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prefque toutes les claffes de lecteurs.

Heft diftribué par époques qui font comme autant de vaftes tableaux où l'on embraffe d'un coup d'œil l'état du monde entier pendant un certain efpace de temps; méthode trèsfavorable pour la mémoire & qui met beaucoup d'ordre, de clarté & de netzeté dans les connoiffances hiftoriques.

Ce n'eft point une de ces compi lations mercenaires qui ne font propres qu'à étendre & qu'à multiplier les erreurs; c'eft un ouvrage original dont l'Auteur a remonté aux fources, cite par-tout fes autorités, & après avoir difcuté & comparé les travaux de fes devanciers, s'approprie ce qu'ils ont de meilleur. Par tout on reconnoît un écrivain éclairé, judicieux, impartial; tout y refpire la vraie philofophie, la faine morale, l'amour de la vertu & de la religion.

M. l'Abbé Gérard ne fépare point la religion de l'hiftoire; l'une & l'autre dans fon ouvrage marchent de front & s'appuyent mutuellement. Un au

teur moderne (1) a dit «e qu'il ne con» vient point de mêler l'hiftoire fainte avec l'hiftoire profane; que dans » l'une on exerce la foi, & dans l'au tre la raifon; qu'en confondant » deux études fi difparates, on doit » craindre & d'altérer la fimplicité de la foi, & de changer l'hiftoire en » frivoles conjectures,

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» Comme fi ces deux études ne fe » foutenoient pas l'une & l'autre, & ne s'éclairoient pas mutuellement » comme fi l'hiftoire fainte n'avoit pas, par-deffus toutes les hiftoires profanes, le double avantage, non» feulement d'être la plus certaine, » mais encore d'être la feule qui rẻ» monte à l'origine du monde & à » celle des plus anciens peuples; >> comme fi d'un autre côté, la fimplicité de la foi confiftoit à exclure les lumières que nous pouvons em» prunter de la raifon; enfin, comme

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(1) L'Abbé Millor dans l'Introduction qui précède les Elemens de l'Hiftoire générale.

» fi l'on ne pouvoit pas, fans avoir recours à des conjectures frivales, » admettre d'après la plus grande, lá plus refpectable autorité, ce que » l'hiftoire fainte nous enfeigne; & rejetter de l'hiftoire profane des fictions, qui, ne s'accordant point », avec la parole de Dieu même, n'ont » d'ailleurs, ainfi qu'il eft aifé de le » prouver, aucun fondement.

» Loin de nous, mon fils, cette façon de raisonner, introduite de nos jours par une fauffe & trom» peufe philofophie. Soyons phile»lophes, je le veux; la vraie fageffe, » la philofophie proprement dite nous >> mettra à l'abri de la crédulité, du >> fanatisme, & de la fuperftition: mais » foyons chrétiens; puifque toute » l'hiftoire, étudiée avec un jugement fain & un cœur droit, nous ramène >> au chriftianifme 33,

Ces deux volumes font un effai que l'Auteur préfente au public pour fonder fon goût. Ils renferment toute P'hiftoire facrée & profane du monde, depuis la création jufqu'à la prife de Troye, l'an 1209 avant Jefus-Chrift,

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felon la chronologie des marbres de Paros. Un des objets les plus importans de M. l'Abbé Gerard dans cette partie de fon ouvrage, eft de montrer que c'eft aux livres faints que nous devons les lumières les plus exactes, les plus fures fur l'origine des anciens peuples, & que Moyfe, à ne le confidérer que comme écrivain, eft le plus inftruit & le plus véridique comme le plus ancien des hiftoriens: if combat auffi d'ure, manière victorieufe tous les fyftêmes abfurdes que les philofophes moder nés ont ou imaginés, ou renouvellés pour démentir la Genèfe & ébranler les fondements de notre foi. If fait voir que la chronologie, la faine phyfique, fa vraie érudition & le bon fens s'accordent parfaitement avec la religion, & ne fervent qu'à la con firmer. Les difcuffions & les recherches dans lefquelles cette réfutation Pentraîne font rejettées dans les nos tes; elles auroient pu paroître dé placées dans les Lettres d'un père à fon fils.

Une des parties les plus curieuses

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& les plus intéreffantes de cet ou vrage eft la peinture du caractère, des mœurs, du gouvernement & des arts des anciens peuples fous les diffé • rentes époques. On y trouve rapproché avec beaucoup de goût & de jugement ce que les auteurs originaux ont dit de plus fúr & de plus important fur cet objet.

Pour donner une idée du ftyle & de la manière de l'auteur, je vais mettre fous vos yeux, Monfieur, un paffage remarquable fur le caractère & les mœurs des Grecs dans les temps qu'on appelle héroïques.

» On y voit régner une forte de » férocité & de barbarie que tempè» rent par degrés quelques fentimens » de générofité & de grandeur d'ame qui portent les plus diftingués d'entre eux à s'armer en faveur des » malheureuses victimes de la vio»lence & de l'oppreffion. Mais on peut affurer que ce n'eft point en» core là l'efprit général de la Grèce. » On ne remarque en tous lieux qu'u»furpation, que meurtres, que bri

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