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attaqué, le glaive à la main, votre ennemi! Une femme, ô honte, ô facrilège! Une femme vous a prêté fon bras, Mais Orefte vit encore. Que les Dieux propices vous le rendent, & que ces deux parricides meurent fous les coups.

EGY STH E.

C'est pouffer trop loin l'infolence. Vous éprouverez bientôt......

LE CHŒUR.

Au fecours: citoyens, le moment, presse; au fecours. Vengez les loix par l'épée.

EGYS THE.

Et moi, s'il le faut, je mourrai l'épée à la main.

LE CHEUR.

Nous acceptons l'augure. La fortune en décidera.

CLYTEMNESTRE.

Ah! cher Egyfthe, ne multiplions pas nos maux ; il eft tems de les terminer. C'est afféz de fang & de carnage. O vieillards,

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retournez dans vos maifons; ne vous ex◄ pofez pas à de nouvelles calamités. Ce que nous avons fait, nous avons été forcés de le faire. Si nous devions y avoir regret, la colère du ciel fuffiroit pour nous en punir. Prenez confeil d'une femme; vous n'aurez pas lieu de vous en repentir.

EGY ST E.

Ne fouffrons pas que ces hommes téméraires nous infultent, qu'ils provoquent les Dieux contre nous, & qu'ils s'opposent à nos fages deffeins.,

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Non les Agiens ne reconnoîtront point un tel maître.

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LE CHŒUR.

Jouiffez, tyran, jouiffez de votre for tune. Outragez la juftice, vous le pouvez,

EGY STH E.

Cette folle infolence ne reftera pas

impunte.

LE CHŒUR.

Triomphez avec orgueil devant une femme.

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CLYTEM NESTRE.

Rentrons, Egyfthe; méprifez ces vains murmures. Maîtres de ce Palais, nous fau rons bien nous faire obéir.

Cette traduction a de la nobleffe de la fimplicité, de la précifion; les formes de dialogue font rendues avec beaucoup de naturel & de facilité; c'est ce qui eft furement la partie la! plus difficile de cette forte d'ouvrage. On reprochera feulement au premier difcours d'Egyfthe, des phrases découfues, défaut un peu trop général dans cette verfion; M. de Pompignan

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femble y avoir affecté le ftyle coupé, pour atteindre à l'énergie; mais il n'y a point de force ni de chaleur fans mouvement, & le ftyle trop brifé dé→ truit le mouvement; ajoutez qu'il ne produit plus fon effet dans les occafions où il eft néceffaire. Voyons maintenant la traduction de Modul Theil.

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EGY STA È.

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O douce clarté du jour de la juftice! je dirai donc qu'il eft des Dieux vengeurs, qui veillent d'en haut fur les maux des mortels, puifque mes regards fatisfaits, voient cet homme couché dans ce voile: tiffu par les furies, expiant la rufe cruelle de celui dont il tenoit la naiffance. Le père d'Agamemnon Atrée, Roi de ce pays, difputant le fceptre à Thyefte fon frère & mon père, vous vous en fouvenez, le chaffa de fa maifon & de fa patrie. L'infortuné Thyefte revenu, fuppliant dans fes propres foyers, obtint l'affurance que fa mort n'enfanglanteroit point le Palais de fes ancêtres; mais, pour présent d'hospitalité, Timpie Atrée, l'invitant, avec une perfide

joie, à célèbrer un feftin, lui fit fervir les chairs de fes propres enfans, dont il avoit caché fous la cendre, les membres mutilés. Le malheureux père goûta de ce mets déguifé, devenu fatal aujourd'hui à la race d'Atrée. Le forfait reconnu, if gémit, rejetta de fon fein l'horrible nour riture, renverfa la table, & dévoua les Pélopides au plus affreux deftin. Dès-lors dut périr la race de Plyfthène; dès-lors fut arrêtée la mort d'Agamemnon c'eft! avec juftice que j'en fuis l'artifan. Troi fième fils d'un père infortuné, dès mon berceau, je fus exilé avec lui. Nourri pour le venger, la juftice m'a ramené ; c'eft moi qui, par la main d'autrui, ai frappé le coup: mes confeils ont tout fair. Déformais je puis mourir content fur l'en➡ nemi tombé dans le piège de la vengeance,

LE CHŒUR.

Egyfthe, l'infolence dans le crime eft horrible à mes yeux. Vous ofez vous vanter d'avoir été l'affaffin de ce Prince d'avoir feul conseillé fa mort déplorable. Ah ! vous en répondrez sur votre tête"

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