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secours. ((

quels il était en ôtage, obtinrent une commutation de peine, et il souffrit une cruelle bastonnade. Ce supplice ne ralentit point son courage; il croyait n'avoir rien fait, tant qu'il voyait ses frères en danger de périr éternellement : aussi ne laissait-il échapper aucune occasion de venir à leur Quand un homme, disait-il avec saint Chrysos» tâme (4), donnerait aux pauvres des trésors immenses cette bonne œuvre n'approche point de celle d'un homme qui contribue au salut d'une âme. Cette aumône est pré» férable à la distribution de dix mille talens; elle vaut mieux que le monde entier, quelque grand qu'il pa>> raisse à nos yeux; car un homme est plus précieux que >> tout l'univers. »

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Le Saint n'avait plus d'argent pour racheter les captifs; d'un autre côté, c'était un crime capital chez les musulmans de parler de religion à ceux de leur secte. S'il se laissait aller à l'espérance de quelque succès, il se voyait exposé à mourir victime de sa charité. Il reprit cependant sa première méthode d'exhorter les chrétiens et d'instruire les infidèles. Le gouverneur, informé de sa conduite, en fut extrêmement irrité; il le fit fouetter au coin de toutes les rues de la ville; apres quoi on lui perça les lèvres avec un fer rouge dans la place publique, et on lui ferma la bouche avec un cadenas que l'on n'ouvrait que quand il fallait le faire manger. Ensuite on le chargea de chaînes, et on le renferma dans un cachot. Il y resta huit mois, et il n'en sortit que lorsque les Pères de la Merci eurent apportě la rançon qu'envoyait saint Pierre Nolasque. Voyant qu'on ne voulait point le laisser en prison, il demanda qu'il lui fût ́ au moins permis de vivre au milieu des esclaves qui avaient un pressant besoin de secours. Mais les ordres de son général qui le rappelaient, l'obligèrent de partir. En arri

(4) Or. 3 contra Jud.

vant en Espagne, il fut nommé cardinal par le Pape Grégoire IX. Sa nomination à cette dignité ne changea rien dans ses sentimens ; il conserva toujours son habit et sa première manière de vivre. Il préféra sa cellule à un palais qu'on lui offrait ; il ne voulut point avoir de riches ameublemens, et se contenta de ce qui suffisait aux besoins de la nature. Le Pape le manda à Rome, dans l'espérance qu'il lui serait fort utile pour le gouvernement de l'Église. Il se mit en route, et voyagea avec la simplicité d'un pauvre religieux; mais, à peine fut-il arrivé à Cardone, qui n'est qu'à six milles de Barceloné, qu'il fut attaqué d'une fièvrc violente. On vit bientôt en lui des symptômes qui annoncèrent la proximité de sa fin. Il mourut le 31 Août 1240, à l'âge de 37 ans. On l'enterra dans une chapelle qui était dédiée sous l'invocation de saint Nicolas, et voisine de la ferme où il avait vécu dans sa jeunesse. Saint Pierre Nolasque y fit bâtir un couvent de son ordre en 1255, et l'on y conserve encore les reliques de saint Raimond. L'histoire de ses miracles a été insérée dans le recueil des Bollandistes. Le Pape Alexandre VII fit mettre son nom dans le martyrologe romain en 1657.

Saint Raimond donna non-seulement ses biens, mais encore sa liberté; il s'exposa aux plus cruels tourmens, et à la mort même, pour racheter les captifs et sauver les âmes. Que cette charité, qui fait le caractère essentiel des vrais chrétiens, est rare aujourd'hui ! On ne cherche qu'à satisfaire son avarice, ou son luxe et sa vanité; on laisse périr les pauvres de misère, plutôt que de leur donner son superflu. On ne sait ce que c'est que de visiter les prisonniers ou les malades, et on ne pense point à aller à leur secours. Notre insensibilité nous empêche de compatir à leurs maux spirituels. Combien peu en est-il qui prient pour les pécheurs, qui profitent des occasions qui se présentent de les ramener à la vertu, ou par eux-mêmes, ou

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par les autres ! N'avons-nous pas lieu de conclure de nos dispositions, que nous n'aimons ni Dieu, ni le prochain? Sondons nos cœurs, et nous verrons qu'ils ne sont remplis que de l'amour de nous-mêmes, et que la cupidité est le principe dominant de nos actions.

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CETTE Sainte, sœur d'Ina, fut mariée à Alfred, qui en 685 fut couronné Roi des Northumbres. Son mari lui permit d'exécuter la résolution qu'elle avait prise de rester vierge et de se retirer dans le monastère de Barking, au comté d'Essex. Elle fonda depuis celui de Winburn, dans le comté de Dorset, et en prit le gouvernement. Elle y joignit les austérités de la pénitence à la ferveur de la prière. Sa douceur et son affabilité pour le prochain la faisaient universellement aimer et respecter. Elle ne cessait d'exhorter ses sœurs à vivre comme de dignes épouses de Jésus-Christ, et à se préserver de toute affection au monde pour ne soupirer qu'après le bonheur céleste. Elle mourut le 31 Août, au commencement du huitième siècle, après avoir reçu le saint Viatique et après avoir été purifiée par une maladie longue et douloureuse. Ses reliques ont été vénérées à Winburn jusqu'à la prétendue réforme. Elle est nommée dans le bréviaire de Sarum.

Voyez Guillaume de Malmesbury, dans l'histoire du Roi Ina; Léland, Itiner. t. III, p. 72 et 118; Harpsfield, Alford et Cressy.

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ISABELLE, fille de Louis VIII, Roi de France, et de Blanche de Castille, et sœur unique de saint Louis, naquit en 1225. Elle n'avait encore que deux ans lorsqu'elle perdit son père. Sa mère la fit élever non-seulement dans la pratique des vertus chrétiennes, mais encore dans la connaissance des lettres. Elle apprit assez de latin pour corriger souvent ce que ses chapelains écrivaient en cette langue. Toute sa vie, depuis l'âge de treize ans, fut consacrée à la prière, à la lecture et au travail. Par une suite de la résolution qu'elle avait prise de rester vierge, elle fuyait tous les vains amusemens de la cour, et ne se prêtait à la parure des habillemens, que par obéissance pour la Reine sa mère. On lui proposa d'épouser Conrad, fils aîné de l'Empereur. Sa mère, saint Louis son frère, et le Pape se réunirent pour l'engager à consentir à cette alliance, qu'ils croyaient utile au bien de l'Église et de l'État. Mais elle voyait les choses sous un point de vue différent; elle allégua le vœu qu'elle avait fait à Dieu de sa virginité, et manda au Souverain-Pontife, que c'était quelque chose de plus grand d'occuper la dernière place parmi les vierges consacrées au Seigneur, que d'être Impératrice et la première femme du monde. On ne put s'empêcher d'admirer la générosité de son sacrifice; saint Louis lui donna de justes éloges, et le Pape lui écrivit pour la féliciter sur les dispositions où elle était. La suite de sa vie lui montra quels motifs lui avaient fait préférer le calme d'une vie retirée aux tempêtes de la mer orageuse du monde.

Isabelle jeûnait trois jours par semaine, indépendamment

de ceux où l'Église en faisait une loi. Elle ne mangeait que des choses fort communes, et se renfermait dans les bornes les plus étroites pour la quantité. Les mets les plus délicats de sa table étaient pour les pauvres. Saint Louis l'ayant un jour trouvée occupée à filer un bonnet, la pria de le lui donner, l'assurant qu'il le porterait pour l'amour d'elle. « C'est, dit-elle, le premier ouvrage que je fais en ce » genre, et il est juste que les prémices de mon travail >> soient pour Jésus-Christ. » Le saint Roi, édifié de cette réponse, la pria de lui en filer un autre, ce qu'elle lui promit, en cas qu'elle reprît cette espèce de travail. Le bonnet fut donné à un pauvre. L'humilité était la vertu favorite d'Isabelle. Elle voulut que le monastère qu'elle fit bâtir auprès de Paris, et qui est aujourd'hui connu sous le nom de Longchamp, portât celui d'Humilité de NotreDame, parce que c'était cette vertu qui avait principalement mérité à la Sainte-Vierge l'auguste dignité de Mère de Dieu. Elle le fonda en 1252 pour les religieuses de sainte Claire. Elle leur obtint depuis du Pape Urbain IV une dispense pour posséder des biens en propre. Après la mort de la Reine sa mère, Isabelle se retira dans ce monastère. Guillaume de Nangis s'est trompé en avançant qu'elle avait fait profession de la règle de saint François; tous les autres écrivains qui ont parlé d'elle, s'accordent à dire que sa mauvaise santé l'empêcha de contracter un pareil engagement. Mais elle n'en vivait pas moins dans le monastère, où elle pratiquait toutes les vertus qu'exige la retraite. Les dix dernières années de sa vie, elle fut éprouvée par une maladie continuelle ; et saint Louis, qui l'aimait tendrement, lui faisait de fréquentes visites. Elle parlait peu, et quand on lui en demandait la raison, elle répondait que c'était pour expier les péchés qu'elle avait commis par la langue. Elle aimait cependant à s'entretenir avec des personnes religieuses sur le bonheur du ciel et sur d'autres

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