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Elèvent une voûte impénétrable, obscure; Inacceffible à l'air, tombeau de la nature.

Là, des vallons noyés fous d'immobiles.

eaux,

S'élèvent dans la nuit de funèbres oiseaux, Dont les lugubres cris & le fombre plu

mage

Semblent du noir Cocyte annoncer le ri

yage.;

Tandis qu'un long effain d'infectes veni

meux,

De reptiles impurs les fifflemens affreux, Et tout l'air infecté d'une vapeur immonde, Tourmentant l'odorat & l'oreille & les yeux, Répandent à l'entour une terreur profonde.

Mais que vois-je ? parmi ces neiges, ces frimats,

De ces monts couronnés par d'autres monts

de glace,

Une épaiffe fumée a couvert lá furface; La foudre à chaque instant brille & tombe en éclars;

Des flots impétueux vomis par cent nuages

Inondent à grand bruit ces funeftes ri

vages;

La terre épouvantée & tremblant fous mes

pas

Par un murmure fourd répond à la tempête.

A l'aspect de ces feux transformés en

torrens,

Aux éclats de la foudre, aux murmures

des vents,

A ces convulsions de la terre & de l'onde, A ce combat affreux de tous les élémens Seul parmi ces débris & ces renversemens, Revenu par degrés de ma terreur profonde, En élevant au ciel mes bras reconnoiffans, Je me crois échappé des ruines du monde.

Après avoir ainfi réfuté les diverfes objections de M. l'Abbé, l'Auteur termine ce dialogue par un éloge des nouveaux Etats de l'Amérique, & dụ fage Monarque qui les a rendus libres; tout bon François applaudira fans doute, au fentiment qui a dicté ce

morceau.

Les bonnes ou mauvaises plaifan

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teries de M. l'Abbé, forment quelquefois avec le ton de l'Auteur, un effet trop difparate. D'ailleurs, ce dialogue eft généralement bien écrit. Les vers font harmonieux, pittorefques, & à quelques obfcurités près, d'un beau coloris.

Le refte du volume eft rempli de notes quelquefois bifarres, mais plus fouvent curieuses & inftructives. Elles embraffent une foule d'objets, dont un grand nombre pourroit être fufceptible de difcuffion.

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'M. l'Abbé eft un mauvais plaifant, quand il fe moque de l'hiftoire d'Hercule faite par M. Chompré, qu'il appelle le bon Licencié. Cet article ainfi que tous ceux du Dictionnaire de la Fable, s'il n'eft pas d'une vérité réelle, est d'une vérité convenue. Quoiqu'il n'y ait rien de vrai dans la Mythologie; la Mythologie eft vraie.

Quoiqu'ami de la tolérance, l'Auteur ne la porte point jufqu'à vouloir qu'on permette publiquement la lecture des livres dangereux en matière de religion. Il est étonné avec raison qu'Emile foit entre les mains de tout

le monde, & que les Bonnes l'amalgament avec le Magafin des Enfans, Il lui femble que la profeffion de foi du Vicaire Savoyard eft un étrange fupplément à leur cathéchisme.

Au reste, ce qu'il y a de bon dans cet ouvrage, eft fur le compte de l'Auteur. M. l'Abbé fe charge de la partie la plus délicate, & la moins édifiante. Je doute, malgré ses efforts pour être plaifant, qu'il ait beaucoup de rieurs de fon côté ; ce ne feront pas du moins les gens fenfés.

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GRAMMAIRE DES DAMES, OU Nouveau Traité d'Orthographe Fran coife, réduite aux régles les plus fimples, & juftifiée par des morceaux choifis de Poëfie, d'Hiftoire, &c. ouvrage dédié à Madame la Comteffe de Genlis; par M. l'Abbé Barthe. lemy, de Grenoble, A Genève, chez Paul Barde, Imprimeur-Libraire ; & Je trouve à Paris, chez Buiffon, Libraire, Hôtel de Mefgrigny, rue des Poitevins, N°, 13. .

Cette Grammaire juftifie parfaitement tout ce que fon titre promet. Les règles en font fimples claires & nettes. Les jeunes Demoifelles peuvent s'en fervir avec fruit pour apprendre très-facilement l'Ortohographe. Les préceptes fecs & arides par euxmêmes, font égayés par des exemples

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