Numer. 20. qu'à la verité les premieres dignitez de l'Eglise demandent ces grandes reflexions, avant qu'on les accepte: mais qu'un Chanoine, un Prêtre, un Diacre qui n'a aucune charge d'ames, peut demeurer plus en repos sur sa vocation à l'état Ecclesiastique. Mais je voudrois bien sçavoir s'il doit prendre moins de soin de se rendre agreable à Dieu, & s'il peut lui être agreable en se faisant une vocation au gré de ses de. firs ? Nous voyons dans le livre des Nombres, que Dieu s'étoit non seulement refervé le droit de nommer les Chefs des Tribus, mais encore qu'il avoit voulu que de plus de fix cent mille combatans, il n'y en eût aucun qui ne gardat son pofte, & qui ne se rangeât sous fon étendart. Ceux qui étoient de la Tribu de Levi devoient garder le tabernacle, les vases, & tout ce qui pouvoit servir au sacrifice, sous peine de mort à quiconque s'ingereroit de lui-même dans cet employ. Or fi dans une Loy passagere les ordres étoient si severement donnez, Que sera-ce dans celle qui doit subsister jusqu'à la consommation des fiecles? & quels châtimens ne meritent pas ceux qui, dans des dignitez quoiqu'inferieures, entrent brusquement, & fans vocation dans l'Eglife ? Dans l'ancienne loy il y en avoit qui étoient destinez pour porter les encensoirs, d'autres les chandeliers. Les uns portoient l'autel, les autres la table où l'on mettoit les pains de proposition; tout étoit marqué, jusqu'aux voiles aux د 2 courtines, aux cordages: & dans un état infiniment plus parfait, par quelle temerité fa-tale se marqueroit-on fonem-ploy, se choisiroit-on le plus honorable, & le plus lucratif, au goût d'une aveugle & infatiable cupidité? : Ce n'est donc pas seulement aux Evêques, & à ceux qui doivent occuper les premieres places dans l'Etat de JesusChrist, à attendre de lui sa vocation, & à le prier de leur donner quelques signes de fa volonté mais encore à tout Chanoine, à tout Prêtre, à tout Diacre, à tout homme qui aspire au faint miniftere. IX. Canon. reg. Car (pour me renfermer dans cete espece particuliere) qu'estce par exemple qu'un Chanoi ne? ne ? C'est (comme fon nom le porte) un homme de regle dont tous les jours, toutes les heures sont marquées : un homme chez qui rien ne doit être derangé quand il s'agit du fervice divin: un homme qui au lieu qu'une infinité de gens vivent fans ordre, s'acquitte de ses devoirs dans les temps qui lui sont prescrits, & qui, lors qu'on s'étonne de ne le pas trouver à la compagnie desfeculiers, n'a point d'autre réponse à faire que celle de Jesus-Christ à sa mere : D'où vient Lucai. que vous me cherchiez? ne sçavezvous pas qu'il faut que je m'employe aux choses qui regardent mon Pere? Sujetion bien dure_aux enfans du fiecle, à qui faire tous les jours les mêmes choses, prier Dieu, & chanter ses loüanges à des heures marquées, paroît. un joug trop incommode! mais sujetion bien glorieuse, & même bien douce à un Chanoine, quand il a pris à propos le point de sa vocation, & qu'il veut s'acquitter fidelement de fon devoir. Sans cela il traî nera le fardeau évangelique, au lieu de le porter, il ne fervira le Seigneur que d'une épaule, & étant entré dans l'Eglise independamment de ses ordres, une vie si gênante par son uniformité deviendra le triste sujet de fon chagrin, la cause fatale de fon malheur éternel. Χ. Sage & heureux s'il sçaie connoître le rang qu'il tient dans l'Eglife, pour se faire une indispensable neceffité de la bien servir. Si nous voulions remonter jusqu'à la premiere |