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voyages: Telemante, Roi des Salentins, la demandoit pour lui: tout cela ne s'arrangeoit pas avec fon amour pour un Berger. Cependant il fe préfente un expédient. Le fils du Roi des Maruces meurt en route ; & fon père confent à adopter Leo, à le faire påffer pour fon fils, & à lui donner en cette qualité, Camille pour épouse. C'est Camille elle-même qui en fait la propofition à Leo; mais cet honnête Berger aime mieux refter auprès de fa mère, à qui fon fecours eft néceffaire: d'ailleurs, il ne veut pas devoir fa fortune à une fourberie.

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Quelque tems après il perd fa mère, qui lui apprend en mourant, qu'il n'eft point fon fils, & qu'elle l'avoit trouvé dans un berceau, bleffé & mourant fur les frontières des Peligniens. Après lui avoir rendu les derniers devoirs, il court fur les traces de fa maîtreffe, & apprend qu'elle eft partie pour époufer le Roi des Salentins; dans fon défefpoir, il va offrir fon bras aux Maruces, qui le choififfent pour Général. Là finit le récit de Leo, Il reprend avec Numa, le chemin de

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fon ancienne cabane & les deux voyageurs s'égarent en chaffant; Leo ne trouve rien de fon côté ; mais Numa, très heureux pour les rencon→ trouve encore une jeune fille dans un petit bois de laurier, fous un berceau de jafmins fauvages, affife fur un banc de gazon; celle-ci n'eft pas endormie, mais elle a un livre fur les genoux. Voilà encore Numa devenu amoureux. Cependant il ne paffe qu'une nuit dans la cabane, où fa nouvelle maîtreffe vivoit avec fon vieux père & il en repart le lendemain, accompagné de fon ami.

En arrivant à fa cabane, Leo trouve Camille qui l'y attendoit. Le vaiffeau qui la conduifoit à Salente, avoit fait naufrage; & comme fi ce naufrage l'eût abfolument difpenfée de toute obligation envers fon père & fon époux futur, dès qu'elle eft sauvée des flots, elle oublie l'un & l'autre, elle gagne l'Appennin, fe rend à la cabane de Leo, & dès qu'il eft de retour, elle fe marie avec lui, fans le consentement de fon père, fans aucune autre formalité; c'est Numa qui fait la cé

rémonie du mariage. Voilà Leo heureux; mais Numa ne l'eft pas : il a laiffé dans une certaine cabane, une jeune fille qui lui tient fort au

cœur.

La petite fociété s'achemine vers le beau vallon, habité par le vieillard & fa charmante fille, & arrive très-àpropos au moment où des brigands affaffinent le vieillard & enlèvent fa fille vous jugez de quel air les deux Héros fondent fur ces fcélérats. Quand ce feroit une armée entière, il faudroit bien qu'elle fût exterminée par deux hommes; c'eft la loi des romans : ce fervice rendu avance prodigieufement les affaires de Numa; & les blessures qu'il a reçues pour fauver le père & la fille, plaident très-éloquemment en fa faveur.

Pour l'amufer dans fa maladie, le vieillard a la complaifance de lui raconter fes aventures ; c'eft encore un ufage antique & folemnel des anciens Romans. Le bleffé & fa compagnie apprennent avec une grande furprife, que cette humble chaumière fert d'afyle au fameux Zoroaftre, fondateur de la fecte des Ma

ges adorateurs du feu : la perfécution de Sardanapale, Roi de Ninive, l'avoit forcé d'enfevelir fon nom & fa perfonne dans cette retraite inconnue. Le vieillard dogmatife avec beaucoup de chaleur fur fon fyftême de religion, invective beaucoup contre les perfécuteurs, prêche la tolérance avec le ton du fanatifme, ce qui eft fort inconféquent. Le récit eft terminé par une reconnoiffance des plus merveilleufes. Le Berger Leo fe trouve le fils de Zoroafire.

Après avoir donné les premiers momens à la tendreffe filiale, il s'occupe de fon ami Numa, & demande pour lui fa fœur Anaïs en mariage. Zoroaftre objecte la différence de religion. Le pieux, le religieux Numa fe montre içi fort indifférent fur le choix d'une religion; il les trouve toutes bonnes: le vieillard, quoique très-attaché à sa fecte, dont il est le martyr, fe laiffe ce pendant fléchir; mais au moment de conclure, on frappe à la porte, des Députés Romains, qui cherchoient Numa, par toute l'Italie, & qui tom

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bent là comme des nues, lui nent qu'il eft élu Roi.

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Son premier mouvement eft de re-. fufer une dignité qui ne s'accorde pas avec fon amour; mais Anaïs & fon père, pour ne pas mettre obftacle à fon élévation, difparoiffent, laiffent une lettre fur la table, qui inftruit Numa des motifs de leur départ : Numa eft d'ailleurs déterminé par l'ombre de Tatius, qui revient de l'autre monde lui dire qu'il eft en enfer, & qu'il y reftera jufqu'à ce que les Romains aient un bon Roi. Il faut donc délivrer fon ame de peine, & aller s'affeoir fur le trône de Rome. Leo, de fon côté, part pour aller chercher son père & la Loeur.

Ainfi c'eft dans le onzième livre de ce roman, qui en a douze, qu'on commence à voir Numa tel à peu-près que l'Hiftoire nous le repréfente, faifant le bonheur de fon peuple par la douceur de fon gouvernement & fa fageffe cela eft étonnant dans un jeune homme tel que Numa, qui fuivant la fupputation la plus favorable, ne peut pas avoir plus de dix- .

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