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» tables befoins, & qui les apperçoivent dans leur vrai jour avec » affez d'attention pour fuivre dans » leurs jugemens & dans leur con» duite la voix de la nature qui leur » parle.

Aux caractères de la raifon dans l'homme fuccède l'énumération des motifs ou moyens de connoiffance & des forces qui nous font données pour guider nos choix & nos déterminations. La vérité & la bonté font les fondemens de tous nos choix, les mobiles de tous les actes de notre volonté. Les fens extérieurs nous avertiffent de l'exiftence actuelle des objets qui nous environnent, les fens intérieurs, le fens intime, le fens moral, l'évidence de nos idées qui correfpond aux fenfations de la vue, les fentimens intellectuels qui corref pondent aux quare autres efpèces de fenfations, le toignage de nos fem blables; tels font les fecours abondans que l'auteur de la nature nous a fournis pour nous affurer de ce qui fe paffe au dedans ou au dehors de noùs. Tous ces motifs ont la même

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force, le même empire fur notre ame, pag. 112, » une manière de la toucher également fûre. Le bien » & le vrai pèfent également fur notre efprit, foit qu'ils foient vus par la clarté de nos idées, foit par les fentimens de tous nos fens in »tellectuels ou corporels ils font également fufceptibles de vivacité, ils peuvent faire à notre efprit la » même violence & lui impofer la » même néceffité. . . . .. & nous ne » fommes pas moins convaincus de l'exiftence des corps qui frappent »nos fens, que des rapports du cer

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cle avec le quarré «. On voit ici que M. l'Abbé B. rejette une métaphyfique exaltée qui voudroit mettre une forte de diftinction entre les dégrés de certitude que peuvent donner les différens moyens de connoiffances. C'eft un avant - gout pour le lecteur de la méthode claire, facile, lumineufe qui doit régner dans un ouvrage dont le titre femble le menacer des difcuffions les plus abftraites & les plus épineufes.

Ces détails & ces préliminaires

étoient indifpenfables pour l'intelligence du nouveau fyftême préfenté par M. l'Abbé B. Il eft fimple & précis; mais la hardieffe & la nouveauté de l'entreprise demandoient tous les éclairciffemens que l'auteur a donnés dans fa préface & dans les cinq premiers paragraphes: dans le fixième il indique les différens ordres de connoiffances que nous acquérons, les diverses régions de la nature que l'efprit a coutume de parcourir, les guides qui le conduifent dans chacune d'elles, les bornes où il faut s'arrêter. L'écueil de tous ceux qui ont écrit fur les opérations de Felprit a toujours été l'ordre qu'ils ont voulu affigner dans la formation de fes idées, dans leur dépendance & leur filiation. Cette route eft impraticable. Dès les premiers pas que fait la raison, elle est déjà munie de tant de connoiffances détachées & difparates, qu'il eft impoffible de trouver le point de dé part & leur centre commun. Plus fage que tous ces écrivains, M. l'Abbé B, parcourt toutes les régions ouvertes

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à l'efprit, » non pas dans l'ordre où elles fe font montrées à lui, mais » dans le rang même que la matière » leur a donné, & d'après l'importance qu'elle a attachée, foit aux → connoiffances qu'elle nous procure, foit aux vérités auxquelles elle » nous prépare ». Cette marche nous paroît la feule raisonnable.

Six claffes ou régions renferment toutes les vérités qui peuvent se préfenter à nous. Le premier a pour objet l'efprit lui-même, la connoiffance de toutes les affections, fentimens, opé rations, les loix qui doivent le diriger dans la recherche de la vérité, &c. Le guide qui nous conduit dans cette région, c'eft le fentiment inté rieur, le fens intime.» Ses impref«fions actuelles, p. 174, font le fon>> dement de toutes les connoiffances phyfiques que nous avons de notre efprit; la renaiffance de ces im"preffions paffées, c'eft-à-dire, le > retour des fentimens qu'il nous a fait autrefois éprouver, fans aucun » rapport à aucun individu exiftant, eft ie fondement de toutes les con

» noissances abstraites & métaphysic ques que nous avons des divers » états de notre ame & des diverfes actions & opérations de notre ef prit ». La feconde région préfente le bien honnête & tout ce qui ap partient à la moralité de nos actions. Ici tout eft fondé fur le Jens moral, fur ce fentiment inné du jufte & de l'injufte. L'impreffion actuelle eft le fondement de la phyfique des mœurs ou de la morale pratique; le fouvenir de ces impreffions, la confidération de leurs rapports, forment la morale spéculative & toutes les règles de l'équité & du droit, foit naturel, foit pofitif.

Le

La troifième région offre à nos regards un autre genre d'objets = » elle comprend, dans la nature entière, tous les êtres matériels qui » peuvent frapper nos yeux... » flambeau qui nous éclaire dans cette région, c'eft le fens de la vue » fes impreffions actuelles font le fon » dement de toutes nos connoiffan » ces phyfiques en ce genre: le re>>tour de fes impreffions paffées, ou

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