Images de page
PDF
ePub

du feizième fiècle, Albin de Avenelles, Chanoine de la Cathédrale de Soiffons a rendue par ces vers naïfs :

Vous devez croire à ma fage vieillesse
Beaucoup plutôt qu'à ma folle jeunesse ;
Et fi devez le Pontife de Rome

Plus estimer qu'un autre privé homme
Jettez Enée & Pie recevez, &c.

J'ai dit, en commençant, que la Notice fur Pie II, donnée par le traducteur, étoit tout-à-fait informe & fuperficielle. Pour juftifier ce jugement, je me borne à deux affertions de cet anonyme : 1°. il affirme que, par l'indigence de fes père & mère, Sylvius fut obligé de garder les trou peaux pour vivre. Jacques Lenfant avoit dit, (Hiftoire du Concile de Bale, tom. 2, pag. 94), que Sylvius étoit né de parens fi pauvres, qu'il fallut d'abord qu'il gagnât fa vie à la fueur de fon vifage; ce que Bruys a répété mot à mot, tom. 4, pag. 188 de fon Hiftoire des Papes; avant Lenfant, Platine avoit déjà écrit: parce adeò ac duriter vitam ducens, ut omnia ruris

officia ob inopiam adire fit coactus; mais ni Jean Stella, dans fon Hiftoire des Papes, ni Jean-Antoine Campanus, Evêque de Téramo dans l'Abruzze(1),

(1) L'édition faite à Bâle en 1571, in-folio, des œuvres d'Enéas Sylvius, où se trouve fa vie, écrite par Platine, par Stella, par Trithème & par Campanus, qualifie ce dernier Epifcopus Aretinus; c'est une faute typographique au lieu ďAprutinus. Cette vie de Pie II, par Campanus, fait partie des Œuvres de cet Auteur, imprimées à Rome en 1495, in-folio, & à Venife, per Bernardin. Vercellenfem, fans date, auffi in-folio ; & elle fe retrouve dans le tome troifième, partie première des Rerum Italic. Scriptores de Muratori ; fes lettres & fes poëfies latines ont été réimprimées avec sa vie en tête, par JeanBurchard Mencken, à Leipfic en 1707, in-8°., édition plus correcte que celles du quinziéme siècle, & qui préfente pours tant de fingulières fautes d'impreffion. Par exemple, dans la lettre 16, liv. 2, page 82, l'Auteur dit de Mithridate: cum quo

dans la vie de Pie II, ni Trithème dans fes Ecrivains Eccléfiaftiques, n'ont parlé de cette circonftance, que Sylvius eût été obligé de garder les troupeaux pour vivre; & l'Auteur auroit bien fait d'indiquer la fource inconnue où il puifé une pareille anecdote: en attendant qu'il en prenne la peine, j'aime mieux m'en rapporter à Gobellin, Secrétaire du Pape Pie II, ou plutôt à Pie II lui-même, que l'on croit le véritable Auteur des Mémoires, auxquels Gobellin n'a fait que prêter fon nom. Ces Mémoires difent expreffément que Sylvius alla à Sienne à l'âge de 18 ans. « Cùm diu » apud patrem civili exercitatione quavis officia ruris animi levandi causâ, prout à nobilioribus fieri folt, obüiffet. Voyez Commentar. Pi II, lib. I, pag. 2, édit. de Francfort, 1614, in-folio.

PORRO quadraginta, ut ferunt, annis bellum variâ fortuna geffit. Ce mot porro ne fignifie rien; il faut lui fubftituer Po. Ro. abrégé de Populus Romanus,

2o. L'anonyme affûre que Sylvius écrivit fa lettre 15e pendant une de fes Ambaffades Apoftoliques à Straf bourg, après avoir été couronné Poëte par l'Empereur Frédéric, en 1439, & il laiffe croire qu'à l'époque de cette lettre, Sylvius étoit engagé dans les Ordres or, il eft conftant que c'eft par le Concile de Bâle que Sylvius fut envoyé trois fois à Strasbourg, non après avoir été couronné Poëte, mais bien avant ce couronnement qui n'eut lieu qu'à la fuite de fa Légation auprès de l'Empereur, par le Pape Felix V. Il eft encore constant que, lors de l'élection de Félix V en 1439, & par conféquent bien après les Ambaffades de Sylvius à Strasbourg, il n'étoit pas encore engagé dans les Ordres, & que pendant le Concile de Bâle, il refufa de contracter cet engagement. Voici ce que portent les Mémoires de fa vie, page 8.

[ocr errors]

Quia nondum facris Ordinibus ini» tiatus, incapax ejus officii videbatur, » litteras ei dedere (Bafileenfes quarum, » vigore uná die, extra tempora à jure flatuta, Subdiaconatum & Diaco

[ocr errors]
[ocr errors]

» natum cum minoribus Ordinibus affumere poffet: fed noluit Eneas.... » facris fe imbuere» (1). C'eft dans de pareilles fources qu'il falloit puifer, auffi bien que dans les lettres de Jacques Amannati, Secrétaire de Pie II, connu depuis fous le nom de Cardinal de Pavie, pour donner fur ce Pape une notice fatisfaifante. Mais il paroît que l'objet de l'Auteur anonyme, en publiant la traduction Françoife d'une lettre licencieuse, a été d'y inférer fon fentiment particulier contre le célibat Eccléfiaftique, pour le faire paffer à l'abri d'un nom refpectable. Du refte, ce traducteur eft fi fuperfi

( 1 ) Ce récit s'accorde parfaitement avec la lettre cinquantième de Sylvius, à Pierre de Noxeto, à qui il écrit lui

[ocr errors]

même :

Adhuc cavi ne me facer Ordo involveret ; » timeo enim continentiam quæ licèt laudanda »fit, verbis tamen quàm factis probabilior eft. » Philofophis magis quàm Poëtis conve

» niens, &c.

« PrécédentContinuer »