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pour dire fort peu de choses; on chercha donc le moyen de refferrer les caractères dans un moindre efpace: delà font nés les hiéroglyphes: l'auteur en diftingue trois efpèces, l'hié roglyphe curiologique, qui confifte à représenter une circonftance d'une action pour donner l'idée de la totalité. C'eft ainfi qu'on défignoit une bataille par deux mains, dont l'une tenoit un bouclier & 1 autre portoit un arc. Un tumulte, ou une révolte populaire s'exprimoit par un homme armé, lançant des flèches, & pour marquer un fiège, on traçoit une échelle deftinée, à efcalader les murs. L'hieroglyphe tro pique qui fubftituoit l'inftrument, foit réel, foit métaphyfique, de l'objet à F'objet lui même; un œil placé dans un endroit élevé représentoit la science univerfelle de Dieu; un œil & un fceptre défignoient un Monarque; un pilote & un vaiffeau fignifioient la providence qui gouverne ce monde. L'hyéroglyphe Symbolique repréfentoit un objet par un autre, avec lequel il avoit quelque reffemblance ou quelqu'analogie. Une veuve qui ne fe

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remarioit pas, étoit défignée par un pigeon blane; un Roi févère & inéxorable, par un aigle.; une femme haiffant fon mari, ou des enfans infultans leur mère, étoient peints fous l'emblême d'un vipère. Cette dernière espèce d'hieroglyphe eft la plus abfcure, & les prêtres égyptiens en augmentèrent l'obscurité, pour jetter un voile mystérieux fur leur religion & leurs loix. M. Bannifter termine cette differtation fur le langage par un jugement très-court fur les principaux écrivains qui ont fait la gloire de la langue grecque, fa plus belle, Ja plus harmonieufe, & la plus riche que les hommes aient jamais parlé.

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Il jette enfuite un coup d'eil fur le chaos de l'ancienne mythologie & fur la philofophie morale. Les allégosies égyptiennes adoptées par les grecs, & prises au pied de la lettre par le peuple groffier; l'apothéole des grands hommes & des bienfai teurs de l'humanité; voilà les deux bafes de cette religion grecque, obf -curcie par tant de fables & de fictions ; il ne faut donc pas chercher

expliquer tout par un feul fyftême, & on s'égarera toujours quand on ne diftinguera pas avec foin la partie allégorique d'avec la partie hiftoriques

On ne conçoit pas comment les égyptiens, le peuple le plus éclairé de l'antiquité, le plus célèbre par la fagefle de fes loix & la régularité de fon gouvernement, a pu proftituer fes hommages & fon encens aux plus vils animaux & aux plantes les plus communes; plufieurs favans fe font donnés la torture pour rendre raifon de cette inconféquence. L'explication Ja plus fatisfaifante eft celle qui attribue le culte extravagant des ani maux & des plantes à l'abus des hiéroglyphes. Les égyptiens repréfentoient les qualités humaines & même les attributs divins, par des figures d'animaux & de plantes: Le vulgaire ne pénétrant pas le fens mystérieux de l'emblême, s'arrêta à l'objet extésieur,it prit le fymbole pour la réalité, & adora la plante ou l'animal pour la Divinité dont il étoit la peinture, On eft d'abord furpris de voir les anciens philofophes, dans le temps

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même qu'ils enfeignent les vérités les plus fublimes, refpecter la fuperftition & l'idolatrie nationale, exciter même le peuple, par leurs préceptes ou par leur exemple, à fe conformer aux cérémonies les plus abfurdes de la religion du pays. Mais ces philofophes n'écrivoient pas pour faire du bruit, pour s'acquérir, par leur audace, la réputation d'efprit fort; leur premier but étoit d'être utiles; inviolablement attachés aux loix & à la conftitution de leur patrie, ils voyoient que le fyftême civil étoit intimement lié au fyftême religieux, & qu'on ne pouvoit attaquer la religion nationale fans troubler la tranquillité publique; d'ailleurs, quoiqu'en difent certains partifans fanatiques de la tolérance, qui voudroient nous perfuader que la religion chrétienne eft la feule où le zèle foit perfécuteur; il n'en eft pas moins vrai que les anciens grecs n'entendoient point raillerie fur l'article de la religion. Leur hiftoire eft pleine d'exemples terribles d'intolérance; on laiffoit les philofophes enfeigner ce qu'ils

vouloient dans leurs écoles , parce qu'on regardoit leurs opinions comme des jeux de l'efprit; mais pour peu que leur doctrine tendît à diminuer le respect dû à la religion, le novateur étoit puni, non pas comme hé rétique, mais comme perturbateur du repos public.

Dans la dernière differtation qui traite de la philofophie naturelle, l'auteur offre un précis des opinions & des fyftêmes des anciens philofophes grecs, & particulièrement de Platon; il termine fon ouvrage par un paralFèle entre Platon & Ariftote. « Le ftyle

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de Platon eft poëtique & figure. » On remarque dans fes écrits un » arrangement de périodes plein d'art » & une harmonie de cadence étu» diée; fouvent dans les fujets les plus abftraits, il s'adreffe à l'imagination du lecteur, & revet fes » idées fublimes du voile clair & » tranfparent de la fable & de l'allégorie. Ariftote au contraire ne parle » qu'à l'entendement; s'appuyant fur » la force de fes raifonnemens, il rejette tout ornement étranger; il

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