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d'un fiècle qu'on veut appeller philo fophique, & mettre au-deffous de ceux qui l'ont précédé : la cinquième eft adreffée à Voltaire, qui s'étoit avifé d'écrire à Boileau, fur un ton ridicule & impertinent: l'épitre commençoit par ces deux vers:

Boileau, correct auteur de quelques bons écrits,

Zoile de Quinaut & flatteur de Louis,

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Le refte de la pièce étoit à-peuprès dans le même goût, Voltaire qui n'épargnoit pas les injures à Defpreaux, fe prodiguoit à lui-même toute forte d'éloges. M. C***, admirateur & difciple de Boileau, crut devoir repouffer les traits qu'on lançoit à cet illuftre mort, & il adreffa à Voltaire, au nom de Boileau, une réponse digne du Poëte dont il s'étoit fait le fecrétaire : le début eft parodié fur celui de Voltaire,

Voltaire, auteur brillant, léger, frivole & vain,

Zoile de Corneille & flatteur de Saurin,

L'auteur, dans cette fatyre, s'éleve principalement contre la vanité & la baffe jaloufie, qui ont porté Voltaire à louer tous les auteurs médiocres dont il étoit l'idole, & à dénigrer tous les grands hommes qui pouvoient l'éclipfer.On lit dans une note, qu'une des rufes de guerre de Voltaire, étoit de promettre aux gens qui fe dévouoient à prôner fes plus foibles ouvrages, de les mettre fur fon testament: cc quoique Voltaire fut très» riche, fa fucceffion n'auroit pas fuffi » pour tant de legs, le teftament de » reconnoiffance n'a pas eu lieu, M. » de **** fut tellement piqué de » se voir fruftré d'un legs fi fouvent » promis & fi fouvent gagné, qu'à la

mort de Voltaire, il fit une fortie → violente contre quelques-uns de »fes ouvrages. Les héritiers indignés

lui prouvèrent que le legs avoit été » amplement payé d'avance, & alors » il fit l'apothéofé de Voltaire,

La fixième fatyre eft encore un dialogue entre un provincial qui vient à Paris chercher un fort plus doux & un intrigant qui lui donne les con

feils les plus conformes au goût & au caractère du fiècle; il l'exhorte fur-tout à fe ranger fous les drapeaux de la philofohie & lui peint les avantages que cette fecte procure à fes partifans.

Le Parnaffe eft en proie à deux fectes rivales :

L'une, éparfe & fans chefs, fans crédit, fans honneurs,

Combat pour le vieux goût & pour les vieilles mœurs,

L'autre, unie, en public, d'intérêts unanimes,

Sur les mœurs de fon fiècle a réglé ses maximes;

Et, de nos paffions orateurs complaifans, Leurs dogmes ont féduit de nombreux partifans.

La ligue, chaque jour, croît & fe fortifie, Leur cri de ralliment c'est la philofophie, Ce mot tient lieu de tout; on n'est rien fans ce mot:

Ou l'on eft philofophe, ou bien l'on n'eß qu'un fot;

Et le meilleur écrit n'eft qu'une rapfodie,

A moins d'être timbré par l'encyclopédie, Marchez fous fa bannière, & pour vous fignaler,

Dans fa jeune milice allez vous enrôler. Aimez ou haïffez au gré de votre lecter; Diffamez la vertu qui leur fera fuspecte; Et fi l'on vous prefcrit de trahir l'amitié, Soyez ingrat fans honte, & traître fans pitié.

Il faudra, j'en conviens, louer avec baffefe;

De Diderot lui-même admirer la fageffe, A l'égal de Plutarque exalter d'Alembert, Et lire, qui pis eft, les vers de *** Mais, pour récompenfer ce courage héroïque,

On pourra vous renter d'un legs philofophique ;

Car la philofophie inftruit fes protecteurs A devenir un jour de zélés teftateurs. On pourra bien encor, par faveur clañdeftine,

Sur un prix de vertu fonder votre cuisine. Si vos écrits nouveaux, par un rare

bonheur,

obtiennent du bûcher le scandaleux hon

neur,

Plus brillant qu'un Phénix qui renaît de *fa cendre,

L'éclat de votre nom va par

répandre :

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tout fe

Les cent voix du parti, célébrant ce succès, Vont prôner vos écrits, pourvu qu'ils foient mauvais.

Chacun chez fes dévots s'empreffe à vous produire;

Chacun cherche à vous voir, & non pas à vous lire.

On vous vante au Miniftre, & fur-tout aux commis;

Jufques en Sibérie on vous fait des amis. Pour comble de bonheur, on vous préfente aux dames,

Car un livre proferit touche leurs belles

ames;

Et les fages du jour, auffi galans que nous, Vont, dans l'art d'intriguer, s'inftruire à leurs genoux.

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Elles gouvernent tour les plaisirs, les affaires,

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