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+Ste ERENTRUDE OU EHRENTRAUDE, PREMIÈRE ABBESSE

DU COUVENT DE NONNBERG, A SALTZBOURG.

Huitième siècle.

Ste EHRENTRAUDE n'était ni cousine ni sœur du saint évêque Rupert, mais sa nièce, ainsi que Hausitz l'a prouvé (1). Elle n'était pas originaire de Franconie, comme le pense l'auteur des Legenden heiliger Gottes und verehrter Landespatrone von Osterreich (2), mais de France, et se montra, dès sa jeunesse, comme le saint évêque de Worms et de Saltzbourg, un brillant modèle de la piété chrétienne. Le saint apôtre de l'Allemagne, après avoir annoncé la foi sur le Rhin et le Danube, bâti plusieurs églises, et érigé des chapelles et des habitations pour les nouveaux chrétiens, dans cette dernière contrée, et nommément à Seekirchen, à Saltzbourg et à Bischofshofen, à une lieue et demie de Werfen dans le Pongau (3), étant retourné dans sa patrie pour en amener de nouveaux ouvriers apostoliques, revint à Saltzbourg, avec douze bons compagnons et sa nièce Ehrentraude, qui ne tarda pas à y faire briller tout l'éclat de ses vertus.

S. Rupert fit bâtir, une église sur le rocher élevé, situé au-dessus de Saltzbourg et sous le Schlossberg, du côté de la Salza et de la porte de Cajetan ou de Ste Ehrentraude, où se trouvait alors le fort supérieur appelé Julianum; il y fonda un couvent en l'honneur de la très-sainte Vierge, pour

(1) Germania sacra (tom. II, p. 17, 21, 36 et 46).

(2) Saltzbourg 1822, p. 169.

(3) On attribue à S Rupert la fondation de l'église paroissiale de Bischofshofen; elle est d'une structure gothique. On y conserve un crucifix qui doit avoir appartenu au Saint.

de jeunes religieuses, à qui il donna une règle, et sa nièce pour supérieure. On vante particulièrement l'humilité et la charité extraordinaire de notre Sainte, qui venait au secours des malheureux de toutes les conditions. Elle soignait de ses propres mains pour l'habillement des orphelins; elle servait encore elle-même les pauvres et les malades, et se chargeait de préférence des travaux les plus bas de la maison. La jeune communauté ne pouvait que fleurir et prospérer sous la direction d'une supérieure aussi

vertueuse.

Nous ne connaissons pas l'année où la Sainte mourut, mais le jour de sa mort peut avoir été le 29 ou le 30 Juin (4).

Après sa mort, il n'est plus guère question du couvent de Nonnberg; plus tard il tomba en ruines, jusqu'à ce que l'Empereur Henri, en reconnaissance du rétablissement de sa santé, opéré par l'intercession de Ste Ehrentraude, le fit rebâtir en 1009. L'évêque Hartwich, qui siégeait à cette époque, dédia le couvent à cette Sainte, et transféra, le 4 Septembre 1009, ses ossemens dans l'église, où ils restèrent déposés dans la cavité d'un rocher jusqu'en 1624; ils furent alors placés par l'archevêque de Paris dans un autel particulier de marbre. Les grands jours de fête, on les expose à la vénération publique dans une châsse d'argent. En 1724 fut célébré le premier jubilé séculaire de cette translation, du 3 au 11 Septembre; l'avant dernier jour, l'archevêque François-Antoine de Harrach, qui siégea à Saltzbourg de 1709 à 1727, célébra la grande messe, et y reçut les vœux de cinq chanoinesses.

Voyez Hausiz, Germania Sacra (tom. II, pag. 17, 21, 36, 46, 87, 165, 166, 167, 173, 393, 659 et 660; Extrait de la dernière chronique de l'ancien couvent de Bénédictins de S. Pierre à Saltzbourg, 1782 (t. I, p. 127); Legenden der Heiligen Gottes etc., p. 159 sqq.

(4) La fête est marquée à ce jour dans les martyrologes.

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IRMGARDE OU IRMENGARDE fleurit vers la fin du onzième ou au commencement du douzième siècle, et on croit qu'elle tirait son origine des comtes de Zutphen. Autant les historiens sont d'accord quant à cette dernière circonstance, autant ils varient entre eux au sujet de ses parens. Elle était la sœur du B. Hermann, abbé de S. Pantaleon à Cologne, au couvent duquel elle avait donné plusieurs de ses possessions (1), et elle s'était particulièrement fait remarquer par sa charité active et sa rare piété. Trois fois sa dévotion l'engagea à faire un voyage aux tombeaux des apôtres, où elle reçut chaque fois en présent de nombreuses reliques des saints martyrs. Elle aurait entre autres apporté à Cologne une partie de la tête de S. Sylvestre et en aurait fait présent à la cathédrale, où elle fut aussi enterrée. Il paraît que cette servante de Dieu fut honorée à Cologne dès les premiers temps. Son nom se trouve dans plusieurs calendriers sous le 4 Septembre.

La vie de la B. Irmgarde, écrite en latin, qui fut publiée en 1602 à Cologne en langue allemande, et dans laquelle toutes les autres légendes ont puisé, ne paraît pas avoir été composé avant le quatorzième ou tout au plus le treizième siècle. A cause de plusieurs anecdotes qu'elle renferme, elle ne mérite, presque d'un bout à l'autre, aucune

))

(1) « Conventui S. Pantaleonis, in quo frater Abbas erat, legavit fo» restum Suichtelen, cum suis pertinentiis. Molani Nat. SS. Belgii, p. 188. C'est Suchtelen au diocèse de Cologne. Aux environs de cet endroit se trouve encore une chapelle dédiée à Ste Irmgarde. Elle est située sur une montague, où elle semble avoir fait quelque séjour. Voyez Binterim, Die alte und neue Erzdiæzese Kæln, tom. I, p. 254.

croyance; c'est pourquoi nous nous sommes bornés à rapporter quelques traits de sa vie.

Voyez Gelenius, De Magnitudine Coloniæ (in-4o, p. 235), mais principalement le savant Bollandiste Constantin Suysken, Acta Sanctorum, t. II, Septembris, p. 270-298.

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Tiré de sa vie authentique par Bernard Justinien, son neveu, ap. Boll. 8 Januar., et d'une autre vie élégamment écrite en italien, par le père Maffei. Voyez aussi Hélyot, Hist. des Ord. relig. t. II, p. 359, et les œuvres du Saint, que le P. Nicolas-Antoine Justinien, Bénédictin, fit imprimer à Venise, en 1571.

L'AN 1455.

SAINT LAURENT JUSTINIEN, né à Venise en 1380, était fils de Bernardo Justiniani, qui tenait un rang distingué parmi la première noblesse de la seigneurie. Sa mère se nommait Querini, et sortait d'une maison qui n'était pas moins illustre que celle de son père (1). Celle-ci resta veuve

(1) La noblesse de Venise se divise en quatre classes: la première est composée des familles électorales qui descendent des douze tribuns par lesquels le premier doge fut élu, en 709, et qui, par une espèce de prodige, subsistent encore toutes aujourd'hui. Ce sont les Contarini, les Morosini, les Gradenighi, les Baduari, les Tiépoli, les Micheli, les Sanudi, les Memmi, les Falieri, les Dandoli, les Polani et les Barozzi. Il y a quatre autres familles qui sont presque aussi anciennes, que celles-ci, et qui signèrent, conjointement avec elles, la fondation de la grande église de Saint-George Majeur, l'an 800 de Jésus-Christ. Ce sont les Justiniani, les Cornari, les Bragadini et les Bembi. La seconde classe est composée de ceux dont on trouve les noms dans le livre d'or, ou dans le registre de la noblesse, fait par Granedigo II, qui établit l'aristocra

de bonne heure, avec plusieurs enfans en bas âge. Malgré sa jeunesse, elle ne pensa qu'à se sanctifier dans son état, résolue de n'en jamais changer. Elle se regarda comme dévouée à la pénitence et à la retraite, et ne s'occupa plus que du jeûne, de la prière et des autres bonnes œuvres. L'éducation de ses enfans fut aussi un de ses principaux soins.

On remarqua dans Laurent, pour ainsi dire dès le berceau, une docilité peu commune et une grandeur d'âme, extraordinaire. Il ne perdait point son temps, comme ceux de son âge; il aimait à s'entretenir avec des personnes raisonnables, ou à s'occuper à des choses sérieuses. Sa mère le grondait quelquefois, pour le prémunir contre l'orgueil, le tenir dans l'humilité, et le portait à ce qu'il y avait de plus parfait. Il répondait alors qu'il tâcherait de mieux faire, et qu'il ne désirait rien tant que de devenir un Saint. Persuadé qu'il n'était sur la terre que pour servir Dieu, afin de régner éternellement avec lui, il lui rapportait toutes ses pensées et toutes ses actions. A l'âge de dix-neuf ans, il se sentit intérieurement appelé à se consacrer au service

tie en 1289. On met dans la troisième classe ceux qui depuis ce temps-l -là ont acheté leurs titres de noblesse cent mille ducats, et ils composent quatre-vingts familles. On compte dans la quatrième classe, ceux qui ont été agrégés au sénat de Venise, tels que les Bentivogli, etc.

Quelques auteurs modernes prétendent que les Justiniani descendent des Empereurs Justin et Justinien. Quoi qu'il en soit de cette haute antiquité, il paraît certain que tous ceux de cette maison furent tués dans la guerre de Constantinople, au douzième siècle, à l'exception d'un seul qui était moine à Venise. On ajoute que, sur la demande qui en fut faite par la république, celui-ci obtint dispense du Pape pour se marier; qu'il eut plusieurs enfans, et qu'il retourna ensuite dans son monastère, où il mourut. Plusieurs branches de cette illustre famille se sont depuis établies à Gênes, à Rome et dans les iles de Chio et de Corse. Il y a cependant des auteurs qui disputent à ceux de Rome et de Gênes, l'avantage de descendre des Justiniani de Venise.

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