Images de page
PDF
ePub
[graphic]

sion, c'est tout pour moi. Au reste, s'il vient un ordre de Rome en forme, j'obéirai certainement avec joie, et je serai ravi d'avoir à donner un exemple d'obéissance. Notre Seigneur soit avec vous.

prierai de me déclarer vos intentions. Vous y | der l'instruction et l'exhortation à la concluverrez les miennes; et après avoir tant agité cette affaire, il en faut venir à une décision pour avoir la paix, n'y ayant rien de moins propre à la conserver que de laisser les choses trop long-temps en suspens. Je n'ajouterai rien sur ce sujet à la lettre, qui dit tout: croyez seulement que la charité l'a dictée.

A Meaux, ce 26 avril 1694.

A Meaux, ce 27 avril 1694.

LETTRE LVI.

A MADAME DU MANS.

Il l'exhorte à chercher son repos en Dieu, et à ne point se décharger des novices.

Ne cherchez point de repos qu'en la pure bonté de Dieu : jusqu'à ce que vous en soyez là, vous ne serez jamais sans trouble. C'est à tort que vous vous êtes inquiétée sur cette pénitence; avant ou après, tout est bon. Ne me parlez jamais de recommencer vos confessions.

Je ne souhaite point, ma Fille, que vous fassiez rien pour vous décharger des novices. Ce que vous me mandez sur la première maîtresse est digne de réflexion. Consolez ces ames affligées, et faites-les marcher dans la latitude. Ma sœur Cornuau me paroît fort contente. Notre Seigneur soit avec vous.

A Mcaux, ce 26 avril 1694.

LETTRE LVII.

A LA MÊME.

Sur la gravité de la rémission des péchés, et la disposition du prélat à obéir à la décision de Rome sur les affaires de Jouarre.

Puisque l'affaire du noviciat est consommée, et que l'obéissance l'a décidée, Dieu le veut ainsi. Il est vrai que j'avois consenti aux desirs de madame de Rodon; mais à condition que l'obéissance en décidât.

Vous êtes bien simple, ma Fille, quand vous vous troublez, faute de croire que vous ayez mérité la rémission de vos péchés. Ne songez-vous pas qu'elle est gratuite, et que si vous y cherchez d'autres mérites que ceux de Jésus-Christ, vous ne sentez pas assez le fruit de votre rachat?

J'ai reçu la lettre dont vous me faites mention dans celle du 26. Quand ma lettre * ne produiroit d'autre effet que celui d'avoir fait précé

[ocr errors][merged small]

LETTRE LVIII.

A LA MÊME.

Il lui donne une règle pour ses retraites, et la porte à éviter l'agitation et l'inquiétude.

Je vous offrirai à Dieu de tout mon cœur, ma Fille. Ne vous mettez point tant en peine si votre état de langueur est agréable à Dieu. Sa volonté est d'une étendue infinie et embrasse tout, pourvu qu'on se conforme à elle.

La règle pour vos retraites est, ma Fille, de consulter avant toutes choses ce qui se peut ou ne se peut pas du côté du dehors; et quand vous serez en liberté de ce côté-là, entrer en retraite; sinon trouver la retraite, comme tout le reste, dans la volonté de Dieu.

Quant à l'autre point * dont vous me parlez, on ne doit point penser à cela; j'y penserai moimême quand il faudra. Il faut auparavant savoir l'état des choses en général, et je n'en puis être informé que par un voyage à la Trappe. Alors, quand je verrai ce qui se pourra, je réglerai sous les yeux de Dieu ce qu'il faudra. En attendant, être en repos est le seul parti: autrement le bon desir se tourne en agitation et en inquiétude. Notre Seigneur soit avec vous. Recommandez le secret.

A Germigny, ce 15 mai 169%.

LETTRE LIX.

[graphic]

A MADAME DE LA GUILLAUMIE.

Il lui montre le remède de ses peines dans la foi, et la porte à continuer ses fonctions dans une ferme confiance au secours de Dieu.

Je vous plains d'un côté, ma Fille, dans l'état pénible où vous êtes; et de l'autre je me console, dans l'espérance que j'ai que Dieu travaillera en vous très secrètement. Il sait cacher son ouvrage, et il n'y a point d'adresse pareille à la sienne pour agir à couvert. Ce n'est point par goût, et encore moins par raison ou par aucun effort, que vous serez soulagée; c'est par la seule

*Le desir de se retirer à l'abbaye des Clairets, proche celle de la Trappe.

foi obscure et nue, par laquelle vous mettant entre ses bras, et vous abandonnant à sa volonté en espérance contre l'espérance, comme dit saint Paul, vous attendrez son secours. Pesez bien cette parole de saint Paul, in spem contra spem, « en espérance contre l'espérance. » Je vous la donne pour guide dans ce chemin ténébreux, et c'est vous donner le même guide qui conduisit Abraham dans tout son pèlerinage. Communiez sans hésiter, et dans cette foi, tous les jours ordinaires; et non seulement toutes les fois que l'obéissance le demandera, mais encore lorsque vous y serez portée, si Dieu le permet, par quelque instinct, pour obscur qu'ils soit. Faites de même vos autres fonctions, sans aucun effort, pour sortir d'où vous êtes, persuadée que plus Dieu vous plongera dans l'abîme, plus il vous tiendra secrètement par la main. Il n'y a point de temps à lui donner, ni de bornes à lui prescrire. Quand vous n'en pourrez plus, il sortira des ténèbres un petit rayon de consolation qui vous servira de soutien parmi vos détresses. J'aurai soin de ce que vous me mandez sur le sujet de M. le grand-vicaire : sa conduite est. sainte; vous ne devez pas vous en retirer la mienne et la sienne n'est qu'un. Notre Seigneur

soit avec vous.

A Meaux, ce 8 juin 1694.

:

P. S. Soyez fidèle jusqu'à la fin, et je vous donnerai la couronne de vie.

LETTRE LX.

A MADAME DU MANS.

Sur la modération dans ses mouvements, et l'attention aux desirs que Dieu inspire.

On m'a rendu votre lettre ce matin, ma Fille, dans une conjoncture où à peine avois-je le loisir de l'ouvrir, bien loin d'y pouvoir répondre. La lettre est fort bien. Conseillez à votre amie de ne se donner aucun mouvement. Si j'avois suivi le mien, j'aurois tout rompu d'un seul coup: mais il faut être plus attentif aux desirs Dieu inspire, quoiqu'il n'en veuille pas toujours l'accomplissement. Je le prie beaucoup pour cette personne, et j'espère qu'il me donnera la décision sur ce qu'il veut d'elle; mais il faut auparavant tout connoître. Pour Fille, marchez en fidélité et en confiance. Notre Seigneur soit avec vous.

que

A Mcaux, ce 14 juin 1694.

vous, ma

LETTRE LXI.

A MADAME DE LA GUILLAUMIE.

Sur certains desirs que Dieu lui donnoit, et sur ce qu'elle devoit faire pour profiter de ses sécheresses.

Je me réjouis, ma Fille, de votre tranquillité. Je n'écris rien ni n'écrirai rien à personne sur votre desir*. Je penserai soigneusement à vous faire faire la volonté de Dieu : ce n'est pas chose où il faille aller vite, ni sans des marques extraordinaires ou du moins bien particulières de vocation. Dieu ne veut pas toujours l'accomplissement de tous les desirs qu'il inspire. Soyez donc toujours soumise et fort secrète : j'en userai avec le même secret.

Vous tirerez tout le fruit que Dieu veut de vos sécheresses, si vous continuez, ma Fille, à vous acquitter de vos devoirs comme vous pourrez, sans quitter aucun de vos exercices, et moins encore l'oraison et la communion. Mettez à la place des regrets de vos péchés, qui vous manquent, celui que Jésus-Christ en a offert pour vous à son Père, et rendez-le-vous propre par la foi. Je n'ai plus rien à vous dire sur le reste. Notre Seigneur, que je prie sans cesse de vous aider, soit avec vous, ma Fille.

A Meaux, ce 18 et 21 juin 1694.

LETTRE LXII.

A MADAME DU MANS.

Il la rassure à l'égard de ses confessions passées, et la presse de s'appliquer la grande indulgence de la mort de Jésus-Christ.

Je suis en peine de votre santé, et encore plus de votre peine, qui peut même nuire beaucoup à votre santé. Je suis, au reste, bien assuré que vous n'avez rien à craindre pour les péchés de votre vie passée, ni rien à suppléer d'obligation dans les confessions générales, et dans les revues que vous avez faites; et vous feriez chose agréable à Dieu de vous en tenir là, sans rien remuer davantage : que si je vous ai promis de vous ouïr, c'est par pure condescendance. Ainsi vous feriez très bien de déposer tout doute et tout scrupule, et quand même vous seriez à l'article de la mort; car c'est même principalement à ce moment-là qu'il faut, à l'abandon, se jeter entre les bras de la miséricorde de Dieu, et quitter tout ce qui empêche le cœur de se dilater en elle. Faites ainsi, et ne craignez rien, et ne songez point à vous confesser de

* Elle avoit dessein de solliciter une place dans le monastère des Clairets.

rien du passé; puisque je vous assure que vous y avez satisfait : je vous connois assez pour vous mettre en repos sur cela et sur toutes choses. Allez donc en paix, si Dieu le veut.

Vous voyez, ma Fille, jusqu'où je pousse les choses. Je ne me départs point cependant de la promesse que je vous ai faite, quoique je n'y croie point de nécessité. Portez votre mal en humilité et en patience. Jésus-Christ soit avec vous. Appliquez-vous, autant que le peut une foi vive, la grande indulgence de sa mort: la foi en porte l'effet jusqu'à l'infini; et toutes les autres indulgences, qu'il est bon de chercher et de desirer, sont fondées sur celle-là. Je vous bénis de tout mon cœur, et ne cesserai de vous offrir à Dieu.

[blocks in formation]

tre abbesse vous confie, d'une telle conséquence, que vous ne devez pas y refuser votre ministère. Il n'est point question, ma Fille, de conduire des contemplatives; mais, sans aucun égard à ces hauts états vrais ou prétendus, d'en examiner les qualités par rapport à la vocation au monastère de Jouarre, sans écouter autre que Dieu. Quand je dis écouter Dieu, je n'entends pas que vous attendiez qu'il vous parle d'une façon particulière: ces manières particulières d'écouter Dieu me font plus douter qu'elles ne me ras

[graphic]

surent.

Écouter Dieu, c'est examiner les faits qui peuvent faire ou pour ou contre, peser les raisons, et assurer l'esprit de Madame dans les divers rapports qu'on a pu lui faire. Vous parviendrez à cela, ma Fille, si vous vous tenez sans prévention sur tout ce qui se dit de part et d'autre; si vous priez Dieu avec une sainte indifférence de vous éclairer, et que, sans avoir égard à ce qui se dit de part et d'autre, vous vous rendiez attentive à la vérité; car Dieu parle quand on la connoit, et on la connoit quand on la cherche. N'ayez donc ni éloignement ni pré

se veut donner à Dieu, qu'à la bannir de sa maison; mais regardez les choses simplement; dites-les de même, et Dieu bénira vos intentions, qui seront pures, comme celles de madame votre abbesse le sont.

Tâchez de n'abandonner pas entièrement vos novices peut-être que la seconde cellérière pourroit en conserver le soin sous votre conduite, et profiter de vos connoissances et du crédit que vous avez sur elles. Voilà, ma Fille, ce que vous avez à faire à cet égard.

Les plaies que fait le Bien-aimé sont le sou-vention; penchez plutôt à secourir une ame qui tien d'un cœur blessé de son amour : croyez, ma Fille, que c'est de lui qu'est parti ce trait qui vient de vous percer. Ne le priez pas qu'il adoucisse la rigueur du coup, mais qu'il vous soutienne pour le bien porter. Les temps des croix sont les temps précieux de la vie : il faut se donner en proie à celui qui, par les plaies qu'il nous fait, veut tirer tout notre sang, c'est-à-dire toute la vie des sens. Songez à tout ce que Dieu óta à Job en un instant, et comme tout ce qu'il lui laissa tourna en supplice: il n'eut pas de honte de confesser et de témoigner sa douleur. Ne déchirez pas votre habit; mais laissez-vous déchirer le cœur par celui qui a voulu vous mettre à cette rigoureuse épreuve. Réunissez en lui seul tout ce que cet objet mortel pouvoit attirer, et vivez de la vérité. Je prie pour vous: notre Seigueur soit avec vous à jamais.

A Marly, ce 24 juillet 1694.

Pour ce qui est de vos confessions passées, et de l'omission des péchés ou des circonstances aggravantes, vous ferez bien de n'y plus songer. Vous avez bien fait de ne vous en pas confesser ni pendant votre maladie, ni depuis le rétablissement de votre santé. Tenez-vous-en à cette réponse, et me croyez tout à vous. A Paris, ce 26 juillet 1694.

[graphic]

LETTRE LXIV.

A MADAME DU MANS.

LETTRE LXV.

A LA MÊME.

de l'abbesse de Joua re.

Sur un emploi que son abbesse vouloit lui confier; et la Sur les obediences, la conclusion de la visite, et la conduite manière dont elle doit écouter Dieu, pour éviter l'illusion et les jugements téméraires.

Quoique je plaigne les novices que vous avez sous votre charge, pour être au nombre des Sœurs, je trouve l'autre affaire, que madame vo

Après vous avoir mandé mon sentiment sur vos obédiences, par conseil, et non autrement, je vous laisse, ma Fille, à la disposition de madame votre abbesse et de la divine Providence.

Il n'y a plus rien à dire sur les deux novices dont vous m'écrivez je n'entre pas volontiers dans cet examen sans nécessité. L'année ne se

LETTRE LXVII.

A MADAME DU MANS.

causes de ses retardements.

passera pas, s'il plaît à Dieu, que je ne conclue Sur un faux bruit qui s'étoit répandu de sa mort, et les la visite par les réglements qui seront le plus nécessaires. Ne faites point d'austérités que votre santé ne soit plus forte. Je prie Dieu qu'il vous sanctifie en vérité.

Continuez toujours, ma Fille, dans votre conduite ordinaire avec madame votre abbesse. Je suis obligé de partir lundi pour Paris: j'irai mon train dans le temps convenable; et, comme je vous l'ai dit, je prends pour compliment tout ce qui n'est pas une entière obéissance, comme on la doit à un supérieur qui représente JésusChrist, et qui ne veut que la règle. Aussitôt qu'il y aura des Discours sur la Comédie, j'en enverrai pour vous, pour mesdames de Lusancy et de Rodon, et pour nos autres chères Filles et ma sœur Cornuau.

Notre Seigneur soit avec vous.

A Germigny, ce 11 et 15 août 1694.

LETTRE LXVI.

A MADAME DE LA GUILLAUMIE.

Sur le livre du prélat contre la comédie. et sur les sécheresses de cette religieuse.

rieux de la vertu chrétienne.

Je vois bien que la nouvelle de ma mort subite a été portée juqu'à Jouarre: je n'en sais point de fondement, puisque en vérité je n'ai pas eu seulement mal au bout du doigt. Le fruit de ces bruits que Dieu permet est, ma Fille, de nous tenir tous en la main de Dieu.

Tant que je vivrai, je n'abandonnerai jamais la sainte maison. Il faut se soumettre à la volonté de Dieu pour l'affaire des réceptions. Si en cette affaire, ou dans les autres choses, je tardois par des vues ou pour des affaires humaines, je me reprocherois mes retardements et mes absences: mais comme Dieu sait que non, c'est à lui à suppléer par sa présence ce qu'il feroit par la mienne. C'est ce que vous pourrez dire à celles qui en sont capables. Je vous donne les permissions et les approbations que vous demandez, qui sont très dans l'ordre. Notre Seigneur soit avec

vous.

A Germigny, ce 43 septembre 4694.

LETTRE LXVIII.

A LA MÊME.

Sur un prédicateur; sur sa manière de procéder dans ses visites; et sur le vin qui sert au saint sacrifice.

C'est à la paroisse de Coulommiers que j'ai cru

Je suis bien aise, ma Fille, du bon effet qu'ont produit en vous les passages de saint Basile et des autres saints cités dans le livre de la Comédie c'est un flambeau allumé devant les yeux des chrétiens, tant dans le siècle que dehors, pour les faire entrer dans l'incompréhensible sé-faire plaisir, en lui donnant le Père gardien pour prédicateur. J'ai beaucoup d'estime pour lui, et Sur le sujet de vos sécheresses, songez seule-je tâcherai de le conserver en ce pays. ment que l'ouvrier invisible sait agir sans qu'il y paroisse, et que le tout est de lui abandonner secrètement son cœur pour y faire ce qu'il sait, et de ne perdre jamais la confiance, non plus que la régularité aux exercices prescrits de l'oraison et de la communion, sans avoir égard au goût ou au dégoût qu'on y ressent; mais dans une ferme foi de son efficace cachée. Notre Seigneur soit avec vous: je ne vous oublie jamais devant lui.

A Germigny, ce 13 septembre 1694.

P. S. Je vous bénis de tout mon cœur, avec vos novices; je loue Dieu des graces qu'il vous fait pour elles.

On n'a garde de savoir mes intentions pour la visite; je ne les sais pas moi-même. Je ne porte jamais à ces actions des jugements déterminés : l'occasion, le besoin décide, et la charité, toujours douce, toujours patiente, par-dessus tout. Il faut sur cela s'abandonner à la Providence. Vous parlez bien sur ce sujet, et j'en suis content.

Pourvu que le vin soit pur, naturel, et non mélangé, quoique foible par sa nature, il peut servir au sacrifice. Il est bien pourtant d'en donner qui soit un peu plus fort, et surtout qui ne soit point dégoûtant, à cause des mauvais effets de ce dégoût. Quand le vin nouveau sera reposé, il n'y a point d'inconvénient d'en donner.

Desirer et s'humilier sans découragement ni inquiétude; voilà, ma Fille, ce que je vous souhaite.

A Germigny, ce 10 octobre 1694.

LETTRE LXIX.

A LA MÊMES

Sur son découragement, et les avantages qu'elle doit retirer de l'expérience de sa foiblesse.

Le tout est, ma Fille, de ne vous pas décourager de votre découragement. Que trouvezvous de si nouveau dans vos foiblesses, que pour cela vous vous troubliez jusquà vouloir tout laisser là? Quand vous seriez cent fois plus foible, votre infidélité anéantit-elle la bonté de Dieu? et votre infirmité détruit-elle sa force? Pauvre créature! vous vous imaginiez être forte, et voilà que vous vous êtes trouvée telle que vous étiez en effet. Repentez-vous, demandez pardon avec douleur, mais sans chagrin; dites avec David: « C'est maintenant que je commence : » Dixi nunc cœpi'. Et que savez vous si Dieu ne veut pas commencer en vous quelque chose de nouveau, par une expérience si forte de votre néant? Donnez-vous à lui remettez-vous tranquillement dans vos exercices. J'espère vous voir le jour des Morts. Je prie notre Seigneur qu'il soit

avec vous.

A Germigny, ce 28 octobre 1694.

LETTRE LXX.

A MADAME DE LA GUILLAUMIE.

Sur les caractères de la vraie foi, et l'union parfaite.

La foi, qui est le principe et le fondement de l'oraison, est la même qui est définie par saint Paul2, le soutien des choses qu'il faut espérer; la conviction de ce qui ne paroît pas. C'est, ma

qui est le propre des ames dévotes. Desirez l'union parfaite; séparez-vous de tout, et le vrai tout vous sera donné. C'est à peu près ce que je vous ai dit sur la foi, autant qu'il m'en souvient. Notre Seigneur soit avec vous.

[graphic]

A Meaux, ce 5 novembre 1694.

LETTRE LXXI.

A MADAME DU MANS.

Sur ses confessions précédentes; sur la manière dont elle doit recevoir les dons du Saint-Esprit, et sur les austérités.

Vous n'avez point, ma Fille, à vous mettre en peine de vos confessions précédentes, et je vous le défends absolument : c'est moi qui en réponds à Dieu. Vivez dans cette confiance, et mettez-vous dans le repos qui est nécessaire pour laisser agir le Saint-Esprit. Recevez ses dons sans craindre que vos infidélités en empêchent la vérité : recevez à chaque moment ce que Dieu vous donne; tâchez d'en profiter : quand vous ne le ferez pas, ne vous en affligez pas jusqu'au point de vous chagriner et de perdre courage. Quelle merveille que Dieu soit meilleur que vous, et que sa grace abonde malgré vos péchés!

Les austérités sont très bonnes; mais saint François de Sales m'a appris que celles qu'on demande par-dessus la règle, régulièrement ne sont pas utiles. Tenez-vous-en là.

[graphic]

A Paris, ce 4 décembre 1694.

LETTRE LXXII.

A LA MÊME.

Fille, cette foi qui nous attache à la vérité de Sur ceux qui le faisoient parler, et sur les vicissitudes de

:

Dieu sans la connoître. Contente de sa sainte obscurité, elle ne desire aucune lumière en cette vie. Sa consolation est de croire et d'attendre : ses desirs sont ardents, mais soumis. L'Époux lui donne un soutien obscur comme la foi elle l'aime de cette main; elle baise cette main souveraine, qui la caresse et la châtie, comme il lui plaît ses châtiments même sont des caresses cachées. Il a pitié de sa foiblesse, toujours prêt à lui pardonner ses infidélités, pourvu qu'elle ne perde point courage : il l'entretient à son gré, lorsqu'elle se retire pour l'amour de lui.

Je ne trouve rien que de bien dans l'écrit que vous a lu ma sœur Cornuau. Je prendrai le temps de lui insinuer ce que vous souhaitez tenezvous-en à ce que vous m'avez dit sur son sujet, et agissez avec cette sainte liberté et cordialité

Ps. LXXVI, 11. - Hebr, II, 1,

la créature.

Je veux absolument que vous me mandiez qui sont ceux qui se mêlent de me faire parler, afin que je leur fasse savoir doucement dans l'occasion, et sans vous commettre, que je n'ai pas besoin d'interprète. Au reste, ma Fille, ne vous étonnez pas de ces vicissitudes de l'ame; c'est l'apanage de la créature d'être sujette au changement. Priez le seul immuable qu'il vous affermisse : ne changez rien dans votre conduite au

dehors.

Offrez à l'enfant Jésus le desir d'imiter en tout son obéissance et sa petitesse. Notre Seigneur soit avec vous.

A Meaux, ce 21 décembre 1694.

« PrécédentContinuer »