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nous auons à dégoust, & ne pouuons souffrir la conuersation de ses alliez, parens & amis, non pas mesme son image, ny chose qui luy appartienne. Ainsi quand le penitent ne haït le peché que par vne legere, quoy que vraye contrition, il se refout voirement bien de ne plus pecher : mais quand il le haït d'vne contrition puissante & vigoureuse, non seulement il deteste le peché, ains encor toutes les affections, dependances & acheminemens du peché. Il faut doncques, Philothée, agrandir tant qu'il nous sera possible, nôtre contrition & repentance, afin qu'elle s'étende iusques aux moindres appartenances du peché. Ainsi Magdelaine en sa conuerfion perdit tellement le goust des pechez & des plaisirs qu'elle y auoit pris, que iamais plus elle n'y pensa : & Dauid protestoit de non seulement haïr le peché, mais aussi toutes les voyes & sentiers d'iceluy : en ce poinct consiste le raieunissement de l'ame, que ce mesme Prophete compare au renouuellement de l'aigle.

Or pour paruenir à ceste apprehenfion & contrition, il faut que vous vous exerciez soigneusement aux meditations suiuantes, lesquelles eftans bien pratiquées, déracineront de vostre cœur (moyennant la grace de Dieu) le peché & les principales affections du peché : aussi les ay-ie dressées tout à fait pour cet vsage; vous les ferez I'vne apres l'autre, selon que ie les ay marquées, n'en prenant qu'vne pour chaque iour, laquelle vous ferez le matin, s'il est possible, qui est le temps le plus propre pour toutes les actions de l'esprit; & la remascherez & ruminerez le reste de la journée: que si vous n'estes encor pas duite à faire la meditation, voyez ce qui en sera dit en la seconde partie.

MEDITATION I.

De la creation.

CHAPITRE IX.

Preparation.

1. Mettez-vous en la presence de Dieu. 2. Priez-le qu'il vous inspire.

I.

C

Considerations.

ONSIDEREZ qu'il n'y a que tant d'ans que vous n'estiez point au monde, & que vostre estre estoit vn vray rien: où estions nous, Ô mon ame, en ce temps là? le monde auoit déja tant duré, & de nous il n'en estoit nulle nouuelle.

1

2. Dieu vous a faict esclorre de ce rien, pour vous rendre ce que vous estes sans qu'il eust besoin de vous, ains par sa seule bonté.

3. Considerez l'estre que Dieu vous a donné, car c'est le premier estre du monde visible, capable de viure eternellement, & de s'vnir parfaitement à sa diuine Maiesté.

Affections & resolutions.

1. Humiliez vous profondement deuant Dieu, disant de cœur auec le Pfalmiste: O Seigneur, ie suis deuant vous comme vn vray rien, & comment eustes vous memoire de moy pour me creer? Helas ! mon ame, tu estois abysmée dans cet ancien neant, & y ferois encores de present, si Dieu ne t'en eust retirée : & que ferois tu dedans ce rien ?

2. Rendez graces à Dieu. O mon grand & bon Createur, combien vous suis ie redeuable, puis que vous m'estes allé prendre dans mon rien, pour me rendre par vostre mifericorde ce que ie suis ? Qu'est ce que ie feray iamais pour dignement benir vostre sainct nom, & remercier vostre immense bonté ?

3. Confondez vous: mais helas ! mon Createur, au lieu de m'vnir à vous par amour & feruice, ie me suis renduë toute rebelle par mes

dereglées affections, me feparant & éloignant de vous, pour me ioindre au peché, n'honorant non plus vostre bonté, que si vous n'euffiez pas esté mon Createur.

4. Abaissez vous deuant Dieu. O mon ame, sçache que le Seigneur est ton Dieu, c'est luy qui t'a fait, & tu ne t'es pas faite toy mesme: O Dieu, ie suis l'ouurage de vos mains.

Ie ne veux doncques plus desormais me com plaire en moy-mesme, qui de ma part ne suis rien. Dequoy te glorifies tu, ô poudre & cendre ? mais plustost, ô vray neant, dequoy t'exaltes tu ? & pour m'humilier, ie veux faire telle & telle chose, supporter tels & tels mespris: ie veux changer de vie, & fuiure desormais mon Createur, & m'honorer de la condition de l'estre qu'il m'a donné, l'employant tout entierement à l'obeissance de sa volonté, par les moyens qui me feront enseignez, & desquels ie m'enquerray vers mon pere spirituel.

Conclusion.

1. Remercier Dieu. Benis, ô mon ame, ton Dieu, & que toutes mes entrailles loüent son sainct nom: car sa bonté m'a tiré du rien, & fa mifericorde m'a creé.

2. Offrez. O mon Dieu, ie vous offre l'estre

2 :

que vous m'auez donné, auec tout mon cœur, ie le vous dedie & consacre.

3. Priez. O Dieu, fortifiez moy en ces affections & resolutions: 6 saincte Vierge, recommandez les à la mifericorde de vostre fils, auec tous ceux pour qui ie dois prier, &c. Pater no

Ster. Aue Maria.

Au sortir de l'oraison, en vous pourmenant vn peu, recueillez vn petit bouquet de deuotion des considerations que vous auez faites, pour l'odorer le long de la journée.

MEDITATION II.

De la fin pour laquelle nous sommes creez.
CHAPITRE X.

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D

Confiderations.

IEV ne vous a pas mise en ce monde, pour aucun besoin qu'il eust de vous, qui luy estes du tout inutile, mais feulement afin d'exercer en vous sa bonté, vous donnant sa grace & fa gloire. Et pour cela il vous a donné l'entendement pour le cognoistre, la memoire

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