Images de page
PDF
ePub

dre VIII en 1690. On marqua sa fête au 5 de Septembre, qui était le jour où il avait été sacré évêque.

Les ministres de Jésus-Christ doivent, comme saint Lau-. rent Justinien, travailler sérieusement à leur propre sanctification, s'ils veulent prêcher l'Évangile avec fruit. Ils n'inspireront l'amour de la vertu aux autres, ils ne les porteront efficacement à la pratique des vérités de la religion, qu'autant qu'ils se seront bien pénétrés des maximes du christianisme, et qu'ils se seront accoutumés à en faire la règle de leur conduite. Les obligations pastorales ont beaucoup d'étendue; elles ne se bornent point à ceux qui sont chargés par état d'annoncer la parole sainte ou d'administrer les sacremens. Il n'y a personne qui ne soit pasteur sous quelques rapports; les parens et les maîtres le sont pour ceux qui leur sont soumis. Ceux qui n'en exerceront point les fonctions à l'égard des personnes confiées à leurs soins, rendront à Dieu un compte bien rigoureux.

mmmmmmmmmmmmm

mmmmmmmmmmm

S. BERTIN, ABBÉ.

Tiré des six vies de saint Bertin; la première, qui est authentique, paraît avoir été écrite environ cent ans après la mort du Saint, par l'auteur des anciennes vies de saint Omer et de saint Winoc. Il serait à souhaiter que cet auteur, qui nous donne les circonstances de plusieurs miracles, eût rapporté les actions du Saint dans un plus grand détail. On s'est servi d'un bon manuscrit de cette vie, qui est du onzième ou du douzième siècle, qui se garde dans la bibliothèque de Saint-Bertin, et qui est coté 638. La seconde vie, dont la copie est aussi ancienne, fut écrite, selon toutes les apparences, cent ans après la première. On y a ajouté un appendice des miracles postérieurs, qui est du dixième siècle. La troisième vie, écrite en vers, est du dixième ou du onzième siècle. Elle se garde en manuscrit dans la bibliothèque de Saint-Bertin, et est cotée 638. La quatrième vie, écrite d'un style élégant, mais un peu diffus, pour auteur Folcard, moine de Saint-Bertin, qui la dédia à Bovon, son abbé, en 1051 ou 1052. Ce n'est guères que la première vie, avec quelques additions. C'est aussi un manuscrit de la bibliothèque

a

t.

de Saint-Bertin, coté 732 (1). La cinquième vie, écrite en vers, est de Simon, abbé de Sithiu. L'auteur était jeune quand il la composa et il demeurait alors à Gand, où il resta depuis l'an 1136 jusqu'à l'an 1148. La sixième vie fut composée dans le quatorzième siècle, d'après toutes celles dont nous venons de parler. Il y a encore trois

(1) Un moine, nommé Fulcart ou Folcard, vécut quelque temps dans le monastère du Sauveur, à Douvres, lequel appartenait à la congrégation de Cluny. S'étant arrêté à Cantorbéry, vers l'an 1068, il fut élu abbé de Thorney, dans le comté de Cambridge. (Vid. Monast. Anglic. vol. 1, p. 242, et Brown-Willis, Hist. des Abbayes parlem. .I, p. 188.) Ayant eu de grandes contestations avec l'évêque de Lincoln, il quitta son abbaye, et retourna à Sithiu (Monast. Angl. BrownWillis, Tanner, etc.). Il était singulièrement estimé d'Aldred, archevêque d'Yorck, à la prière duquel il écrivit la vie de saint Jean de Béverley, laquelle est en manuscrit dans le Musæum britannique, et qui a été publiée par Mabillon, Sec. 3. Ben. p. 433, ainsi que par les Bollandistes, t. III, Maii, p. 168. Il écrivit aussi la vie de saint Oswald, évêque de Worcester, et celles de quelques autres Saints anglais. Léland, Fabricius, etc. pensent que ce Folcard est différent du moine de Saint-Bertin, qui porte ce nom; mais il paraît que le moine anglais était venu de Saint-Bertin, qu'il retourna à ce monastère, et qu'il y mourut. Ce sentiment s'accorde parfaitement avec la chronologie. Est-il probable que deux moines du même nom aient également possédé dans la même maison, la musique et le talent de bien écrire en prose et en vers, sur-tout dans un temps où il y avait si peu de personnes qui sussent écrire le latin? Au moins auraient-ils été distingués par quelque épithète. Frappé de ces raisons, Cave pense qu'il n'y a eu qu'un Folcard; Fabricius, Mansi, etc., qui embrassent l'opinion contraire, ne la prouvent point. Les écrits que Folcard composa en Angleterre, pouvaient être peu connus à Sithiu, et ceux qu'il composa à Sithui pouvaient être presque ignorés en Angleterre; et voilà pourquoi les auteurs anglais ne les auraient point nommés avec ses autres ouvrages. Les possessions que l'abbaye de Saint-Bertin avait à Douvres, et celles qu'elle eut ensuite dans les lieux voisins, comme, à Chilleham, à Trullega et à Leveland, montrent que l'on passait souvent de ce monastère en An‍ gleterre. Le voisinage seul invitait à faire ce passage, sur-tout dans un temps où les étrangers étaient si bien reçus par les Anglais. On connaît la révolution qui se fit à cet égard, principalement sous Guillaume-leConquérant. On trouve dans les archives de l'abbaye de Saint-Bertin trente-neuf titres qui constatent la réalité des anciennes possessions qu'elle avait auprès de Douvres.

relations anonymes des miracles opérés au tombeau, ou par l'intercession de saint Bertin. Le P. Stilting, un des plus habiles continuateurs de Bollandus, en a publié une partie avec des notes et un commentaire préliminaire sur l'histoire de saint Bertin, lequel est bien travaillé. On doit aussi consulter la chronique de Saint-Bertin, compilée par Jean d'Ipres, communément appelé Ipérius, qui était abbé de ce monastère, et qui mourut en 1383. Ce sont deux manuscrits de la bibliothèque de Saint-Bertin. D. Martène en a donné une bonne édition, Anecdot. t. III, p. 446, 776. Le même auteur a donné aussi le supplément de cette chronique, qui va jusqu'à l'an 1497. Vet. Monum. t. 6, p. 614. Cet ouvrage renferme bien des anecdotes intéressantes; mais il faut le lire avec précaution, parce qu'il y a beaucoup d'erreurs par rapport aux dates, aux personnes et aux faits (2).

L'AN 709.

SAINT BERTIN, issu d'une famille noble, établie dans le territoire de Constance en Suisse, naquit vers le commencement du septième siècle. Il apprit dès son enfance à n'aimer et à n'estimer que la vertu, et à mépriser le monde, ainsi que tout ce qui ne tendait pas directement à l'unir à Dieu d'une manière parfaite. Touché de l'exemple de saint Omer son parent, qui fit profession de la règle de saint Colomban à Luxeul, en Bourgogne, il alla se consacrer au Seigneur dans la même maison avec deux de ses amis, Mommolin et Ebertran ou Bertran. Il était alors fort jeune; mais il ne s'en distingua pas moins par sa ferveur dans tous ses exercices.

II

y avait alors à Luxeul cinq cents religieux. Ils étaient

(2) Il ne faut point confondre la chronique de saint Bertin ou d'Ipérius, avec les Annales Bertiniani Regum Francorum, ab an. 741, ad an. 882. Ce dernier ouvrage, qui est une histoire générale de l'Occident, a été publié d'après un ancien manuscrit, par Duchesne, t. III, p. 150, et par Muratori, Script. Ital. t. II, p. 490. Fréher en a donné l'appendice qui va jusqu'à l'an 900, dans ses Scriptores German. t. I, p. 46. On trouve aussi un supplément au même ouvrage, dans Leibnitz. Script. Brunsv. t. I, p. 192. /

gouvernés par saint Eustase, qui succéda à saint Colomban lorsque celui-ci fut obligé, en 610, de se retirer à Bobio, en Lombardie. Cette abbaye, fondée peu de temps auparavant, était une excellente école, où l'on enseignait tout ce qui a rapport à l'étude de la religion. On en vit bientôt sortir un grand nombre d'évêques célèbres par leur vertu et leur savoir. Saint Omer, saint Mommolin et saint Bertin en furent les principaux ornemens. Ils firent de rapides progrès dans l'étude, et se rendirent tous trois fort habiles dans la connaissance de la discipline ecclésiastique et de l'Ecriture sainte (3). Ils sanctifièrent leur travail par l'esprit de pénitence et de prière, et le rapportèrent toujours à la même fin que celle vers laquelle ils dirigeaient toutes leurs actions.

Vers l'an 637, saint Omer fut fait évêque de Térouenne ou Tarvanne, en Artois. C'était l'ancienne métropole des Morins. Saint Walbert, alors abbé de Luxeul (4), sentant

(3) Voyez Mabillon, Act. SS. Ben. t. II, p. 562, n. 7, 8, et l'Histoire lit. de la France.

(4) On lit dans l'ancienne vie de saint Omer, qu'il fut envoyé à Térouenne, par saint Eustase, second abbé de Luxeul, qui fut élu en 610, et qui gouverna quinze ans son monastère. Il en chassa un religieux turbulent, nommé Agreste, qui s'était déclaré en faveur des trois chapitres, auxquels saint Colomban, par ignorance du fait, avait été trop favorable. Le martyrologe romain, dans lequel il est nommé sous le 29 de Mars, le représente comme un homme célèbre par sa science et ses miracles. Si l'on suit l'opinion commune, qui met sa mort en 625, il faudra dire qu'il désigna saint Omer pour la mission de Térouenne, douze ans avant le sacre de ce Saint. Saint Walbert, troisième abbé de Luxeul, est nommé dans quelques' martyrologes monastiques, sous le 2 de Mai; mais on ne trouve ni son nom, ni même celui de saint Colomban, dans le martyrologe romain. Saint Walbert gouverna son monastère depuis l'an 625 jusqu'à l'an 665. Voyez Mabillon, Baillet, les auteurs de l'Histoire lit. de la France, t. III, et D. Grapin, Hist. de la ville et de l'abbaye de Luxeul, an. 1770. Cette histoire, qui remporta, en 1770, le prix de l'académie de Besançon, est encore manuscrite.

de quelle importance il était d'associer au nouvel évêque quelques ouvriers apostoliques, lui envoya, vers l'an 639, saint Bertin, saint Mommolin et Ebertran. Le pays des Morins avait été anciennement éclairé de la lumière de la foi; mais son influence avait été bien faible; et depuis près d'un siècle, Jésus-Christ était presque universellement méconnu. Il ne serait pas facile de comprendre ce que nos saints missionnaires eurent à souffrir pour déraciner l'idolâtrie, avec les vices qui en sont la suite, et pour civiliser un peuple qui était alors presque entièrement barbare. Ils se montrérent puissans en paroles et en œuvres; et Dieu bénissant leurs travaux, ils firent une moisson abondante dans une terre ingrate et stérile.

Mommolin, Bertin et Ebertran se bâtirent un monastère sur une petite montagne, à une lieue de Sithiu, aujourd'hui Saint-Omer. C'était une solitude d'un accès difficile, et qui était environnée de marais, et par la rivière d'Aa. Saint Omer désirait établir saint Bertin premier abbé de ce monastère; mais celui-ci ne voulut jamais y consentir, et l'on pense que sa jeunesse fut une des principales raisons qu'il allégua pour justifier sa résistance. La conduite de la nouvelle communauté fut donc confiée à saint Mommolin, qui était plus âgé. Les choses restèrent en cet état pendant environ huit ans. Le nombre des religieux devenant de jour en jour plus considérable, on manqua bientôt de terrain pour construire des cellules. Ainsi on fut obligé de s'occuper des moyens de former un nouvel établissement (5).

Les îles et les solitudes situées au milieu des rochers et d'un accès difficile, étaient les lieux auxquels les anciens

(5) Le lieu où était le premier monastère est fort célèbre par la dévotion des fidèles; on l'appelle Saint-Mommolin ou l'ancien Monastère. C'est présentement une église paroissiale que dessert un moine de SaintBertin. Ce religieux fait sa résidence au prieuré de Ham, qui est peu éloigné, et qui dépend de l'abbaye de Saint-Bertin.

« PrécédentContinuer »