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DE

FRANCE,

સંતુત

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24009

(SAMEDI 3 JANVIER 1807.)

MERCURE

DE FRANCE.

PROSPECTUS

DU MERCURE DE FRANCE POUR L'ANNÉE 1807.

Nous avons exposé, au commencement de l'année dernière, les idées qui nous paroissoient propres à rendre la rédaction de ce Journal plus exacte, plus complète et plus intéressante. Nous nous contenterons de les retracer ici en peu de mots, afin que nos lecteurs puissent plus aisément comparer ce que nous avons fait avec ce que nous avons promis.

Nous avions senti depuis long-temps que la partie du Mercure, consacrée aux spectacles, quel que fût le talent des rédacteurs, étoit essentiellement froide, et devenoit, en quelque sorte, parasite, par la nature même de ce Journal, qui, ne paroissant que tous les huit jours, est nécessairement prévenu par les feuilles quotidiennes. Nous nous propósâmes en conséquence de supprimer cette partie, en nous réservant de consigner comme un simple fait le succès ou la chute des ouvrages dramatiques. Cette suppression laissoit un vide à remplir; nous crûmes que les nouvelles des arts et des sciences nous en fourniroient un moyen d'autant plus convenable, que cette partie manquoit au Mer cure, et paroissoit être desirée par un grand nombre de lecteurs ; mais la suppression de l'article des spectacles, quoique motivée sur des raisons très-solides, auroit pu cependant exciter de justes regrets, si nous n'avions annoncé le

dessein de rendre un compte réfléchi et détaillé des pièces de théâtre, qui soit par leur succès, soit par leur genre même paroîtroient dignes de fixer les regards et l'attention de la critique.

Une autre partie sembloit appeler aussi la réforme depuis son origine, le Mercure étoit, en quelque sorte, le registre des essais plus ou moins heureux de tous ceux qui débutoient dans la carrière de la poésie; mais à mesure qu'il est devenu plus aisé de faire des vers mauvais ou médiocres, ce qui est à peu près la même chose, Tes rédacteurs du Mercure auroient dû devenir plus difficiles; et c'est d'après ce principe que nous promîmes d'écarter tout ce qui, dans ce genre, ne porteroit pas la marque d'une certaine perfection, ou d'un certain talent : sévérité qui menaçoit de sécheresse cette partie, qu'il est juste de regarder comme un des élémens constitutifs du Mercure, si nous n'avions pu rassurer les amateurs de la poésie, en leur annonçant que les poètes les plus distingués de l'époque actuelle vondroient bien venir à notre secours, et, par le plus heureux dédommagement, nous mettroient, sous ce rapport, à l'abri de toute crainte de disette.

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Les mêmes motifs qui nous avoient portés à retrancher Particle des spectacles, nous engagèrent à bannir de la partie politique tou les on dit, tout ce qui n'est que bruit ou conjecture, véritable aliment des feuilles de tous les jours, matériaux éphémères comme elles, qui ne doivent point entrer dans la composition d'un Journal hebdomadaire, où le certain et la vérité ont seuls le droit de trouver place. Nous annonçâmes donc que nous n'y publierions, avec les actes du Gouvernement, que ce qui présenteroit le caractère de la certitude.

Enfin, le public ayant paru satisfait de la manière dont la critique littéraire étoit traitée dans ce Journal, des principes, soit de goût, soit de morale sur lesquels elle étoit établie, des écrivains qui en étoient devenus les organes, nous crûmes n'avoir à lui promettre, à cet égard, qu'un

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redoublement d'ardeur et de zèle, dont nous lui donnious, d'avance une sorte de gage, en annonçant que MM. de Bonald et de Châteaubriand ne dédaigneroient pas de s'associer à nos efforts. Telles furent nos promesses: c'est aux amis des lettres et aux lecteurs du Mercure à juger si nous les avons convenablement exécutées.

Il suffit de jeter un coup d'oeil rapide sur les différens travaux dont s'est composée la rédaction de ce Journal pendant le cours de l'année qui vient de s'écouler, pour voir qu'on n'a rien négligé de ce qui pouvoit conduire au but qu'on s'étoit proposé: on a eu soin de présenter une analyse exacte, et un extrait médité du petit nombre de pièces de théâtre qui ont paru avec quelqu'éclat, et qui appelloient naturellement l'examen de la critique. Cet examen a été, comme il nous semble, ce qu'il devoit être dans un Journal, dont la nature permet de tout refuser aux passions, pour accorder tout aux principes. On a tâché de se tenir également éloigné de l'aveugle engouement des admirateurs outrés, et de l'emportement suspect des censeurs trop sévères, La critique trouve souvent un écueil dans ce qui paroît être le gage le plus assuré de son succès : il arrive qu'elle s'écarte d'autant plus des principes qui devroient toujours la diriger, qu'elle cherche davantage à flatter la malice, des lecteurs ; ceux à qui elle s'adresse lui demandent rarement compte de ses motifs, et ne lui sachant gré que de sa malignité, applaudissent moins à sa justice qu'à sa violence; mais ni la violence de la critique, ni les applaudissemens des lecteurs ne peuvent changer les règles certaines et invariables de l'art. C'est ce qui nous a engagés à porter dans l'examnen des ouvrages dramatiques la plus exacte impartialité. Nous ne rappelerons ici au souvenir de nos lecteurs que l'extrait de la tragédie d'Henri IV, la pièce la plus importante qui ait paru sur le théâtre dans le cours de l'année dernière : nous croyons, qu'ils ont pu remarquer dans cet extrait autant d'amour pour la vérité, et d'intérêt pour l'art, que de soin, de mesure et d'exactitude. Cette attention particulière, accordée aux pièces principales, ne nous a pas empêchés

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