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notre temps de civilisation outrée, mais qu'une vieille gravure, silencieusement contemplée au fond de quelque arrière-boutique, suggère encore aujourd'hui à un esprit non prévenu.

Pour avoir une idée approximative de ce qu'eût pu être la demeure de Célimène, il y a intérêt à passer rapidement en revue les hôtels qui, au dernier tiers du dix-septième siècle, étaient, à Paris, considérés comme dignes d'admiration. Voici, par exemple, l'hôtel de Toulouse et son vaste parc sur la rue de la Vrillière on cite ses parterres à la française, les bosquets surélevés qui le terminent au fond et l'adroite perspective qui en double, pour le regard, la profondeur; l'hôtel du Châtel, rue de Richelieu, avec son jardin de huit arpents, ses jets d'eau, ses boulingrins, sa serre; place Vendôme, on remarque l'hôtel Croizat, dont la galerie ouvre sur une magnifique terrasse; dans la rue Saint-Thomas-du-Louvre, c'est l'hôtel de Longueville qui retient l'attention : comme on a pu prétendre, sans l'ombre de raison d'ailleurs, que Célimène était Mme de Longueville, cette demeure-ci offre un attrait particulier. Bâti sur les dessins de Métézeau, l'immeuble avait été précédemment l'hôtel de Lavieuxville jusqu'en 1620, puis l'hôtel de Luynes, puis l'hôtel de Chevreuse, enfin l'hôtel d'Épernon. Certaines pièces décorées par Mignard étaient fort admirées des connaisseurs. Un autre hôtel, particulièrement bien situé, était l'hôtel du Président Lambert, occupant la pointe orientale

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de l'île Notre-Dame, au quai d'Alençon. « Au plainpied des grands appartements du premier étage, du côté de la rivière, est un jardin en terrasse, qui paraît beaucoup plus grand qu'il ne l'est en effet par l'aspect extérieur qui l'environne et qui peut être regardé comme une des vues la plus riante et la plus intéressante qui soit à Paris » (Blondel). Tout à côté, vers le grand bras du fleuve, c'était l'hôtel Bretonvillier avec son corps de bâtiment en arc, encerclant la moitié d'un jardin fort surélevé, presque suspendu, qui se continuait vers la pointe de l'île. La vue, absolument dégagée de toutes parts, en prolongeait indéfiniment l'étendue. En plein Marais, rue du Chaume et rue Vieille-du-Temple, ce sont les hôtels de Soubise et de Rohan qui frappent le plus par le développement des bâtisses, la pureté du style et le magnifique jardin commun qui les relie. Au faubourg SaintGermain, on remarque l'hôtel de Luynes bâti vers 1650 pour Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de Chevreuse, avec son jardin de 26 toises sur 45, richement orné de parterres, bosquets, cabinets de verdure, etc., et l'hôtel de Conty, rue Saint-Dominique, avec son somptueux jardin sur les rues de Bourgogne et de l'Université. Une terrasse avec un pavillon dominait la rue de l'Université : « La situation en est très agréable, étant élevée sur une terrasse contenue par un talus de gazon. » Le plus somptueux était sans doute l'hôtel de Condé, immense ville dans la ville, occupant un vaste terrain rues de Condé et

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