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vérité aux Rois; il faut les toucher & non les endo&triner. La morgue & les remontrances philofophiques peuvent les ennuyer & leur déplaire; mais quel eft le Roi des François qui ait jamais été infenfible au cri de fon peuple?

Ce petit ouvrage de M. de Florian ne peut que faire honneur à fa manière de voir & de fentir, & le confoler du refus de la palme académique: il annonce en beaucoup d'endroits un talent vrai & eftimable; il annonce fur-tout ce qu'il fera capable d'entreprendre, quand il aura le courage de renoncer à ces couronnes éphémères dont le front de la médiocrité doit s'énorgueillir, mais que l'homme fupérieur doit toujours dédaigner.

Je fuis, &c.

LETTRE XVII.

De la raifon dans l'homme, &c.; par M. l'Abbé Brémont, Licencié en Théologie de la Faculté, & Chanoine de l'Eglife de Paris. A Paris, chez la Veuve Hériffant, rue Neuve Notre-Dame; Tomes 1 & 2, le troifième fous preffe.

MONTRER

ONTRER à l'homme l'excellence & la perfection de fes facultés; mettre dans fes connoiffances l'ordre & la liaison néceffaires pour qu'elles fe prêtent un appui mutuel; armer fon efprit de toutes les forces que le fage auteur de fa nature lui a données pour fervir & retenir la vérité, pour diffiper tous les préjugés de l'erreur & s'élever à la certitude & l'imperturbabilité de la science: tel eft le but de l'ouvrage intéreffant que j'ai l'hon. neur de vous annoncer. Deftiné aux fciences

sciences les plus abftraites, M. l'abbé Brémont s'eft apperçu, * dès les premiers pas qu'il a faits dans cette carrière, de la confufion qui règne dans toutes nos méthodes d'enseigner & d'apprendre. Il a vu des connoiffances éparfes çà & là, jettées fans ordre, fans enchaînement, & la raifon privée des fecours qu'elle doit naturellement tirer de la dépendance qui fubfifte entre les vérités qui fe préfentent à elle, C'eft à cette confufion que font dues les incertitudes, les doutes, les erreurs, tous les égaremens de l'efprit humain depuis plus de trente fiècles. Les Sceptiques ne difoient-ils pas que toute propofition

*M. l'Abbé Bremomt a fait fes études eccléfiaftiques au Seminaire de S. Sulpice avec la plus grande diftinction. Il fut le premier d'une licence des plus célèbres & qui a fourni à l'Eglife Gallicane un grand nombre de Prélats également recommandables par leurs vertus & par leurs lu mières.

No. 17. 16 Mai 1786. O

pouvoit être contredite par une autre d'égal poids & d'égale vraisemblance? Les Académiciens reprochoient à la nature d'avoir caché la vérité au fond d'un puits, d'où tous nos efforts ne fauroient la tirer.

Tous ceux qui fe font livrés à l'étude de la philofophie, ont fenti plus ou moins cette imperfection, cette inégalité de la raifon dans fa marche, & l'infuffifance des moyens qu'elle employoit dans la recherche de la vérité. Ciceron, parmi les anciens, l'immortel chancelier Bacon & quelques autres anglois plus modernès encore, ont déploré le plus énergiquement la trifte condition de l'homme. Leurs defirs, leurs invitations aux gens qui cultivent les fciences ont fourni à M. l'Abbé B. l'idée d'une nouvelle difpofition, d'une refonte générale des connoiflances humaines. Il faut voir dans la préface même de cet Auteur l'exposé touchant des motifs qui l'ont déterminé, qui l'ont encouragé à former & à confommer, fi le temps le lui permet, une entreprise auffi utile,

Ce n'eft point une encyclopédie qu'il fe propofe de publier, c'eft un tableau méthodique des connoiffances humaines; c'eft la manière de les claffer & de les traiter pour qu'elles fe fervent d'appui mutuel, en donnant à l'homme le plus haut dégré poffible en cette vie, de fcience & de certitude.

Tous les bons efprits conviendront que c'eft un fervice effentiel à rendre à l'homme, que de le guérir de cette manie de disputer, qui a retardé pendant tant de fiècles les progrès de toutes les fciences, & fur- tout des fciences intellectuelles. L'étude des mathématiques & des fciences qui en dépendent, a commencé la révolution. Mais par un abus dont l'efprit humain n'a point encore appris à fe garantir, on n'a donné d'impor tance qu'à l'objet préfent de la mode & du goût; on ne s'eft occupé que de calculs, on a voulu trouver partout des axiomes, des théorêmes des démonftrations géométriques. Dé fespérant de jamais pouvoir fe connoître & d'arriver à d'autres vérités

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