XI. Il est bon même de sçavoir que cette longueur n'a précisement rien d'arbitraire, rien qu'on puisse, sans des caufesgrandes & extraordinaires, reformer. Ces prieres publiques sont établies par des fondateurs qui n'ont doté les Eglises qu'afin qu'on y entretînt de continuelles loüanges de Dieu. C'est ce que dit l'Empereur Juftinien dans une de fes constitutions, où il remarque que si beaucoup de laï- Si multi ques se trouvent aux Offices animæ fuæ divins, sans y être portez par consulant d'autres raisons que par celles ad Ecclefias de leur propre falut, les Clercs ftudiofi cirqui font liez à quelques Eglifes, ca pfalmo& dont ils recoivent les diftri- dútur; quobutions, y font particuliere- modo ment obligez. laïcorum ut confluentes, non fuerit indecens Cleri cos ad id ordinatos non implere fuum munus.....Nam qui conftituerunt, vel fundarunt pro sua salute & communis rei publicæ, reliquerunt eis substantias, ut per cas debeant facræ liturgiæ fieri, & ut in illis, administrantibus piis Clericis, Deus colatur. Justin. cod. lib. I. leg. 41. que minus tutinum di Quicum- Ce fut ce qui portales Evêquam duo- ques affemblez dans le second decim pfal- Concile de Tours, à specifier mos ad ma- le nombre des pseaumes qu'on xerit, jeju- devoit dire à chaque Heure ner usque ad Canoniale, sous une peine qui panem cum paroîtroit aujourd'hui bien duaqua man- re, de jeûner au pain & à ducer, no l'eau, le jour où l'on auroit dit in illa die moins de douze pseaumes à vefperam, fit ei altera refect o Conc 2. Tur Can 1. Matines, ΧΙΙ. De tout ce qu'on vient de dire, il faut conclure 1°. que chanter dans l'Eglife, ou reciter en particulier les Heures Canoniales, c'est s'acquitter d'un devoir de Religion qui de tout temps a été en usage... 2. Que ces Heures Canoniales ont leurs regles, leur ordre, leurs intervalles, leur nombre de pseaumes dont le sens & la destination a ses misteres. 3°. Que fi dans les premiersfiecles, beaucoup de Laïques étoient si zelez à remplir ce devoir de pieté: il feroit maintenant trés honteux aux Miniftres des facrez autels de s'en dispenser; puisque c'est à eux à présider aux assemblées des fideles, à animer le peuple par d'édifians exemples, à être, comme parle un Apôtre, la Forma fas forme & le modele du troupeau. 4°. Que fi dans les Communautez religieufes de l'un & de l'autre sexe on celebre l'Office divin avec une ferveur qui conserve le premier esprit de leur institut: ce seroit un relâchement inexcufable de se plaindre de sa lon ti gregis. 1. Pet. gueur, dans un état de perfection, qui doit l'emporter fur celui de la vie monaftique. 5°. Qu'il s'en faut tenir à Videte & l'ancien ufage de l'Eglife. Voiinterrogate de femitis ci ce que dit le Seigneur: Confiatiquis quæ derez & demandez quels font les fit via bona, & ambulate anciens fentiers pour connoître la in ea, & in- bonne voye, & marchez-y; vous frigerium y trouverez le rafraichissement de venietis re animabus vos ames. veftris. Ferem. 6. Confiderez, n'écoutez pas ces hommes pleins d'eux-mêmes, qui, sans le dire, veulent faire connoître qu'ils ont un esprit fuperieur à celui des bonnes gens des fiecles paffez. Confide rez, & aprés une serieuse reflexion fur le parti que vous" avez à prendre, cherchez ce qui s'est autrefois pratiqué, & demeurez-y fermes. Vous n'y trouverez pas le remede le plus naturel, mais vous y trouverez le plus fûr.. Confiderez, & fçachez que pour choisir la bonne voye, il faut en juger par les anciennes; toute autre est suspecte.. En matiere de Foy, on s'arrête à la Tradition : Qu'est-ce qu'on a crû ? En matiere de morale & de difcipline,on s'en tient à des coûtumes autorisées par toute l'Eglife: Qu'estce qu'on a fait Confiderez qu'en reformant l'Office divin, dont on trouve la longueur excessive, on flattera l'amour propre mais y trouvera-t-on ce rafraichiffement des ames, ce repos d'efprit, cette paix du cœur, qui est la recompense de ces hom-mes dociles , qui sans se détourner ni à droite ni à gauche,, ne cherchent que la verité? |