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lon plufieurs Auteurs, une terre habitée qui joignoit l'Efpagne & l'Amérique que c'étoit - là qu'étoit la fameufe Atlantique de Platon. Ce qui m'étonne, c'eft la furprise de l'Auteur à cette nouvelle. Comment donc un Auteur ignore-t-il les rêveries de mille Ecrivains à ce fujet ?

Comme tout eft changé! Vers le tems de Lamec

Vous auriez pourrant fait ce voyage à pied

Bon

fec..

L'AUTEUR.

On n'entend pas grand chofe à la digreffion que fait enfuite M. l'Abbé, pour prouver que c'eft de cette Ifle que viennent les Arts & les Sciences. Le principal mérite de la plaifanterie eft de joindre la fineffe à la clarté. Je doute que vous trouviez aucune de ces qualités dans les vers fuivans. II s'agit de la défunte Atlantique :

C'eft auffi, comme on fait, dans le même entrepôt

Que très-difcrétement nos Encyclopédiftes Des Sciences, des Arts dont ils suivoient les pistes,

Par ordre alphabétique ont trouvé le dépôt.

Mais ce livre Atlantique avoit un grand défaut ;

On ofoit y prêcher la paix, la tolérance;
Et l'article morale, & fur-tout bienfaisance
Sont caufe que cette Ifle hélas! a fait capot.
Cette Ifle alors en proie à de prétendus.
fages,

Qui des peuples trompés en tout tems, en tout

lieu,

Eclairoient les efprits par leurs mauvais ouvrages,

Et comme ce Socrate, objet de vains hom

mages,

Avoient l'impiété de n'adorer qu'un Dieu; Mais où l'on a du moins compté jusqu'à trois Vierges,

Des jardins d'Hefperus ces fidelles concier &c.

ges,

2. M. l'Abbé loue-t-il ? blâme-t-il ? C'est ce que j'ignore. Et ces phrases à

la toife, font-elles bien propres au genre plaifant ?

J'aime encore mieux le ton grave. de l'Auteur, que la pefante gaieté de fon interlocuteur. On trouve au moins dans quelques uns de fes tableaux, de la force & de l'énergie. On a beaucoup vanté de nos jours, les fauvages, leurs mœurs, leurs ufages, leur bonheur ; l'Auteur a le bon efprit de ne point fe laiffer engouer de ces peintures romanefques & exaltées, & les préfente tels qu'ils font, fort infenfibles, fort féroces & fort malheureux.

Quoiqu'en dife Rouffeau, que j'aime & que j'honore,

Si l'homme en nos cités n'eft pas exempt de maux,

Le fauvage eft cent fois plus miférable

encore.

Et vices & malheurs, il a tous les fléaux; Saas plaifirs, fans vertus, fans devoirs qu'il respecte,

Son cœur eft auffi vil que fa vie eft aba jece.

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M. l'Abbé craint que l'Auteur à fon tour, n'exagère.

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Ami du genre humain mais ami trèscauftique,

Rouffeau, le bon Rouffeau n'eft pas exemt d'humeurs;

Je le fais, il a pu, dans sa verve caustique, Faire de fon fauvage un beau panégyrique ! Exprès pour déprimer & certe injustement, Nos pauvres citadins qui le célébroient

tant.

Mais ne donnez-vous point dans un excès contraire ?

L'Auteur répond à ces vers mieux tournés, plus libres & plus faciles que les premiers, en perfiftant dans fon opinion; il préfente le fauvage infenfible à l'amitié, à la pitié, à l'amour.

Infenfible, ô nature, à tes plus tendres

vœux,

méconnoît l'amour, c'eft un monftre à

tes yeux.

L'Auteur n'eft pas plus fatisfait du Tol & des productions de l'Amérique que des mœurs de les habitans. J'ef

père que vous le ferez, Monfieur, du tableau qu'il trace de ces fauvages contrées. Je n'ai qu'un regret, c'est de ne pouvoir vous le préfenter en entier.

Tandis que, pour orner le fol de nos climats,

Les arbres vers les cieux s'élèvent en por

tique,

Leur famille trop vafte au fein de l'Amérique,

Y furcharge la terre & ne l'embellit pas. Vous n'y verrez jamais leur tige libre & pure,

Agiter dans les airs sa jeune chevelure. Dégradés, vils appuis des plus vils végé

taux

Du lichen qui les fouille empruntant la verdure,

Au milieu des buiffons leurs indignes

rivaux,

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Ils cachent d'un front nud la honteufe parure.

Sur cet amas confus d'avortons languiffans, Les débris entaffés d'arbres morts & mou

rans,

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