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des dons qui enrichissaient son âme, rejaillissait jusque sur son visage on remarquait dans son extérieur un certain air de majesté et une espèce de lumière divine, qui le rendaient en quelque sorte semblable à Moïse, et qui faisaient que personne n'osait le regarder en face. Saint Antoine, admirant la pureté de son cœur et l'empire qu'il avait acquis sur ses passions, avait coutume de dire de lui, que la crainte de Dieu l'avait rendu le sanctuaire du Saint-Esprit.

Saint Pambon, ayant quitté saint Antoine, se retira dans le désert de Nitrie. Mais il passa quelque temps dans le monastère des Cellules, où Rufin dit qu'il alla recevoir sa bénédiction en 374. Sainte Mélanie l'ancienne, visitant les solitaires de l'Egypte, alla voir saint Pambon au monastère `de Nitrie. Elle le trouva travaillant assis, et occupé à faire des nattes. Elle lui offrit trois cents livres pesant d'argent, et le pria d'accepter cette partie de son bien pour assister les frères qui étaient dans le besoin. Le saint abbé, sans interrompre son travail, et sans regarder Mélanie ni son présent, lui dit que Dieu récompenserait sa charité. Puis se retournant vers Origène, son disciple, il lui ordonna de distribuer tout l'argent aux frères de la Lybie et des îles, dont les monastères étaient fort pauvres, et de ne rien réserver pour ceux d'Egypte, parce que le pays était riche et abondant. Mélanie, qui se tenait toujours debout en sa présence, lui dit : « Savez-vous, mon père, qu'il y a là >> trois cents livres d'argent? Ma fille, lui répondit l'abbé, sans jeter seulement les yeux sur le coffre où était l'argent, celui à qui vous avez fait ce présent n'a pas be» soin que vous lui disiez combien il pèse. Si vous l'avez >> offert à Dieu, qui n'a pas dédaigné de recevoir deux >> oboles des mains de la veuve, et les a même plus esti» mées que les grands présens des riches, n'en parlez pas

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davantage.» Mélanie raconta elle-même à Pallade ce que nous venons de rapporter (4).

Saint Athanase pria saint Pambon de quitter son désert pour venir à Alexandrie confondre les ariens, en rendant témoignage à la divinité de Jésus-Christ. Le saint abbé, étant dans cette ville, se mit à pleurer amèrement à la vue d'une comédienne qui était parée pour monter sur le théâtre; et comme on lui demandait quelle était la cause de ses larmes, il dit qu'il pleurait, et sur le triste état de l'âme de cette femme, et sur sa propre lâcheté dans le service divin. «< Eh quoi! ajouta-t-il, se peut-il que j'aie moins de » soin de plaire à Dieu, que cette malheureuse n'en a de >> tendre des pièges à l'innocence (5) ? »

L'abbé Théodore ayant prié Pambon de lui donner quelques instructions, il lui dit : « Allez, et pratiquez la mi

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séricorde et la charité envers tous les hommes. La miséricorde fait trouver confiance devant Dieu. » Le prêtre de Nitrie lui demandant comment les frères devaient vivre : << Ils doivent vivre, répondit-il, dans le travail, dans la pratique de toutes les vertus, préserver leur conscience >> de toute tache, et sur-tout éviter de donner du scandale au prochain. » Pambon disait quelque temps avant que de mourir : « Depuis que je suis venu dans le désert, et que je m'y suis construit une cellule, je ne me souviens point » d'avoir mangé d'autre pain que celui que j'ai gagné par

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mon travail, ni d'avoir jamais proféré aucune parole

» dont j'aie eu lieu de me repentir dans la suite. Je vais cependant à Dieu, comme un homme qui n'a point encore commencé à le servir (6).

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Il mourut à l'âge de soixante-dix ans, sans maladie et

(4) Pallad. in Lausiac. c. 117.

(5) Socrate, 1. 4, c. 32; Cotelier, Apoth. p. 639, n. 4.. (6) Cotel. loc. cit. p. 640, n. 8.

sans douleur. Il était alors occupé à faire une corbeille, qu'il légua à Pallade, alors son disciple, n'ayant rien autre chose dont il pût disposer (7). Mélanie se chargea du soin de ses funérailles; et ayant obtenu la corbeille léguée à Pallade, elle la conserva précieusement jusqu'à sa mort. Saint Pambon est honoré par les Grecs le 18 de Juillet. Quelques calendriers marquent sa fête à d'autres jours. Plusieurs hagiographes donnent sa vie sous le 6 Septembre.

C'était une des maximes de ce Saint, que quiconque avait un cœur pouvait étre sauvé (8). Les austérités pratiquées dans les déserts ne conviennent point aux gens du monde, elles seraient même incompatibles avec les devoirs de leur état. Mais tous sont capables d'aimer Dieu souverainement, et de faire de leur amour le principe de leurs pensées, de leurs désirs, de leurs actions. Voilà ce que peuvent faire, avec le secours de la grâce, tous ceux qui ont un cœur. Dans quelques circonstances que nous nous trouvions, nous avons mille occasions de soumettre nos penchans par la mortification, de régler les mouvemens de nos cœurs et de purifier nos affections par le recueillement et la prière, d'unir nos âmes à Dieu par des actes réitérés de l'amour divin. Les hommes de toutes les conditions peuvent devenir de grands Saints, et trouver dans les fonctions mêmes attachées à leur état, des moyens de pratiquer ces vertus héroïques qui conduisent à la perfection.

(7) Pallad. in Lausiac. ibid.

(8) Cotel. loc. cit. n. 90, p. 640.

T. XIII.

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S. ÉLEUTHÈRE, ABBÉ DE SAINT-MARC, PRÈS DE SPOLETTE,

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EN ITALIE.

Vers l'an 585.

La simplicité du cœur et l'esprit de componction furent les vertus qui caractérisèrent principalement saint Eleuthère. Il fut élu abbé du monastère de Saint-Marc, près de Spolette, et favorisé du don des miracles. Ayant pris dans son monastère un enfant qu'il avait délivré du démon, il dit un jour à ce sujet : Depuis que cet enfant est parmi les >> serviteurs de Dieu, le démon n'ose plus approcher de » lui. » Ces paroles semblaient annoncer de la vanité de sa part, aussi le démon entra-t-il de nouveau dans l'enfant pour le tourmenter comme auparavant. Eleuthère avoua humblement sa faute; il indiqua un jeûne dans sa communauté, qui se mit en prières avec lui pour ce malheureux enfant. Dieu les exauça, et le démon sortit une seconde foi s de celui qu'il possédait.

Saint Grégoire-le-Grand ressentait une vive douleur de ne pouvoir jeûner le Samedi-saint, à cause d'une extrême faiblesse de poitrine. Il engagea Eleuthère, qui était alors à Rome, dans le monastère de Saint-André, de venir à l'église avec lui. Son dessein était d'obtenir de Dieu la guérison de son infirmité, afin qu'il pût se réunir aux fidèles dans la pratique d'un jeûne aussi solennel. Eleuthère pria avec beaucoup de larmes, et Grégoire fut en état de satisfaire sa dévotion, comme il le désirait avec tant d'ardeur. On lui attribue encore la résurrection d'un mort. Ayant quitté le gouvernement du monastère de Saint-Marc, il se retira dans celui de Saint-André à Rome, où il mourut vers l'an 585. On porta depuis son corps à Spolette.

Voyez saint Grégoire-le-Grand, Dialog. 1. 3, c. 14, 21, 33; 1. 4, c. 35.

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S. CHAGNOALD, ÉVÊQUE DE LAON.

L'AN 633.

suc

SAINT CHAGNOALD, vulgairement appelé saint Chagnon (1), fils de Chagnéric ou Agnéric, un des principaux seigneurs de la Brie, était frère de saint Faron, évêque de Meaux, et de sainte Fare, abbesse d'Eboriac. Il suivit dans son exil saint Colomban dont il était disciple. Il revint ensuite à Luxeul. Sainte Fare ayant demandé à saint Eustase, cesseur de saint Colomban, quelques-uns de ses religieux, pour établir une communauté d'hommes à Eboriac, saint Chagnoald lui fut envoyé avec saint Walbert. Les deux serviteurs de Dieu travaillèrent avec beaucoup de zèle à faire fleurir la discipline régulière dans le nouveau monastère. Walbert retourna depuis à Luxeul : mais Chagnoald resta à Eboriac, aujourd'hui Faremoutier, jusqu'au temps où il fut élevé sur le siége de Laon. On ignore les actions saintes par lesquelles son épiscopat fut honoré. On sait seulement qu'il assista au concile tenu à Reims, en 625, et qu'il souscrivit aux titres de la fondation de l'abbaye de Solignac en Limousin, faite en 631 par saint Eloi, qui était encore laïque. Il mourut d'apoplexie, vers l'an 633, comme nous l'apprenons d'une lettre de saint Paul de Verdun à saint Didier de Cahors, à qui il en demanda la nouvelle. Les auteurs du Gallia Christiana mettent sa mort en 640. Il est honoré le 6 de Septembre.

Voyez le Gallia Christ. nova, t. IX, p. 511; du Plessis, Hist. de l'égl. de Meaux, t. I, p. 14, 15, 27; le P. Longueval, Hist. de l'égl. Gal. t. III, p. 470, et Baillet, sous le 6 de Septembre.

(1) En latin, Chagnoaldus, Hagnoaldus, Chainoaldus, Agnoaldus, Chagnulfus.

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