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lérée que permife à la Chine. Les anciens fages de la nation l'ont conftamment décriée, & regardée comme un art corrupteur. Toutes les falles de fpectacle, mifes fur le même rang que les maifons de proftitution, font réléguées dans les Fauxbourgs des Villes Les gazettes Chinoifes s'empreffent de publier le nom du plus obfcur légionnaire qui s'eft montré avec courage dans un combat ; elles annonceront à tout l'Empire l'acte de piété filiale, le trait de modeftie & de pudeur d'une fimple fille des champs; mais les Auteurs de ces papiers feroient punis, s'ils ofoient infulter à la nation, jufqu'à l'entretenir du jeu & des fuccès d'un mime, du genre de danfe, des graces & de la figure d'une Comédienne.

Les difcours académiques n'obtiennent pas plus de fuccès à la Chine, que parmi nous. Tous les bons lettrés gémiffent fur le faux goût qu'a introduit cette éloquence académicienne: ils appellent les Auteurs de toutes ces bagatelles oratoires, bou ches d'or & langues de bois.

Nos modernes jardins Anglois ne font qu'une foible imitation des jardins de plaifance de la Chine, où certains Empereurs ont fouvent déployé un luxe puéril de conftructions bifarres, des ponts de caprice & de fantaifie, auffi variés par leurs formes que par les ornemens. Yang-ti, le Sardanapale de la Chine, les avoit tellement multipliés, qu'ils donaèrent lieu aux représentations d'un Cenfeur de l'Empire. Nous ne pouvons mieux finir, qu'en rapportant le difcours ferme & courageux de ce refpectable Officier. Plus les ponts inutiles de » vos jardins, anciens & nouveaux » s'embelliffent & fe multiplient, plus » les ponts néceffaires fe détériorent » & diminuent dans toutes les Pro» vinces. Les nombreux effaims d'ar»tiftes qui accourent dans votre ca» pitale de toutes les extrêmités de

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l'Empire, ne feront pas des foldats » contre les Tartares, qui nous me» nacent; & après avoir bâti un plus grand nombre de ponts qu'aucun » de vos prédéceffeurs, il eft bien à > craindre que vous n'en trouviez pas

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» pour fuir le vainqueur. Votre hum »ble fujet en sèche d'affliction, & » ne dit fes juftes craintes à Votre Majefté, que parce qu'enivrée des menfonges de les flatteurs, Elle ne » voit que les fleurs de la coupe empoifonnée qu'ils lui préfentent. Songez, Seigneur, qu'un vieil Offi»cier qui vous dit la vérité au péril » de fa tête, craint plus la mort pour » Votre Majefté que pour lui ».

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Je fuis, &c.

LETTRE X.

GALERIE HISTORIQUE univerfelle par M. P***, première & feconde livraison avec privilège du Roi 1786

Sorr qu'on réfléchiffe, Monfieur,

fur les exploits d'Alexandre, de Céfar; foit qu'on médite les ouvrages de Socrate, de Platon, de Virgile ou d'Horace; foit qu'on admire les vertus des Titus, des Marc-Aurele, & des Princes qui leur reffemblent; foit enfin, qu'on applaudiffe aux chef-d'œuvres des Raphaël, des Michel-Ange ou bien aux découvertes fublimes des Galilée, des Newton, quelle fenfation agréable ne fait point éprouver la vue de leurs portraits! On cherche à démêler dans les traits de ces hommes immortels, l'empreinte de leur ame, de leurs vertus, de leurs talens', de Teur génie l'art, les reffufcite, en quelque forte, pour les offrir à nos

yeux; & d'un feul trait, les peint plus facilement que les defcriptions les plus détaillées. Nous jouiffons de ces avantages, fans prefque nous en appercevoir, parce que l'habitude émouffe les plaifirs; mais ils n'en font pas moins réels, lorfqu'on fait les apprécier.

Tels font les motifs qui auront engagé M. de P*** à donner au public cette nombreufe & intéreffante collection, qui fera compofée de mille portraits, chacun accompagné de trois pages de difcours, & formera dix volumes. Les notices font claires précises, impartiales ; &, ce qui est affez rare dans une pareille entreprife, deffins, gravures, & texte, tout eft de

la méme main.

Cet ouvrage, qu'on peut regarder comme l'abrégé d'un dictionnaire hiftorique, & peu fufceptible d'extrait; jeme borne, Monfieur, à vous indiquer les portraits contenus dans les deux premiers cahiers qui viennent de paroître. Dans l'un, on trouve les por traits d'Alexandre, d'Anne de Boulen de Cicéron, de Fénélon, de Manazielle,

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