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dre pour visiter avec lui, sur le mont Sina en Arabie, le tombeau de sainte Catherine. Il continua ensuite ses travaux dans ce pays; mais les Sarrasins, qui voyaient avec peine les succès qu'il obtenait sur la secte impie de Mahomet, lui firent souffrir le martyre à Toringie, en 1340. Ses précieuses reliques furent obtenues, à prix d'argent, par un noble Vénitien nommé Nicolas Quirini, et transportées à Venise, où elles reposent dans l'église des Frères-Mineurs. Le culte de ce serviteur de Dieu a été approuvé par le Pape Pie VI, qui permit à l'ordre de Saint-François et au clergé de Matelica d'en célébrer chaque année la fête, le 5 Septembre, jour de sa précieuse mort.

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L'Empereur Valens ayant fait la paix avec les Goths, qui devenaient de plus en plus redoutables en Europe et en Asie, partit de Constantinople, au commencement de l'an 370, pour aller à Antioche soutenir la guerre entreprise contre les Perses depuis trois ans. Il était à peine arrivé à Nicomédie, en Bithynie, lorsqu'il apprit la mort d'Eudoxe, fameux évêque arien de Constantinople, qu'il avait toujours soutenu. Il approuva l'élection que les ariens firent de Démophile pour lui succéder, mais il fut trèsirrité contre les catholiques, qui avaient choisi un évêque de leur communion, nommé Evagre. Ce fut aux ariens un nouveau prétexte d'allumer contre eux le feu de la persécution, et ils excitèrent en effet dans la ville un tumulte, qui donna de grandes inquiétudes à l'Empereur. Il envoya aus

sitôt des troupes de Nicomédie, avec ordre d'arrêter le nouvel évêque des catholiques et celui qui l'avait sacré, et de les envoyer séparément en exil.

Les ariens, devenus plus insolens par cette nouvelle marque de protection du prince, maltraitèrent les catholiques avec plus de hardiesse qu'auparavant. Ils ne se contentèrent pas des injures, mais les frappèrent outrageusement, les mirent en prison, les trainèrent devant les magistrats de leur secte et leur firent payer de grosses amendes. Pour se plaindre de ces violences, les catholiques députérent vers l'Empereur quatre-vingts ecclésiastiques distingués, ayant à leur tête Urbain, Théodore et Ménédeme.

Ces députés présentèrent à Nicomédie leur requête à l'Empereur, et lui exposèrent avec fidélité l'état des choses. Valens fut extrêmement irrité de leurs remontrances; mais parce qu'il craignait toujours quelque sédition qui l'obligeât de retourner à Constantinople, il dissimula sa colère, et donna des ordres secrets à Modeste, préfet du prétoire, pour les faire tous périr sans bruit. Modeste, feignant de les envoyer en exil, ce qu'ils acceptèrent généreusement, les fit mettre dans un vaisseau, et donna ordre aux matelots d'y mettre le feu, quand ils seraient en pleine mer. Les confesseurs furent embarqués comme pour aller vers l'Hellespont ou en Phrygie; mais lorsqu'on les eut fait avancer au milieu du golfe d'Astaque, les mariniers mirent le feu au bâtiment, sautèrent aussitôt dans une chaloupe qu'ils faisaient suivre, et abandonnèrent les serviteurs de Dieu à leur sort. Un grand vent, qui soufflait du côté du levant, poussa le vaisseau déjà tout enflammé jusques sur les côtes de la Bithynie, où il fut englouti par les flots.

L'église grecque célèbre la mémoire de ces martyrs le 18 Mai, mais le martyrologe romain le 5 Septembre. Ceci arriva en 370. La famine qui affligea cette année la Phry

gie et les pays voisins fut regardée généralement comme une punition divine de cette cruauté.

Voyez Socrate, Hist. (1. IV, c. 6; l. VI, c. 14, 15); George de Nazianze, Orat. ad Patr. concil. Constant.; Orat. in laud. Basil. Orat. de Heron.; Orat. ad Arian., Sozomène, Hist. (1. VI, c. 14), Papebroch, Acta Sanct. t. IV, Maii, p. 170 sqq., Fleury ; 1. XVI, c. 13; Baillet, sous le 5 Septembre.

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Tiré de Pallade, in Lansiac; de Rufin, Hist. Patr.; de Sozomène; de Cotelier, Apoth. Patr. p. 628, 637 et 841. Voyez Tillemont, t. VIII, p. 445.

L'AN 385.

SAINT PAMBON s'attacha dans sa jeunesse au grand saint Antoine dans le désert; et pressé d'un désir ardent d'être admis au nombre de ses disciples, il le pria de lui tracer des règles de conduite. Le patriarche des anciens solitaires lui dit qu'il devait toujours vivre dans la pratique de la pénitence et de la componction, se détacher de toute affection désordonnée, ne jamais se confier en lui-même ou dans ses propres forces, veiller assidûment sur son cœur et sur tous ses sens, faire chacune de ses actions de manière qu'il n'eût jamais lieu de s'en repentir dans la suite, réprimer enfin sa langue et sa sensualité. Pambon se mit aussitôt en devoir de pratiquer ces différentes leçons.

La mortification de la sensualité, si recommandée par les Pères, est un des principaux moyens pour soumettre les sens et les passions. Comme elle a quelque chose d'extérieur pour objet, les occasions de la pratiquer sont plus fréquentes. Sa principale vertu est de contenir dans le devoir la partie sensuelle de l'âme, dont la révolte commença à la désobéissance de nos premiers parens. L'obligation du

jeûne n'est pas moins expresse, étant une partie essentielle de la pénitence extérieure. La vie austère de tant de Saints est bien propre à confondre ces lâches chrétiens qui font leur dieu de leur ventre, qui sont les ennemis de la croix de J. C. (1) ou qui n'ont point le courage de se faire la moindre violence pour résister à la sensualité. Comment pouvoir se gouverner soi-même, lorsqu'on est esclave d'une passion si méprisable? Saint Pambon excella parmi les anciens solitaires, tant par la continuité, que par l'austérité de ses jeûnes. Il ne se distingua pas moins par la sagesse avec laquelle il sut gouverner sa langue.

Ayant un jour consulté un solitaire, celui-ci lui rapporta ce premier verset du psaume trente-huitième : J'ai dit en moi-même, je veillerai sur moi en toutes choses, pour ne point pécher par ma langue. Pambon n'eût pas plus tôt entendu ces paroles, qu'il retourna dans sa cellule sans attendre le second verset, en disant que c'en était assez pour une fois, et qu'il allait tâcher de mettre cette leçon en pratique. Pour y réussir, il gardait un silence perpétuel ; ou s'il était obligé de répondre aux questions qu'on lui faisait, ce n'était qu'après avoir bien pesé toutes les paroles qu'il devait proférer. Souvent il méditait plusieurs jours devant Dieu sur les réponses qu'il ferait à ceux qui le consultaient. Il acquit à cet égard un tel degré de perfection, qu'il égalait ou surpassait même saint Antoine. Ses discours d'ailleurs étaient tellement assaisonnés de sagesse et de prudence, qu'on l'écoutait comme un envoyé du ciel. L'abbé Pémen disait de lui: «On remarque dans l'abbé Pambon trois pratiques » extérieures bien dignes d'imitation: son jeûne, qui va >> tous les jours jusqu'au soir, son silence, et une grande application au travail des mains (2). »

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(1) Philip. III, 18.

(2) Cotel. Apoth. p. 628, n. 150.

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Saint Antoine inculquait souvent à ses disciples l'obligation où étaient les solitaires de travailler, tant pour faire pénitence que pour éviter l'oisiveté, et pour entretenir la vigueur de l'âme dans les exercices de piété. La nécessité de cette pratique, qu'il connaissait par sa propre expérience, lui fut encore confirmée par une vision qui est rapportée dans les vies des Pères de la manière suivante: « L'abbé >> Antoine étant assis dans le désert, se sentit violemment troublé par la tristesse, par des pensées mauvaises et par des ténèbres intérieures. Il dit alors à Dieu Seigneur, je désire être sauvé; mais les pensées qui m'agitent sont un obstacle à mon salut. Que ferai-je dans l'affliction qui me désole? comment serai-je sauvé! Il se lève aus» sitôt, et va dans sa cellule. Il y voit un homme qui tra» vaillait assis, et qui se mettait ensuite à prier, ce qu'il » fit à différentes reprises, entremêlant ainsi successivement » la prière et le travail des mains. Il ne douta point que cet homme ne fût un ange que Dieu lui envoyait pour >> lui enseigner ce qu'il avait à faire; et l'ange lui dit dans le >> même moment: Faites de même, et vous serez sauvé. » Antoine, rempli de joie et de confiance, fit usage de ce moyen de salut et fut tranquille le reste de sa vie (3). Saint Pambon suivait la même maxime avec la plus grande exactitude, et ne craignait rien tant que de perdre quelques instans d'un temps qui est si précieux.

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Il aimait tellement l'humiliation, qu'il pria Dieu pendant trois ans de ne le point glorifier devant les hommes, mais de le rendre au contraire un objet de mépris à leurs yeux. Le ciel cependant le glorifia pendant sa vie, mais lui accorda la grâce de se servir des applaudissemens qu'il recevait, pour s'établir de plus en plus dans l'humilité. L'éclat

(3) Cotel. Apoth. n. 1, p. 340. Rosweide, Vit. Patr. 1. 3, n. 500; 1. 5, libello 7, n. 1.

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