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Vient toujours de l'auteur qu'elles ont couronné.

Tel s'est vu rebuté des filles de Mémoire, A qui d'autres faveurs ont difpensé la gloire;

Et le gentil Bernard, des belles fì fêté, S'il n'eut fait que des vers, eût été moins vanté.

Les graces de la Cour s'obtiennent chez Ismène :

Le Louvre a fes élus qui fe font chez

Climène :

Nos fages, par Doris, font meublés ga lamment;

La fenfuelle Eglé les nourrit largement. Tout Abbé philofophe eft cher à nos Actrices:

Nous avons vu G*** donner des bénéfices....

Le provincial rejette avec une no ble fierté ces voies honteuses.

J'afpire à des fuccès que je puiffe avouer,

Et je veux qu'on m'eftime avant de me louer.

11 eft, il est encor des ames élevées, Aux fources de l'honneur dès l'enfance abreuvées :

En dépit de l'intrigue, il eft des protecteurs,

Du mérite orphelin honorables tuteurs. Nos Mufes trop long-temps ont langui fans Mécéne,

Mais fous Louis Augufte, on retrouve un Vergène.

Deftaing, reffufcitant l'amour des grands

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De l'intègre équité e ferai men flambeau; Ét Buffon m'apprendra par quel effor fu

blime

De foi-même on s'élève à la publique eftime.

A qui cherche la gloire il faut de tels fecours :

Voilà fous quels drapeaux je veux marcher toujours.

La fageffe & l'honneur, éclairant mes

ouvrages,

Brigueront feuls, pour moi, de fi nobles fuffrages;

Et laiffant au Sophifte & cabale & prôneurs ?

Je ferai du parti des vertus & des mœurs,

La feptième & la huitième fatyre font d'un ton plus doux; l'auteur veut détourner les yeux du fpectacle des mœurs publiques, qui ne peut qu'attrifter & irriter le fage, il foupire après le bonheur qu'on goûte dans la retraite en contemplant la nature : c'est en vain qu'on lui confeille de rire & de s'amufer des vices du fiècle; il ne trouve pas le mot pour rire dans cet amas d'horreurs & d'atrocités.

La neuvième & dernière fatyre eft une palinodie très-plaifante; dont l'auteur femble avoir pris l'idée dans ces vers de Boileau.

Puifque vous le voulez, je vais changer de ftyle,

Je le déclare donc, Quinault eft un Vice

gile.

Après avoir dit tant de mal de notre fiècle dans les fatyres précédentes, M. C***, dans celle-ci, en fait un éloge ironique. Voici ce qu'il dit en particulier des mulées :

Que dirons-nous de ces Mufées
Par les Mu'es inhabités,
Mais affidument fréquentés
De précieuses empefées,
De charlatans décrédités
De favantes tympanifées,
Et de poëtes maltraités?
C'est là que des écrivains blêmes
Lifent toujours, avec fuccès,
Ou de la profe, ou des poëmes,
Que le public ne lit jamais.
C'est à ces bourgeoifes féances
Qu'on voit préfider gravement
Des connoiffeurs fans connoiffances,
Beaux- efprits par abonnement,
Du jargon des hautes fciences
Endoctrinés légèrement,

Et retirant de leurs lumières
Même avantage & même fruit,
Qu'un aveugle des réverbères
Pour le guider durant la nuit.

On voit que l'auteur s'eft fervi pour ce badinage de la même mefure de vers qu'on employe dans les épitres; on y reconnoît le ton & le ftyle de Greffet, dans fa chartreuse & dans fon épitre au P. Bougean avec plus de force & de précision.

Les fatyres font fuivies d'un dialogue dramatique en profe qu'on peut regarder comme une très-bonne fatyre du ridicule de certaines bourgeoifes qui tiennent bureau d'efprits ainfi que de la fatuité du jargon précieux & de l'impertinent perfifflage de certains Poëtes de ruelle, qui font de véritables Trifotins.

Le recueil eft terminé par une plaifanterie dans le goût de l'arrêt burlefque pour le maintien de la philofophie d'Ariftote. C'eft un réquifitoire fur la manière dont on pourroit traiter à l'avenir les foi difans philofophes, trouvé, dit-on, dans les pa-piers d'un avocat général.

Dans les différens morceaux des fatyres de M. C***, que je viens de mettre fous vos yeux, Monfieur vous avez dû remarquer une verfifi

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