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il ne m'en faut prendre qu'à moi : car fi j'avois été plus foigneux à vous écrire, je ne pense pas que vous euffiez fupprimé mes Lettres. Cela m'apprendra à l'être une autre fois davantage.

Je fus hier à la reception du Président de Mefme à l'Academie. Il fit une fort jolie harangue, & le Directeur Benferade y répondit dignement. Entre autres chofes, il dit en parlant du Roi, que Sa Majesté pouvoit auffi peu fouffrir un mot hors de fa place, qu'un foldat hors de fon rang. Quinaut à lû les vers du Pro1ogue de Opera que nous verrons au premier jour de l'an, on les a trouvé fort beaux. Le jeune Abbé Tallemant a fait un beau discours, en faveur de la Langue Françoife contre la Latine. Monfieur l'Archevêque & Monfieur Colbert y étoient. Nous vous y avons trouvé fort à dire. Si j'avois couché à Paris j'aurois été vous embrailer, mais je fuis retourné promptement îci pour me préparer à faire ma charge le premier jour de l'an, que j'entre en année. Vous devriez bien faire un Rondeau pour le Roi que je lui préfenterois ce jour-ià à fon lever. Cela me donneroit occafion de parler de vous, & de faire votre cour. Benferade a mis cette forte de vers à la mode, & ils ont bien réuffi.

CCXXXI.

LETTRE.

Du Comte de Buffy au Marquis de

Chandenier.

A Paris, ce 25. Decembre 1675.

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Ous êtes trop honnête, Monfieur, de you. loir bien me remercier de l'intention que

j'ai eu de vous faire plaifir, car pour les fervices effectifs, c'eft Monfieur le Duc de SaintAignan qui vous les a rendus dans tous les tems. J'aurois un grand plaifir à vous rendre service, Monfieur; mais quand on eft auffi malheureux que je le fuis, on a encore bien plus de chaleur pour ceux qui font en même êtat. Monfieur de Saint-Aignan m'a envoyé pour vous une permiffion que le Roi vous a accordée d'aller par la ville de Loches. C'eft un commencement de graces. Je me trouve bien heureux qu'au moins celles qu'on vous fait aujourdhui paffent par mes mains, car je fuis affurément votre &c.

CCXXXII. LETTRE.
Du Comte de Buffy à Madame Talon.

A Paris, ce 26. Decembre 1676.

TE n'irai point dîner aujourdhui avec vous, Madame; vous me faites trop bonne chere, & je m'en trouve mal. Encore fi vos yeux me faifoient auffi bonne chere que votre Cuifinier, je prendrois la peine pour le plaifir, mais il n'eft pas poffible de résister à tous deux. Un peu de de diette & d'abfence me guériront de vos repas. & de vous. Cependant vous m'avez condamné à un Rondeau, il m'en coûtera encore un louvenir bien dangereux. Il faut pourtant vous obeïr Madame; mais fi vous me forcez à penfer à vous, me payerez vous au moins pour

cela?

RON

RON DE AU

Du COMTE DE BUSSY, A Madame Talon.

Vous en voulez, Climene, des Rondeaux,

Vous en aurez, fi je puis, des plus beaux.
Vous êtes jeune, aimable, blanche, & blonde,
C'est à cela qu'on veut plaire en ce monde;
C'est pour cela qu'on fait des Madrigaux.

Mais quand pour vous j'aurai dit mots nouveaux.
Que me donnerez-vous: quoi? Des Cadeaux?
Je veux des cœurs, merveille fans feconde.
Vous en voulez?

Prenez le mien, il eft tout des plus chauds,'
Et me donnez le vôtre fans rivaux,

Car aux rivaux d'ordinaire je gronde,

Non que toûjours votre fexe y réponde,
Mais, cœurs pour lui, font de friands morceaux,
Vous en voulez.

CCXXXIII. LETTRE.

*Réponse du Comte de Buffy at Duc de Saint-Aignan.

JE

A Paris, ce 13. Decembre 1676.

E fuis bien-aife, Monfieur, que vous ayez eu du plaifir à lire mes Mémoires; & comme

A la Lett. CCXXX,

vous dites c'est votre faute fi vous ne vous êtes pas trouvé plus fouvent. Pour moi j'y perds encore plus que vous; car outre le plaifir que j'aurois eu à recevoir de vos Lettres, elles auroient embelli & honoré le lieu où je les aurois mises.

Je ne fuis pas furpris, Monfieur, d'apprendre' que le Président de Mefme ait bien harangué, ni que Benferade y ait bien répondu. Ils s'aquiteront toûjours avec honneur de tout ce qu'ils auront à faire.

Ce que dit Benferade du Roi eft auffi vrai qu'il eft bien dit. Il eft furprenant, parcequ'il eft rare, qu'un grand Roi foit auffi poli que Guerrier. Je voudrois im'être trouvé à l'Académie avec vous, Monfieur, mais je ne voudrois pas que le Roi pût croire que je fiffe autre chofe à Paris que mes affaires pour lefquelles il m'a permis d'y venir. Peut être qu'une fi foumife réfignation à fes ordres, le difpofera à me permettre à la fin de le voir, Je vous envoye un Rondeau. C'est proprement ce que j'aurois écrit au Roi en profe, fi je m'étois donné cet honneur-là, comme j'en avois envie à ce com mencement d'année.

RON DE A U

DU COMTE DE BUSSY
Au Roi.

Pardonnez-moi; fi j'ofe enfin vous dire;
Qu'affez long-tems a duré mon martyre.
J'appelle ainfi le tems que j'ai paffé
En votre absence, où je fuis bien laffé
De ne voir plus un Maître que j'admire.

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On

On vous a dit que j'aimois trop à rire,
Que nul n'étoit exempt de ma fatire.
Ce rapport, Sire, eft un peu trop outré,
Pardonnez-moi.

J'ai failli, mais bien moins qu'on n'a dit, Sire,
Et cependant, on ne peut contredire,
Qu'avec éclat, j'ai long-tems commandé
Sans en avoir été récompensé,

Mais après tout, fi j'ai fû mal écrire,
Pardonnez-moi.

CCXXXIV.

LETT R E.

Du Premier Président de Dijon au Comte de Buffy.

J'A

A Dijon, ce 10. Janvier 1676.

AUROIS eu l'honneur de vous écrire plus fouvent, Monfieur, fi j'avois eu de la matiere jufqu'à nos Etats, & fi je n'avois été trop occupé depuis qu'ils font ouverts. Ce fut le 2. de ce mois; la cérémonie a été belle. Je le remar que, parce qu'elle a été differente des autres Etats, comme dans la marche à pied depuis le. Palais de Monfieur le Duç, jufqu'à la Mefle, de là aux Etats, & depuis les Etats chez Monfieur le Duc. Il y parla peu & fort bien, moi après lui, l'Intendant après moi, enfuite Monfieur d'Autun. Beaucoup de gens qui n'entendoient point firent un grand bruit qui incommoda forr les harangueurs. Vous éties appa.

rem.

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