Mal. im. I, 1). Après ce rare exploit, je veux que l'on s'apprête A me peindre en héros un laurier sur la tête (I, Ét. 791). ... Un arc à la main, sur l'épaule un carquois, Comme une autre Diane elle hante les bois (IV, Pr. ďÉ. 71). Et lui, plein de transport et l'allégresse en l'ame... (III, Ec. d. f. 1756). Tantôt, l'esprit ému d'une frayeur bien vive D'avoir vu Trufaldin avecque mon rival, Je songeois à trouver un remède à ce mal... (I, Ét. 848). S'aller jeter dans l'eau la tête la première (VI, 594, G. D. III, vii). La grammaire, qui sait régenter jusqu'aux rois, Et les fait la main haute obéir à ses lois (IX, F. sav. 466). Crainte pourtant de sinistre aventure, Allons chez nous achever l'entretien (VI, Amph. 267). J'empêche, peur du chat, que mon moineau ne sorte (III, Éc. d. f. 207). On peut rapprocher des exemples donnés plus haut les phrases suivantes : Hors céans, on le prise [Trissotin] en tous lieux ce qu'il vaut (IX, F. sav. 1259). [A] sa valeur. Admirez mes bontés et le peu qu'on vous vend Ce trésor merveil leux... (V, 334, Am. med. II, vii). Le peu [pour] lequel on vous vend, comme [pour] peu de chose on vous vend.... Je les vends cela (VI, 60, Méd. m. l. I, v). [A] ce prix-là. (Que de discours!) Rien n'est-il suffisant d'en arrêter le cours? (Dép. a. Cet amour de travail, qui toujours règne en eux, Rend à tous autres soins leur esprit paresseux (IX, Val-de-Gr. 354). (754.) Si vous êtes né à ne pouvoir vous en passer [des médecins], il est aisé d'en avoir un autre (IX, 413, Mal, im. III, vi). Si vous avez été destiné en naissant à ne pouvoir... voyez la note 3 à la page citée. Mais quand j'ai bien mangé, mon âme est ferme à tout (II, Sgan. 235). Voy. au Lexique les article A (1°, g, p. 6) et DÊ (5o, p. 269). Quelque sujet que j'aie de me plaindre de vous du secret que vous m'avez fait... (V, 312, Am. med. I, Iv note). On n'a nul droit de murmurer Des grâces que leur main [la mains des Dieux] ne veut plus nous étendre (VIII, Psy. 656). Étendre jusqu'à nous, répandre sur nous. Je t'achète... des rubans à tous les marciers qui passont (V, 110, D. Juan, II, 1). De ce qu'elle s'y met [dans sa tête] rien ne la fait gauchir (III, Éc. d. f. 822). Ce qu'il trouve qu'il ne lui est point arrivé [il doit] l'imputer à bonne fortune (VIII, 454, Scap. II, v). Voy.au Lexique : imputer à quelqu'un, s'imputer quelque chose à péché, à injustice, à bonne fortune, à trop de lâcheté. Vos mépris me sont connus (VI, 547, G. D. II, 11). Monsieur, suis-je connu de vous? (VI, 525, G. D. I, v.) (C'est à votre père) Qu'il vous faut obéir (IX, F. sav. 1594; cf. 506). [PRENDRE. J'ose vous convier [conjurer] qu'elle [cette action] n'éclate point (I, Dép. Dites-lui ma pensée, et l'avertissez bien [a. 860). Qu'elle ne vienne pas m'échauffer les oreilles (IX, F. sav. 1112, 1113). ... Il faut attendre Quel parti de lui-même il résoudra de prendre (I, Dép. a. 1573, 1574.) Pourrai-je point m'éclaircir doucement s'il y est encore? (VI, 557, G. D. II, vi.) Je vous apprendrai bien s'il faut sortir sans nous (II, Éc. d. m. 130). Sganarelle demande conseil au Seigneur Géronimo s'il se doit marier ou non (IV, 71, Mar. f. I, 1, Livret de 1664). (Votre plus court sera) D'accepter sans façons l'époux qu'on vous destine. J'ignore, dites-vous, de quelle humeur il est, Et dois auparavant consulter s'il vous plaît (II, Sgan. 16). Je prends à témoin le prince votre père si ce n'est pas vous que j'ai demandée (IV, 214, Pr. ďÉ. V, 11). Il faut qu'ils vous chantent une certaine scène d'une petite comédie que je leur ai vu essayer (VI, 237, Sic. 11). Vous n'êtes pas la première femme... qui ait auprès d'elle un Monsieur le Receveur, dont on lui voit trahir et la passion et la bourse, pour le premier venu qui lui donnera dans la vue (VIII, 594, Escarb. vIII). Je reçus d'eux [des Dieux] en toi, ma fille, Un présent que mon cœur ne leur demandoit pas; J'y trouvois alors peu d'appas, Et leur en vis sans joie accroître ma famille (VIII, Psy. 680). (Je ne m'étonne pas) De voir prendre à Monsieur la thèse qu'il appuie (IX, F. sav. 1326). Vous à qui j'ai tant vu parler de son mérite? (V, Mis. 1598.) Cf. VOIR (7 division, dernier exemple). Je ne l'ai jamais vu, et je l'ai seulement ouï dépeindre à mon frère (V, 151, D. Juan, III, ш). Vous leur aurez oui leur disgrâce conter (I, Ét. 1340). J'ai ouï condamner cette comédie à certaines gens (III, 332, Crit. v). C'est fort bien fait à vous et vous le prenez comme il faut (V, 94, D. Juan, I, II; cf. IX, F. sav. 197). Voy. le Lexique, t. I, p. 7, pour A, équivalent de par, après un infinitif régi par les verbes laisser, faire, entendre, et dans les expressions, c'est mal fait à vous, c'est bien dit à vous. Oui, mon cœur, trop vengé par de si rudes coups, Laisse à leur cruauté désarmer son courroux (II, D. Garc. 1567). Cesse donc d'insulter au sort d'un misérable, Et laisse à mon devoir s'acquitter de ses soins (VI, Amph. 448 et 449). La liberté de s'acquitter... Laissez-lui croire ce qu'elle voudra (V, 130, D. Juan, II, iv). Un dragon surveillant dont la sévérité Ne lui laisse jouir d'aucune liberté (II, Éc. d. m. 314). Voy. à LAISSER. A des ardeurs si belles Laissons-nous enflammer (VIII, 64, Bourg. g. I, II, Dial. en mus.). ... - Ne vous laissez point séduire à vos bontés (IX, F. sav. 1572: note). Son esprit... se laisse éblouir à la qualité (VIII, 129, Bourg. g. III, 1x). Eh! Monsieur, laissez-vous toucher à ses prières et aux miennes (IX, (Est-ce)... que j'aurois cette foiblesse d'âme [434, Mal. im. III, xiv). De me laisser mener par le nez à ma femme? (IX, F. sav. 1582.) Faire ET UN INFINITIF AVEC UN RÉGIME INDIRECT LOGIQUEMENT SUJET DE L'INFINITIF : Son amour au désespoir lui fait trouver moyen de s'introduire dans la maison de sa Bergère (IX, 362, Mal. im. II, v). Par ma foi! Il mériteroit qu'elle lui fit dire vrai (VI, 533, G. D. I, vi). Voyez une ancienne construction dans la Lettre sur l'Imposteur (1667), t. IV, p. 552, au second renvoi. J'ai de fortes raisons qui m'ont fait révéler Un hymen que vous-même aviez peine à celer (I, Dép. a. 963). Qui m'ont décidé à réveler.... Mais me est-il ici régime direct ou indirect? Ainsi que te, nous, vous, il peut être l'un ou l'autre, et les exemples ne manquent pas d'infinitifs joints à faire qui, bien qu'en dépende un complément direct, ont pour sujet logique, non, comme le veut la règle d'aujourd'hui, un pronom au datif, mais un pronom à l'accusatif. Voyez la Syntaxe francaise du XVII siècle de M. Haase, § 90 nous y trouvons citée cette phrase de Mme de Sévigné (t. VI, p. 194, 1680) : « On ne la fera point dire ce qu'elle ne dit pas ». L'amitié qui me lie à Monsieur votre frère me fait prendre intérêt à tout ce qui vous touche (IX, 201, F. sav. après le vers 1704). La subtile adresse de ma carogne de femme pour se donner toujours raison, et me faire avoir tort (VI, 565, G. D. II, vii). (J'ai cru) Que je pourrois vous faire écouter la raison (IX, F. sav. 1464). Vous avez un ridicule orgueil, une impertinente présomption qui fait hausser les épaules à tout le monde (IX, 373, Mal. im. II, vi; cf. II, D. Garc. 936; III, Fach. 78; IX, F. sav. 1022). Faire ET UN INFINITIF AVEC UN RÉGIME DIRECT LOGIQUEMENT SUJET DE L'INFINITIF : J'avois donné ordre qu'on ne me fit parler personne (V, 166, D. Juan, IV, I note). Qu'on ne laissât personne parler à moi. Une certaine Claudine, qui tout du premier coup a compris ce que je voulois, et qui m'a fait parler à sa maîtresse (VI, 513, G. D. I, 11). La grammaire, qui sait régenter jusqu'aux rois, Et les fait la main haute obéir à ses lois? (IX, F. sav. 466; cf. 1489, 1756; IX, Val-de-Gr. 156, 226.) Valère sur ce point me fait vous visiter (IV, Tart. 419). C'est à la demande de Valère que je viens vous entretenir de ce point (du mariage de Valère). (Apprends-moi donc) Qui te fait me chercher? (I, Dép. a. 91.) Vous me faites un bien, me faisant vous connoître (V, Mis. 1704). Faire ET UN INFINITIF AVEC UN RÉGIME DIRECT LOGIQUEMENT RÉGIME DE L'INFINITIF : Ses vertus de chacun le faisoient révérer (IX, Sonnet à Le Vayer). Voyez une ancienne construction dans la Lettre sur l'Imposteur (1667), t. IV, p. 556 et 564 aux per renvois. Se faire ET UN INFINITIF, se ÉTANT LE RÉGIME SOIT DIRECT, SOIT INDIRECT DE CET INFINITIF : Je sais qu'un bruit commun, qui partout se fait croire, De la mort du tyran me veut donner la gloire (II, D. Garc. 1728). En dépit qu'on en ait, elle se fait aimer (V, Mis. 232). (Quand on est honnête homme) On répugne à se faire immoler ce qu'on aime (IX, F. sav. 1509). Faire et Laisser, RÉGISSANT UN INFINITIF DE VERBE RÉFLÉCHI, avec ELLIPSE DU PRONOM RÉFLÉCHI (voy. d'autres exemples au VERBE [Voix réfléchie] et à ELLIPSE, et comparez, au Lexique, le 3o ex. de MENER): Qu'on me laisse ici promener toute seule (VII, 405, Am. magn. I, v). (Cette intrigue) Où me faisoit du sang relácher la tendresse (II, Éc. d. Quel bourru transport [m. 859). Contre vos propres vœux vous fait roidir si fort? (I, Dép. a. 1064.) En quoi c'est qu'il les faut [les mots] faire ensemble accorder. MART. Qu'ils s'accordent entr'eux ou se gourment, qu'importe? (IX, F. sav. 502, 503.) ARG. Tu m'as fait égosiller, carogne. ToIN. Et vous m'avez fait, vous, casser la tête (IX, 287, Mal. im. I, n). Le hasard nous a fait connoitre il y a six jours (IX, 295, Mal. im. I, v). La violence de sa passion le fait résoudre à demander en mariage l'adorable beauté..... (IX, 362, Mal. im. II, v). [Ton ouvrage nous dit] Quel adoucissement des teintes de lumière Fait perdre ce qui tourne et le chasse derrière (IX, Val-de-Gr. 180). Faire ET UN INFINITIF, SANS MOT EXPRIMÉ, POUR REPRÉSENTER LE RÉGIME DE faire OU LE SUJET DE L'INFINITIF : Cet empire que tient la raison sur les sens Ne fait pas renoncer aux douceurs des encens (IX, F. sav. 102; cf. 18). Les utiles conseils font passer pour fâcheux, Et vous laissent toujours hors de la confidence Où vous jette d'abord l'adroite complaisance (II, D. Garc. 423). Vous font passer, font passer les gens. (Je ne sais quoi) Qui d'abord fait juger que c'est un maître roi (VI, En nous formant Nature a ses caprices; [Mélic. 136). Divers penchants en nous elle fait observer (VI, Amph. 728). Et je ferois crever de rire (VI, Amph. 658). EXEMPLES DIVERS DE faire ET UN INFINITIF : Il est aisé de vous faire paroître (Qu'il dit vrai) (I, Dép. a. 1005). [C'est un stratagème tenté] Pour détromper ma sœur, et lui faire connoître Ce que son philosophe à l'essai pouvoit être (1X, F. sav. 1763). (Dis-nous)... quel est ce pouvoir qu'au bout des doigts tu portes, Voyez aux VERBES (Verbes employés absolument), et l'avant-dernière série d'exemples du paragraphe précédent. HALI. Quand allez-vous? ADR. Tout de ce pas (VI, 258, Sic. 1x). Quand vous rendez-vous où vous avez dessein d'aller? Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte (IV, Tart, 865). Vous monte au cerveau. Cf. : Au visage sur l'heure un rouge m'est monté (III, Fách. 41). |