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bonne grace que de fes victoires: » Oui, Sire, nous fumes battus à >> Seminare à Cerignolle, au Ga»rillan; d'Aubigny Nemours la Paliffe, Louis d'Ars & moi, nous » n'avons pu réfifter à Gonfalve; & » l'art funefte des mines, inventé

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par

Pierre Navarre nous enleva fes » châteaux de Naples: mais nous » fumes toujours vainqueurs quand ❤ vous nous avez commandés.

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Agnadel, nom célèbre à jamais par » les exploits de mon maître ! Agna» del, c'eft dans tes plaines que Louis fut à la fois & Général & >> Chevalier ! C'eft là que fes confeils » éclairèrent la Trimouille, & que fa > valeur effaça tout ce que nous

étions de braves dans fon armée. » En vain, Sire, vos ennemis, plus >> nombreux que nous, maîtres des

hauteurs & retranchés derrière un >> ravin, avoient pour eux l'avantage » du pofte, & fe voyoient comman» dés par Petiliana & l'Alviane, les » deux plus grands Généraux d'Ita» lie. Nous, nous avions notre Roi. Malgré le feu redoublé de l'artil

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»lerie qui emportoit des rangs et»tiers de vos Suiffes, vous courutes

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à ce ravin, vous le franchîtes à » la tête de vos gafcons, & vous » élançant, l'épée à la main, à tra» vers le carnage & le feu , vous » précipitant par-tout où le péril étoit » le plus grand, attaquant tout ce » qui réfiftoit, & employant à la fois » pour vaincre & votre tête & votre bras, vous fites fuir les ennemis » & fites pâlir vos fujets. Oui, Sire, → rappellez-vous que tremblans pour »vos jours, & pouvant à peine vous » fuivre au milieu des lances véni

tiennes, nous vous fuppliâmes de » moins exposer votre perfonne fa» crée : ce n'eft rien, nous dites» vous ceux qui ont peur n'ont qu'à

fe mettre à couvert derrière moi. O → mon maître ! ô mon héros! j'ai

mois la gloire fans doute; mais » combien je l'aimai davantage quand je vous en vis couvert! O valeur, » que tu es belle, fur-tout dans un » Roi! car qu'un foldat comme Bayard, qui n'a de bien que fon épée, cherche le trépas ou l'es

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» time, il remplit fon devoir & fon »fort. Mais que vous, Roi de la » France, amant d'une époufe qui » vous adore, père d'une fille chémaître de paffer vos jours dans les tendres foins, dans les » douces jouiffances d'un époux, d'un » père, d'un Monarque heureux; que » vous, à la fleur de l'age, vous quittiez vos Etats votre Palais, » tout ce qui vous est cher, pour aller » coucher fur la terre, pour aller » donner à vos guerriers l'exemple » de la tempérance, & pour les de»vancer tous quand il faut affronter » la mort; voilà, voilà le comble » de l'héroïlme, & c'eft avec refpect » & juftice que Bayard vous cède » la palme de la valeur ».

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Ce difcours a de la nobleffe & de la vivacité. On y défireroit un peu moins d'apostrophes & d'exclamations, & plus de cette naïveté antique qui diftinguoit nos preux chevaliers & fur tout le généreux Bayard. Voilà l'écueil de tous ceux qui entreprendront de faire parler ces héros fi fimples & fi naïfs, dont

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on nous peindra toujours vaguement & foiblement les mœurs & le carac tère fi l'on ne fait point fe rapprocher de leur naïve fimplicité: Si ce mérite fe fut trouvé dans l'ouvrage de M. de Florian, il y eût répandu beaucoup plus d'intérêt & de vérité. Il nous faudroit un Plutarque ou un Amyot pour écrire les vies de ces anciens perfonnages: mais ni Amyot, ni Plutarque n'auroit le prix de l'Académie qui fe refuse toujours au vou de tous les bons efprits, & qui follicite des déclamations oratoires, au lieu de morceaux hiftoriques d'un ftyle vrai & naturel.

Revenons à la confeffion de Louis XII qui continue de pleurer fur fes pertes & même fur fes victoires. Enfuite il s'adreffe à fon fucceffeur, & lui recommande fon peuple de la manière la plus touchante. Voici fans contredit le morceau le plus digne du bon Roi qui fut fi cher aux François, parce qu'il les aima fincè rement; ce difcours eft écrit avec #cette douce fenfibilité qui trouve le

chemin du cœur & qui attire les larmes.

»Je vous laiffe, lui dit-il, le plus » beau royaume de l'Europe; votre peuple, brave, fidèle, industrieux, » eft doué par-deffus tous les peuples » d'un amour pour fes Rois qui lui » rend tout facile. Je n'ai jamais ou» blié, & tous mes fucceffeurs doi» vent s'en fouvenir, qu'après mes » premiers revers en Italie, je de» mandai des fecours à mon peuple; » Il m'offrit plus d'argent que je n'en ≫ voulois. Ma victoire fur Gènes ren» dit cet argent inutile; je priai mon » peuple de me le garder; & voilà > comment il faut traiter avec lui. » Chez toutes les nations du monde, » ce font les biens qui paient les » impôts; en France, ce font les » cœurs. Aimez donc ce peuple fen

fible qui fouffrira tout fans mur» mure, s'il eft sûr d'être chéri. J'en » fuis un exemple, mon fils : je leur » ai fait paffer fix fois les Alpes; ils » fe font vus fous mon règne battus > en Italie, attaqués en Gafcogne, en Languedoc, en Picardie, en

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