vous qu'en foule ici fon fouvenir raf semble, Pour honorer les mœurs & les talens en femble, Qué de votre douleur, mon cœur eft attendri ! Mais vous qu'il a connus, vous qui l'avez chéri, Vous favez, à nos pleurs, s'il a droit de prétendre, S'il fut mortel plus vrai, plus modefte & Si fon ame aisément s'ouvroit à la pitié ; Si ce doux fentiment l'enivra de fes Si fa main nous manqua pour effuyer nos larmes ¡ Oh! comment honorer fon génie & fes mœurs! Donnez-moi, mes amis, des lauriers & des fleurs, Je l'en veux accabler, j'en veux couvrir fa cendre. Mais fon cercueil frémit, ma voix s'est fait entendre. Bij Oui, mon ami, c'eft moi, mon accent t'est connu. C'est moi que, tout fanglant, tes bras ont foutenu. Quoi! c'est moi qui renais, & c'est lui qui fuccombe! Hier, contre fon fein! aujourd'hui, fur fa tombe ! Repofe, & mon ami! dans les bras paternels Du Dieu dont Boffuet encenfa les autels! Non, tu ne la vois plus cette double cou ronne Que t'offrent les talens, que la vertu te donne. Hélas! tous ces lauriers dont je veux te couvrir, Pourront orner ta tombe, & non pas la r'ouvrir. J'y vais graver ces mots: il eft un cœur fenfible, Noble, pur, bienfaifant, fincère, incorruptible, Digne de l'âge d'or, de fon antique foi ; Et mon fiècle attendri, l'a pleuré comme moi. Il y a du moins de la fimplicité & de la douceur dans ce morceau. Il nous femble que l'Auteur n'a pas tiré affez de parti de ce mouvement; mais fon cercueil frémit, &c. Ce mouvement pouvoit le conduire à terminer fon Poëme avec plus de chaleur. Rien n'eft plus froid que le ton didactique & tranquille avec lequel il dit qu'il va faire l'épitaphe de fon ami. En géné→ ral, cette Epître annonce plutôt l'intention que le génie de la fenfibilité. Les fentimens y font rares, les réflexions trop prodiguées. Un plan vague & mal tracé; des lambeaux fans ordre, affortis au hafard, & coufus les uns aux autres par des tranfitions peu naturelles. De beaux vers femés de loin en loin; mais un ftyle inégal, négligé, forcé, obfcur, amphigourique. Une verfification pénible, contournée, furchargée de mots oifeux & de répétitions parafites; rien qui coule de fource, qui entraîne, qui ait cette rapidité d'une verve féconde, & qui donne de l'enthoufiafme au lecteur. Des fautes contre la langue, trop fréquentes, qui ne font point palliées par des beautés, & qui font peu excufables dans un Académicien Fran çois. Le talent de M. Ducis a befoin, pour le foutenir, de fituations dramatiques, du mouvement de la fcène, & de la déclamation d'un acteur. Tel fait bien une fcène, qui n'écrira pas cent vers fupportables dans le genre didactique ou narratif; & ce qu'il y a de plus rare aujourd'hui, c'eft un Poëte qui ait un peu d'ensemble dans les idées & dans le style. Je fuis, &c. LETTRE II. HISTOIRE DE FRANCE, depuis l'établissement de la Monarchie, jufqu'au règne de Louis XIV; par M. Garnier, Hiftoriographe du Roi & de MONSIEUR pour le Maine & l'Anjou, Infpecteur & ancien Profeffeur du Collège Royal, de l'Académie des Belles-Lettres. Tomes vingtneuvième & trentième ; prix 6liv. rel. à Paris, chez la veuve Defaint, Libraire rue du Foin-Saint Jacques. Nyon l'ainé, Libraire, rue du Jardinet, Quartier St. André-des-Arcs. Ces deux volumes, Monfieur renferment les quatre premières années du règne de Charles IX, c'eftà dire, depuis 1560, jusqu'à 1565. Bien des perfonnes vont peut-être fe récrier fur la lenteur de la marche de By |