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Stances à Mr. Lecauchois, Défenfeur de la jeune Salmon.

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Un feul moment j'ai vu pancher
De Thémis l'augufte balance;
J'ai vû s'élever le bûcher
Où devoit périr l'innocence.
J'ai vu dans ce jour de douleur
A marcher la victime prête:
Le Ciel fufcite un défenfeur,
Et dans l'inftant la mort s'arrête.

François, le voilà ce Héros
Qui, démasquant la perfidie,
Sacrifia biens, & repos,

Et de SALMON fauva la vie!

En vain une fatale erreur

De Thémis trompa les oracles;
LECAUCHOIS, guidé par fon cœur,
A fu triompher des obftacles.

On dit qu'à la mort entraînés,
Sophronie & le tendre Olinde;
Tous deux par l'erreur condamnés ¿

Furent défendus par Clorinde.
On dit que de braves Dunois
Exiftent pour nos Dorothées....

En voit-on comme LECAUCHOTS
Combattre pendant cinq années ?

O Toi! qui dans ces grands revers
Fis voir un fublime courage;
Oui, c'eft au nom de l'Univers
Que je t'adreffe un pur hommage.
Tu recevras avec bonté

De tes Enfans le vœu fincère :
Le Vengeur de l'Humanité,

De tout Citoyen eft le Père.

Par M. L. $.

LETTRE XV.

Le Mariage fecret, Comédie en trois alles, en vers, repréfentée à Fondevant Leurs Majeftés,

tainebleau
le Vendredi 4 Novembre 1785, &
pour la première fois, fur le Théâtre
François, le to Mars 1786; avec
cette Epigraphe tirée de la pièce même:
Ne fongez qu'au plaisir. Prix 30s.
A Paris chez la Veuve Duchefne,
Libraire, rue Saint Jacques,

JE vous ai rendu compte, Mon

fieur, de la première repréfentation de cette pièce & du fuccès qu'elle a eu. Ce fuccès s'eft toujours foutenu depuis. La quinzaine même qui a interrompu les fpectacles, n'a point refroidi l'enthoufiafme du public, & le Mariage fecret eft encore fuivi. Cette conftance à applaudir un bon

buvrage, doit tout à la fois flater l'Auteur & encourager ceux qui attendent leur tour. Ils peuvent reconnoître que le public n'a point encore perdu le goût des bonnes chofes; que le bon fens & la gaieté honnête & franche ont toujours leurs droits, L'intrigue de cette pièce eft fimple, mais intéreffante. Elle n'eft point menée par un valet que feconde une foubrette : il ry a ni foubrette, nữ valet; ou le feul qui paroiffe est un joskey qui apporte une lettre, & que l'on détermine, par l'offre d'une bourfe, à brifer la voiture de fon maître: cependant, pour que la pièce ne perde rien de fa gaieté, l'Auteur a mis le fil de l'intrigue entre les mains d'une coufine fpirituelle, gaie, vive, charmante; cela vaut bien une foubrette; n'eft-il pas vrai, Monfieur? On ne peut qu'applaudir au parti que prennent les Auteurs d'élaguer foubrette & valet, & de les réduire à leur ministère mais qu'ils nous donnent en revanche des coufines telles que l'aimable Claire, la piquante Mifs Hove, ou bien telles

:

que Madame de Volmare; c'eft le nom de l'héroïne de cette comédie. Elle voit qu'Emilie, fa coufine, a du chagrin, & elle veut la confoler: en vain Emilie repouffe fes foins & fes confolations; l'autre infifte.

Le bonheur aisément peut fe paffer d'amis; Mais un profond chagrin trouble en fe

cret votre ame:

Ce moment m'appartient, & mon cœur le reclame.

Pour la mieux fervir, elle veut favoir fon fecret. Elle foupçonne un amant: mais Emilie lui avoue que l'objet de fes peines eft un mari. Elle s'accufe d'indifcrétion: non, repart Volmare:

Parlons de vos tourmens: vos torts viendront après.

Emilie avoue donc, que veuve d'un époux dont la mauvaise conduite avoit irrité leur oncle, elle n'avoit ofé lui déclarer fon nouveau mariage : que le Chevalier d'Iftalles, c'eft le fe

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