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une féparation effective. J'ai des raisons encore d'attachement que vous n'avez pas. Ma fille a été toute ma confolation dans ma difgrace, & elle me tient aujourdhui lieu de fortune. J'aime bien mes autres enfans, comme vous aimez fort Monfieur de Sevigny; mais affurément nos deux filles font hors du pair. Adieu ma chere Coufine. Voici une Lettre bien paternelle, une autre fois vous en aurez une de moi qui fera plus badine, & plus tendre pour vous.

JE

CLXV. LETTRE

Du Comte de Buffy à Madame
de Grignan.

A Buffy, ce 3. Janvier 1676..

vous avois promis de vous écrire en Provence, Madame, & je me l'étois promis à moi même, quand vous partîtes de Paris; mais depuis faifant réflexion à la longueur du tems que ma Lettre mettroit à aller jufqu'à vous, je changeai de deffein car enfin il faut qu'elle aille de Bourgogne à Paris, de Paris en Bretagne, qu'elle revienne de Bretagne à Paris, & qu'elle aille de la en Provence. Cependant je viens de me ravifer, & j'ai crû qu'en ne vous mandant point de nouvelles, qui affurément ne le feroient plus quand vous les recevriez, je pourrois vous écrire toute autre chofe. Ce n'eft pas que je n'aye un évenement à vous mander. C'est le mariage de ma fille de Buffy avec le Marquis de Colligny d'Auvergne, de la Maifon de Langhac; & quoi qu'elle foit peut-être accouchée quand

quand vous recevrez ma Lettre, & que cela vous puiffe faire faire des jugemens témeraires mille raifons m'obligent de vous le mander & je vous prierai feulement, pour la juftification de ma fille, d'examiner les dattes; de ne tirer aucune conféquence de ce que vous aurez appris le mariage & les couches prefque en même tems, & de ne pas confondre tant de rares merveilles. Mais à propos de couches, vous vous fouvenez bien de la Lettre que vous m'avez promise dès que vous auriez appris que je ferois grand-pere. Je m'attens à un' Opera. Adieu Madaine, Je vous affure que je vous aime bien. Faites moi réponse. Je languirai un peu en l'attendant; car je ne la pourrai gueres recevoir avant l'année qui vient. Mais comme vous favez, de toutes les bonnes chofes, il vaut mieux tard que jamais,

CLXVI.

LETTRE.

Du Comte de Buffy à la Comteffe de Dalet la Douariere..

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A Buffy, ce 5. Janvier 1676.

JE fuis bien honteux, Madame, que vous me

faffiez faire un compliment le premier fur le mariage de ma fille avec Monfieur votre beaufils. Je vous avouë que je ne favois que dire à la belle mere de mon gendre; car les bellesmeres ne voyent pas volontiers marier les enfans de leurs maris. Mais quand j'ai vû que vous mandiez à Monfieur de Colligny que vous ne lui auriez jamais pardonné s'il s'étoit marié

à tout

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à tout autre qu'à Mademoiselle de Buffy, je fuis raffuré

meutre fur la crainte où j'étois d'avoir

fait quelque chofe qui vous eût déplû. Je fuis donc ravi, Madame, que vous foyez contente, je fai d'ailleurs votre mérite, prefque toutes vos amies font les miennes, & j'ai fouhaité fur leur parole d'être votre ami bien long-tems avant que je fongeaffe à vous être quelque autre chofer Vous croyez bien, Madame, que ceci ne me fera pas changer; au contraire comme j'aurai plus de commerce avec vous, j'aurai plus d'occafion de ménager l'amitié que je vous demande & pour laquelle je vous offre la plus tendre & la plus fincére, &c.

CLXVII. LETTRE.

De Madame de Scuderi au Comte de
Buffy.

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A Paris, ce 6. Janvier 1676.

ON jour, Monfieur, & bonne année. Le Ciel, comme difoit Voiture, vous rende celle ci heureufe & fortunée. Pour moi je le croi, du moins fai-je qu'elle ne vous fauroit être plus malheureufe que l'autre non plus qu'à moi. Je fuis toute refolue de vous aller voir cet été, & Madame de Colligny, car je l'honore & je l'aime extrêmement. Elle eut mon inclination dès que j'eux l'honneur de la voir, & enfuite elle a gagné tout mon eftime. Adieu, Monfieur confervez-moi l'honneur de votre amitié, en vérité rien ne m'eft plus doux. Si vous avez le cœur fi las d'amour, qu'il aime à préfent beau

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coup le repos, vous verrez qu'on le peut affez agréablement délaffer dans l'amitié ; mais vous la comptez pour rien vous autres Amans: à parler franchement, vous n'y êtes guéres propres.

CLXVIII. LET TRE.

*Réponse du Comte de Buffy à Madame de Sevigny.

A Buffy, ce 9. Janvier 1676.

E reçus avant hier votre Lettre du 29. De

eft une répon

fe à une Lettre que je vous écrivis le 29. Octobre. Vous en devez avoir reçû depuis ce tems. là deux autres de moi, fans compter celle que je viens de vous écrire avec une pour Madame de Grignan. Vous voyez par-là que je me trou. ve bien de votre commerce; & il faut dire la verité, c'est à mon gré le plus agréable qui foit au monde. Vous favez que je m'y connois un peu, & que je fuis fincere. Les nouveaux mariez, & le nouveau beau-pere vous rendent mil le graces de la part que vous prenez à leur fatisfaction, & ils vous en fouhaittent une pareille dans l'établiffement de Monfieur votre fils. Je vous plains fort pour les maux que la guerre fait à vos Sujets; mais je ne plains gueres les Bretons en général, qui font affez fous pours'attirer mal à propos l'indignation d'un auffi bon Maître que le nôtre. Je voudrois bien pouvoir aller à Paris comme vous, ou que vous euffiez à faire à Bourbilly pour deux ou trois mois. Adieu ma belle Coufine. Si vous trou

A la Lett. CLXIII,

vez

vez du plaifir à m'appeller Comte, ne vous en contraignez pas. Je veux bien être votre Comte, de tous les fens dont vous le pou vez entendre.

CLXIX. LETTRE.

Du Comte de Buffy à Madame du
Bouchet.

A Buffy, ce 9. Janvier 1676.

ENFIN vous voilà reffufcitée, Madame, &

moi hors des allarmes de vous perdre ; vous devez être contente de ma douleur & de majoye, elles ont bien fait leur devoir tour à tour. Vous êtes une bonne amie d'avoir employé les premiers momens de votre fanté à boire à la mienne avec nos bons amis. Mais fachez qu'une des raifons que j'ai euës de me réjouir du retour de votre fanté, c'est que nous recommencerons notre commerce; car fans cela, j'aimerois presqu'autant que vous fuffiez morte. Je vous demande pardon, fi je vous parois fi intereffé. Il n'y a guere de gens qui ne fe regardent les premiers en toutes chofes, mais la plû. part ne font pas affez fincéres pour le dire. Ma fille de Colligny & moi croyons avoir fujet de nous plaindre que vous ne nous ayez pas dit ou fait dire un mot fur fon mariage; cepen. dant nous fommes bons Princes & nous l'avons déja oublié.

Tome III.

I

CLXX.

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