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» campagnes, fe payoient par leurs » propres mains, & comptoient au » rang de leurs privilèges la rapine » & le brigandage. Vous, le plus » vaillant de nos Rois, vous, dont » l'enfance & la jeuneffe furent nour»ries dans les camps, à peine futes» vous fur le trône que vous ne fongeates qu'à protéger les labou> reurs contre les foldats.... Vos. » premiers édits affignèrent des fonds » permanents deftinés à payer vos > troupes. Certaines déformais de → recevoir leur falaire à l'inftant où » il étoit dû, elles n'eurent plus de » prétexte pour rançonner vos fu» jets.... Vous enjoignîtes à vos » gens d'armes de prendre toujours >> leurs quartiers dans des villes mu»rées, vous leur défendîtes d'appro » cher des villages, de s'écarter dans » les campagnes, & vous rendîtes » leurs chefs refponfables des défor» dres qui feroient commis. Par ces moyens fi fimples, fi faciles, le » laboureur, jadis dépouillé par ceux» qu'il payoit pour le défendre, recueillit en paix fes moissons. Il bé

"nit le nom d'un Roi qui veilloit » fur fa chaumière. Il vous donna » de bon cœur le tribut qu'autre»trefois il falloit lui arracher; & les

larmes amères que faifoient couler » les impôts furent changés en des » larmes de reconnoiffance & de joie. Le Garde des Sceaux paffe enfuite à l'éloge de l'économie de Louis XII. »Vainement, lui dit-il, vos enne

mis & quelques-uns de vos cour »tifans cherchèrent à jetter du ridi cule fur une vertu qui faifoit la félicité de vos peuples; vainement » ils poufsèrent l'infolence jufqu'à jouer fur le théâtre ce qu'ils ap» pelloient votre avarice. Vous, plus » occupé de rendre heureux ceux qui » vous railloient, que dé punir leurs

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railleries, vous répondites avec dou» ceur: Laiffons - les fe divertir, ils. » peuvent nous apprendre des vérités utiles. D'ailleurs j'aime beaucoup » mieux faire rire mes courtisans de → mon avarice, que de faire pleurer mon peuple de ma prodigalité.

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Poncher ne s'arrête pas en fr beati chemin; il poursuit le détail de l'ad

ministration jufte & bienfaifante de Louis XII, de fes établissemens utiles, de fes édits mémorables concernant la juftice & les devoirs des Magif trats, fur-tout de celui où il leur ordonne de fuivre toujours la loi, malgré les ordres contraires à la loi que l'importunité pourroit arracher au Monarque. Il faut avouer que ces détails présentés fimplement, louent beaucoup mieux un bon Roi que les amplifications les plus étudiées.

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Louis interrompt ces louanges pour fe reprocher la vénalité qu'il introduifit dans les charges de finance. Ah! mon fils dit-il au jeune » François I, ne m'imite pas. Ref pecte du moins la Magiftrature: »ne fouffre pas qu'on l'avilliffe en » la mettant à prix d'argent, & fou viens-toi que pour interpréter les un fens droit & un cœur fenfible font plus néceffaires que les richeffes.

» loix

Cette leçon auroit été fort bonne à donner à François I: on voit bien qu'elle tient lieu ici d'un reproche,

& cette cenfure indirecte n'en eft pas moins heureuse.

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Le bon Louis s'accufe fortement d'une autre faute dont François I ne fe corrigea pas mieux; c'eft de ses guerres en Italie qui l'obligèrent à former des alliances honteufes. » Re» garde, Valois, regarde jufqu'où » peut aller l'aveuglement des con» quêtes! Moi, plus chevalier que » Roi, moi qui aurois préféré de >> mourir plutôt que de manquer à l'honneur, je reçus dans ma Cour, »je comblai de mes bienfaits le fils » d'Alexandre VI; mes François » mes braves François marchèrent fous fes drapeaux; & Louis XII » fut l'allié de ce Pape qui fouilla » la chaire de Saint Pierre par des >> crimes inconnus jufqu'à lui, dont » les moindres forfaits furent des af >> faffinats

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dont l'empoifonnement » fit les délices, qui laiffa loin der» rière lui les monftres de l'ancienne » Rome, & qui prouva fans doute » mieux que les Saints même la divinité de notre religion, puifque les hommes font reftés chrétien

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>> fous un tel Chef de l'Eglife ».

Cette dernière pensée eft faillante, mais elle n'eft pas neuve; elle est présentée avec plus de ménagement dans une lettre de Madame de Sevigné à M. de Coulanges qui étoit à Rome, & qui railloit beaucoup les mœurs voluptueufes des Eminences contemporaines. M. de Florian a peutêtre un peu trop outré cette pensée, en difant qu'Alexandre VI prouva mieux que les Saints même la divinité de la religion. L'indignité d'un Chef ne prouve rien contr'elle fans doute; mais la fainteté des mœurs de ceux qui l'ont profeffée en prouve beaucoup mieux la pureté & la divinité.

Louis expofe en gémiffant fes défaftres & fes pertes en Italie, qu'il regarde comme un jufte châtiment du ciel qui vouloit le punir de ses alliances avec des pervers. Bayard, qui n'avoit encore rien dit, prend ici la parole, & s'écrie avec la franchife d'un bon chevalier, avec cette franchise qui faifoit parler au grand Condé de fes défaites d'auffi

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