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aller folliciter de porte en porte des fuffrages qu'il tremble de ne pas obtenir? Et comment peut-on exiger que le talent qu'on devroit aller chercher par-tout où il fe cache, foit réduit à ce rôle fuppliant, qui bleffe tout à la fois les règles de la bienféance & celles de la modcftie.

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Si M. Berenger s'eft dit à lui-même : voilà à quoi je fuis deftiné en fixant mon féjour à Paris ; j'approuve le vœu qu'il a formé de vivre loin de la Capitale, & de paffer fes jours dans fa patrie. Mais rien ne l'oblige à un pareil genre de vie; qu'il s'amufe à faire de jolis vers, & qu'il laiffe là les intrigues & les intrigans, & il pourra trouver ici comme ailleurs, ce bonheur qui eft plus fouvent en nous-mêmes, que dans les lieux que nous habitons.

Je fuis, &c.

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LETTRE XIII

uvres de Mr. de Saint-Marc, de l'Académie de Bordeaux; troisième édition, dédiée au Roi de Suède ; deux volumes in-8°. A Paris, de l'Imprimerie de Monfieur.

LA plupart des ouvrages que ces

deux volumes contiennent, étoient connus, Monfieur, & avantageufe. ment. Chaque édition, en y ajou tant quelque chofe, augmente le prix de la collection. Celle ci eft la troifième, & offre quelques comédies de plus. Les opéra qui forment la moitié du premier volume, fur-tout Adele de Ponthieu & Alcefte, n'ont befoin que d'être nommés. L'impreffion ne peut manquer de leur faire perdre beaucoup de leur mérite: cependant M. de Saint-Marc a perdu

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moins qu'un autre. L'élégance & la fageffe de fes poëmes en rendent encore la lecture agréable. L'Auteur d'Adele avoit bien le droit de dire un mot fur l'opéra, & il a ufé de ce droit avec bien de la modération, ce qui n'eft pas ordinaire en un pareil fujet. Ses réflexions font fages, honnêtes : elles font fentir l'avantage de l'opéra en général, & la fupériorité du notre fur ceux de l'Italie & de l'Allemagne. Rien n'échappe à fon attention. Le poëte, le muficien, les acteurs & le compofiteur des ballets peuvent faire leur profit de fes confeils.

Le premier volume eft terminé par des pièces fugitives. La première Epitre eft digne de l'Auteur d'Adele & du Chevalier Dars, à qui elle est adreffée, & de Bayard & de Duguef clin, dont on y rappelle la franchife & les hauts faits. Embarraffé de choifir entre tant d'opufcules agréables, je m'arrête, Monfieur, à l'Epitre à M. le Comte de L*** fur l'opéra; vous aimerez cette énumération de miracles qu'opère M. de Saini-Marc à l'opéra.

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La foudre obéit à mes vœux,
Et Venus daigne leur fourire.
Mes defirs ne font jamais vains.
Flore, attentive à mes deffeins,
Change les torrens en cafcades,
Et les deferts en beaux jardins
fur le fon des tambourins,
Foulent les jeux & les Nayades,
Les Sylphides & les Ondins.
Elle oppofe aux regards malins
De verdoyantes paliffades

Que,

Et par leur fecours les Sylvains,
Réunis avec les Driades,

Cachent leurs amoure x lareins.
Je commande; Pluton foupire;
Des Rois gémiffent dans les fers;
Apollon guide mes concerts,
Et le foleil, ceffant de luire,
Dans la nuit plonge l'univers.
Aux divers accords de ma lyre,
Je calme ou foalève les mers;
Le marbre fe meut & respire;
Des palais règnent dans les airs.
A ma voix, les cieux font ouverts,
E, près de moi, la cour divine

Souvent, fans m'en faire la mine
Trouve les monftres des enfers.
Cui, le défefpoir & la haine
Viennent rugir dans mon féjour,
Et de ma main je les enchaîne
Pour les immoler à l'amour.

Voilà le beau côté de la médaille, Monfieur. Mais

Quel revers! bien ôt ma puiffance
Dégénère en obéiffance

Devant cet harmonifte altier
Qui, la main des trois clefs armée,
Voudroit forcer la renommée

De ne vanter que fon laurier. Monfieur, il faut prendre la peine De raccourcir, & promptement Ce recitatif qui me gêne, Me dit-il defpotiquement: » Allons, qu'une demi - douzaine » De vers coupés également,

Prépare un air de mouvement:

» Placez lá les mots vole ou chaîne, » Pour y produire un roulement;

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» Jettez des vers de fentiment,

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