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Saint Fiacre avait une sœur, nommée Syra, qui mourut dans le diocèse de Meaux, où elle est honorée comme vierge. Quelques auteurs font mention d'une lettre que cette Sainte reçut de son frère, et qui renfermait des maximes de conduite (3). On ne doit pas confondre sainte Syra de Meaux avec celle de Troyes qui était mariée, et qui vivait dans le troisième siècle (4).

On lit dans d'autres auteurs que S. Fiacre était l'aîné des fils d'un Roi d'Ecosse, contemporain de notre Roi Clotaire II, et que les Ecossais lui ayant envoyé des ambassadeurs pour lui offrir la couronne, il répondit qu'il avait renoncé à tous les avantages de la terre, pour s'assurer un bonheur éternel dans le ciel (5). Mais cette circonstance ne se trouve point dans l'ancienne vie du Saint.

Saint Fiacre mourut le 30 d'Août, vers l'an 670, et fut enterré dans son oratoire. Il ne paraît pas qu'il ait jamais eu des disciples. Les moines de saint Faron entretinrent long-temps deux ou trois prêtres à Breuil, pour desservir la chapelle et assister les pèlerins; enfin ils y fondèrent un prieuré, qui subsiste encore aujourd'hui, et qui dépend de l'abbaye de saint Faron.

La châsse de saint Fiacre devint bientôt célèbre par plusieurs miracles; on venait la visiter de toutes les provinces de la France. On transporta ses reliques à Meaux en 1568(6). Il en resta cependant une partie à Breuil, autrement appelé Saint-Fiacre. Les grands-ducs de Florence en obtinrent aussi deux petites portions en 1527 et en 1695, et

(3) Voyez Dempster, Léland, Tanner, etc.

(4) Voyez Duplessis, note 30, t. I,
p. 684.

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(5) Voyez Hector Boëtins Hist. Scot. 1. 9, fol. 173; David Camerarius, 1. 3 de Scotor fortis. p. 168; l'évêque Leslie, de Rebus Scot. 1. 4, p. 156.

(6) Et non en 1562, comme Mabillon l'a avancé. Voyez Duplessis, note 29, p. 684.

ils les déposèrent dans une chapelle qu'ils avaient fait bâtir à Toppaïa, une de leurs maisons de campagne. Notre Saint est patron de la Brie. Il y a plus de mille ans que son nom est célèbre en France, et l'on compte dans ce royaume un grand nombre d'églises qui sont dédiées sous son invocation. Nous n'entrerons point dans le détail des miracles opérés par l'intercession de saint Fiacre; nous nous bornerons à quelques-uns des principaux (7). En 1649, M. Séguier, évêque de Meaux, et Jean de Châtillon, comte de Blois, reconnurent qu'ils lui étaient redevables, après Dieu, de la guérison d'une maladie dangereuse. La Reine Anne d'Autriche attribua aussi à sa protection celle de la maladie qu'eut à Lyon le Roi Louis XIII, et qui alarma toute la France; et en 1641, elle alla à pied à Saint-Fiacre, en exécution d'un vœu qu'elle en avait fait. Elle fut délivrée par le même moyen d'un flux de sang qui avait résisté à tous les remèdes de la médecine. Elle ne douta point que la naissance de Louis XIV son fils n'eût été le fruit des prières de ce Saint, et elle en témoigna publiquement sa reconnaissance. Louis XIV étant sur le point de se faire faire une opération dangereuse, M. Bossuet, évêque de Meaux, commença une neuvaine à Saint-Fiacre, laquelle fut achevée par les moines.

Voyez l'ancienne vie du Saint, ap. Mabil. sec. 2, Ben.; le P. Stilting, t. VI, Augusti, p. 598; D. Toussaint du Plessis, Bénédictin de la congrégation de Saint-Maur; Hist. de l'église de Meaux, l. 1, n. 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, t. I et t. II, p. 174, 375; Ussérius, Antiq. c. 17, p. 488. Ce dernier auteur prouve que saint Fiacre était venu en France d'Irlande, et non d'Ecosse, tant par une ancienne prose, que par ces paroles du saint anachorète à saint Faron, lesquelles se lisent dans Jean de Tinmouth : (( L'Irlande, l'ile des Scots, m'a donné nais

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1.

(7) Voyez Duplessis, l. 1, n. 70, t. I, p. 57, et t. II, p. 672.

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La mémoire de cette servante de Dieu se célèbre le 30 Août dans l'église de Saint-Castor à Coblence. Autrefois son tombeau était très-fréquenté, et il s'y opéra plusieurs miracles très-constatés. On en trouve un rapport détaillé dans les Bollandistes (1). On ne sait rien touchant la vie de la pieuse vierge, on ignore même l'année de sa mort. Elle arriva probablement dans le dixième ou le onzième siècle.

Voyez Jean Pinius, Acta Sanctorum, t. VI, Augusti, p. 625.

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Tiré des chroniques de l'ordre de la Merci, et des autres monumens publiés par le P. Pinius, l'un des continuateurs de Bollandus, t. VI, Aug. p. 729, et de la vie du Saint, par le P. François Dathia, religieux du même ordre, Paris, 1631, in-12. On peut voir aussi Hélyot, qui ne fait guères cependant que copier Baillet.

L'AN 1240.

C'EST une maxime du Sauveur (1), que la fidélité du chrétien et son amour pour Dieu, se mesurent sur sa charité envers le prochain. Nous pouvons d'après cela nous former une juste idée du Saint que l'Eglise honore en ce jour. Saint Raimond Nonnat (2) naquit en 1204, à Portel, au

(1) Tome VI, Augusti, p. 624.

(1) Jean. XIII, 34, 35; XV, 12, etc.

(2) On lui donna le surnom de Nonnat, parce que sa mère étant morte avant sa naissance, on le tira de son corps par l'opération cé

diocèse d'Urgel, en Catalogne. Ses parens étaient d'une famille noble, mais peu favorisée des biens de la fortune. Dès son enfance, il ne témoignait de goût que pour les exercices de piété et pour l'accomplissement de ses devoirs. La pénétration de son esprit lui fit parcourir avec autant de rapidité que de succès la carrière des belles-lettres. Son père, qui remarquait en lui de l'inclination pour la vie monastique, ou du moins pour l'état ecclésiastique, l'envoya à la campagne pour y faire valoir une ferme. Le Saint obéit sans répliquer, et par amour de la solitude, il se chargea lui-même du soin de garder le troupeau. Il imitait sur les montagnes et dans les forêts la vie des anciens anachorètes. Quelque temps après, ses amis le pressèrent d'aller à la cour d'Aragon, où il ne pourrait manquer de faire fortune, vu les qualités dont il était doué, et les relations de parenté qu'il avait avec les illustres maisons de Foix et de Cardone. Mais il voulut se délivrer de leurs importunités, en exécutant la résolution qu'il avait formée depuis long-temps de renoncer au monde. Il prit l'habit chez les religieux de Notre-Dame de la Merci, institués pour la rédemption des captifs. Son choix fut encore dirigé par la charité.

Il s'était senti dès son enfance beaucoup de compassion pour les malheureux, et ce sentiment n'avait fait que se fortifier avec les années. Il était principalement touché des

sarienne. M. Méry a fait de fortes objections contre la possibilité de cette opération, qui, de l'aveu même de ses partisans, exige la plus grande attention de la part des praticiens. Mém. de l'Acad. en 1708. Elle est cependant justifiée par plusieurs exemples remarquables; elle sauva la vie à Scipion-l'Africain, surnommé César; à Manlius de Carthage, et selon quelques auteurs, à Jules-César. (Voyez la Chirurgie de Heister, etc.) Mais on ne doit la tenter que quand on a des preuves certaines que la mère ne vit plus; autrement on s'exposerait à lui donner la mort. Un habile chirurgien ayant eu ce malheur, en fut si affligé, qu'il renonça à sa profession.

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souffrances des chrétiens qui gémissaient sous l'esclavage des Maures. Il portait, pour ainsi dire, tout le poids de leurs chaînes mais le danger où ils étaient continuellement de perdre la foi, l'affligeait d'une manière encore bien plus sensible. Il priait Dieu de les soutenir par sa grâce, et il eût voulu, avec l'apôtre saint Paul, être immolé pour le salut de leurs âmes (3). Il trouva le moyen de vaincre la résistance de son père qui s'opposait à sa vocation, et il fit ses vœux à Barcelone, entre les mains de saint Pierre Nolasque, fondateur de l'ordre de la Merci.

Le nouveau religieux devint le modèle de ses frères par sa ferveur, sa mortification et ses autres vertus. Ses progrès dans la perfection furent si surprenans, qu'après deux ou trois ans de profession, on le jugea digne d'exercer l'office de rédempteur, et de remplacer à cet égard saint Pierre Nolasque. Ayant été envoyé en Barbarie, il obtint des Algériens la liberté d'un grand nombre d'esclaves. Lorsque ses fonds furent épuisés, il se donna lui-même en ôtage pour la rançon de ceux des chrétiens dont la situation était la plus rude, et dont la foi courait le plus de risques. Le sacrifice généreux qu'il faisait de sa propre liberté, ne servit qu'à irriter les mahométans. Ils le traitèrent avec tant d'inhumanité, qu'il serait mort entre leurs mains, si la crainte de perdre la somme stipulée n'eût engagé le cadi, ou magistrat de la ville, à donner des ordres pour qu'on l'épargnât. On le laissa donc respirer, et on lui permit d'aller où il voudrait. Il profita de la permission qu'on lui accordait, pour visiter les chrétiens et les consoler. Il ouvrit aussi les yeux à plusieurs musulmans, qui reçurent le baptême. Le gouverneur en ayant été informé, le condamna à être empalé. Mais ceux qui étaient intéressés au payement de la rançon des captifs pour les

(3) 2. Cor. XII, 15.

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