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d'Origène & de Saint Jerome ; & furtout par l'autorité de Ronfard & de Dubartas. Nous convenons que M. de Piis a fait de prodigieufes recherches fur l'alphabet. Son érudition est immenfe; mais fa tête n'étoit peutêtre pas affez forte pour fupporter un fi lourd fardeau. La fcience mal digérée donne fouvent des vertiges. C'eft cette efpèce de délire qui a produit le fameux poëme de la Magdeleine, & le fameux poëme fur l'Harmonie imitative.

Ce n'eft qu'aux bons efprits que la science eft bonne.

Nous avions d'abord pris le parti de ne pas dire un feul mot de cette diatribe de M. de Piis; mais on auroit pu croire que c'étoit par mépris. Non; il ne faut jamais méprifer ce qui nous amufe.

Je fuis, &c.

LETTRE XIII.

Etudes de la Nature

, par Jacques

Henri-Bernardin de Saint-Pierre ;

feconde édition, revue , revue, corrigée & augmentée. A Paris, de l'Imprimerie de Monfieur; chez Didot le jeune, Libraire, Quai des Auguftins; & Mequignon l'aîné, Libraire, rue des Cordeliers. 3 vol. in-12. Fig. broché 10 liv. Avec cette Epigraphe.

Miferis fuccurrere difce.

LA rapidité, Monfieur, avec la

quelle la première édition de cet ouvrage a été épuifée, juft fie le compte avantageux que nous en avons rendu au commencemet de l'année dernière. En payant à l'Auteur le tribut d'éloges qui lui font dus, pour une foule de chofes & d'idées heureuses répandues dans fon livre; nous n'a

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vons pas cru devoir adopter non plus tous les fyftêmes particuliers qu'il a imaginés, & qui contredifent d'autres fyftêmes reçuş & confacrés par le fuf. frage unanime de tous les peuples éclairés.

Parmi ces fyftêmes, les uns font purement phyfiques, les autres tiennent à la morale, Celui des harmonies, qui fait la bafe de cet ouvrage, a paru fi agréable, fi ingénieux, l'auteur l'a confirmé par des rapprochemens & des contraftes fr vrais &. fi faillans, qu'on trouve trop de plaifir à fe laiffer perfuader, pour être tenté de les combattre; auroit-il tort?, La vérité ici plairoit moins qu'une aufli douce erreur.

M. de Saint-Pierre a dû s'attendre à moins de foumiffion, relativement à la manière dont il explique les marées; fon nouveau fyftême n'a converti perfonne, & chacun s'en eft tenu conftamment à celui de Newton, comme plus conforme aux loix de la phyfique. Cet auteur vient de fortifier fon fyftême de nouvelles preuves qui lui paroiffent fans replique, &

qui doivent, felon lui, entraîner la conviction. » D'autres, dit il, m'ont » oppofé, pour toute réponse, l'au»torité de Newton qui n'étoit pas » de mon avis. Je refpecte Newton » pour fon génie & pour fes vertus,

mais je refpecte beaucoup plus la » vérité. La difcuffion d'une pareille hypothèse n'eft point de notre reffort & demanderoit un examen beaucoup plus étendu que ne le permet la nature de ce Journal. Il n'eft pas peut-être non plus au pouvoir d'un feul homme de juger fur le champ une question auffi difficile. Ce n'eft pas tout d'un coup qu'on s'eft déterminé en faveur de Newton lui-même. Son fyftême a été long-temps combattu. M. de Saint-Pierre voudroit-il donc qu'on foufcrivît à fes démonftrations, à l'inftant où il les donne? Mais ce qu'on ne fauroit lui refuser, ce que la raifon & la gloire des fciences éxigent, c'eft que les favans s'en occupent & les examinent avec la plus fcrupuleufe impartialité, que les Profeffeurs de philofophie de l'Univerfité de Paris, & des différens Col

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lèges du royaume, rédigent fon fyftême & le propofent avec toutes les probabilités dont il eft revêtu, & qui peuvent le faire admettre ou rejetter. Le filence qu'ont gardé à cet égard quelques Journaux qui ont principalement ces queftions pour objet, paroît avec raifon injufte à M. de SaintPierre. Un écrivain tel que lui, mérite bien au moins l'honneur d'être combattu.

D'après ce principe & d'après la juftice que nous rendons à cet Auteur vraiment eftimable, nous croyons devoir ne pas paffer fous filence un objet que nous n'avons pu qu'indiquer autrefois, & qui mérite cependant quelques réflexions de notre part, tant par la nature que par la manière dont M. de Saint-Pierre l'envisage; je veux parler de l'éducation, fur la quelle l'Auteur revient fouvent dans le cours de fon ouvrage. Il s'élève en plufieurs endroits & avec beaucoup de chaleur contre le principe qui en a fait jufqu'ici la bale, & it finit par donner lui-même un plan conforme aux idées qu'il cherche par

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