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Plus de quatre cents, presque tous Anglais, ont été tués. Nos troupes alors se sont jetées sur Malbousquet et sont arrivées jusqu'aux chevaux de frise. Il y avait sept heures que nous nous battions et il était midi. Nous avons eu cent cinquante blessés et une cinquantaine de morts.

Vous feriez bien de passer à Saint-Étienne pour nous procurer des pièces de rechange, des tire-bourres, des sabres et toute espèce d'outils pour notre atelier de salle d'armes.

Communiquée par Mme Marey.

12.

BUONAPARTE.

AU CITOYEN DUPIN.

Ollioules, 4 nivôse an II (24 décembre 1793).

Je t'avais annoncé de brillants succès, et tu vois que je te tiens parole. Excédé de fatigue et d'occupation, je n'ai pas pu t'en instruire le premier; il me suffira de te dire que les Anglais n'ont enlevé aucune de nos pièces, que nous avons trouvé dans Toulon la même artillerie qui y était avant leur entrée. Il est vrai qu'ils l'ont enclouée; mais à l'heure que je t'écris, plus de la moitié ne l'est plus. Ils n'ont que perfectionné et augmenté les fortifications de la place ainsi Toulon est plus dans le cas de se défendre aujourd'hui que jamais.

Les ennemis ont mis dans leur retraite une précipitation inouïe. Une grande partie de leurs tentes, de leur bagage, est tombée en notre pouvoir. Ils ne se sont pas donné le temps de bien mettre le feu aux vaisseaux, puisqu'il nous en reste encore quinze. Ils n'ont pas brûlé nos magasins de bois ni la corderie. J'ai visité l'arsenal de mer, et je puis t'assurer que le mal qu'ils nous ont fait est très-réparable.

Si le vent les eût obligés à tarder quatre heures, ils étaient perdus. Une frégate qui était plus mauvaise voilière, ayant un peu tardé à sortir, s'est trouvée à portée du canon au moment où nos batteries de l'Équillette ont été finies; nous l'avons chauffée à boulets rouges, et, à la grande satisfaction de tous les Républicains, et à la vue de toute l'escadre, nous l'avons brûlée.

Il y a dans ce moment-ci à Balaguier 15 pièces de canon en batterie, avec une bonne forge à boulets rouges.

Il y a 10 pièces à l'Éguillette et 12 pièces à la Grosse Tour, avec un train à boulets rouges pour chacun de ces trois endroits. Trois bricks de 18 canons espagnols sont tout bonnement, la nuit passée, entrés dans la petite rade; l'ordre est donné de laisser entrer qui veut, mais non pas d'en laisser sortir; nous les avons pris tous les

trois, à leur grand étonnement. Nous attendons ce soir un vaisseau de guerre espagnol; s'il ne rencontre pas quelque aviso, il viendra aussi se prendre dans la cage.

Je m'occupe à faire construire des fours à réverbère'; on travaille à en construire un à la Grosse Tour; j'en ferai construire un autre à Balaguier il en existe déjà à Marseille.

J'ai fait retourner à Briançon et Mont-Lyon les pièces de canon que ces places nous avaient fournies.

Nous n'avons trouvé à Toulon que quarante milliers de poudre. BUONAPARTE.

Dépôt de la guerre.

13. AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Marseille, 15 nivôse an II (4 janvier 1794).

Le fort Saint-Nicolas n'est pas susceptible d'un quart d'heure de défense. Les trois enceintes qui fermaient le fort du côté de la ville ont été démolies, et rendent le fort accessible de tous les côtés.

Il est cependant indispensable de mettre ce fort en état de se défendre, au moins contre les efforts de quelques malveillants. II faudrait, pour cet objet, relever une des trois enceintes.

Je vais faire placer des pièces de canon contre le fort, de manière à maitriser la ville.

Toutes les batteries circonvoisines qui défendent la rade de Marseille sont dans un état ridicule. L'ignorance la plus absolue de tous les principes a présidé à leur tracé. Elles ne sont pas dans le cas de soutenir une bordée; elles seraient enfilées, et les canonniers sont découverts à certaines pièces jusqu'au talon. Ce n'est pas cependant faute qu'il n'y ait des épaulements, mais c'est qu'ils ne sont pas comme ils doivent être.

1 Napoléon avait déjà porté son attention sur les fours à réverbère, comme le prouve la lettre suivante, datée de Nice, le 3 juillet 1793, au ministre de la guerre :

Citoyen Ministre, nous n'avions pas encore l'usage dans l'artillerie d'établir des fours à réverbère près des batteries de côte; nous nous contentions d'une simple grille avec un soufflet de forge. Mais l'avantage des fours à réverbère étant généralement connu, le général Duteil me charge de vous en demander un modèle avec les profils, afin que nous soyons dans le cas d'en faire construire sur notre côte et de brûler les navires des despotes.

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J'ai donné des ordres pour faire établir des traverses et réparer, autant qu'il sera possible, le défaut primitif de leur tracé.

Je fais achever le four à réverbère qui se trouve au fort Faro.

Je fais établir des forges aux autres batteries, et j'ai déterminé les emplacements, pris des mesures, pour la construction de différents fours à réverbère.

Le général de brigade d'artillerie, chargé de l'inspection des côtes,
BUONAPARTE.

Dépôt de la guerre.

14. AU MINISTRE DE LA GUERRE.

Marseille, premiers jours de pluviôse an II (du 20 au 25 janvier 1794). Il y a à chaque batterie de côte des compagnies de canonniers marins mises en réquisition.

Je crois que le bien de la marine ordonnera d'employer tous les marins sur les vaisseaux. Je pense alors qu'il faudra établir un chef canonnier par pièce et huit servants tirés de la réquisition de la garde nationale, sans qu'il y ait d'autres officiers que le chef des pièces et le commandant des batteries. Cette méthode très-simple ne sera pas onéreuse à la République, et le service en sera mieux fait.

Je suis fort peu content de ces compagnies de canonniers de la côte; ils ne s'exercent pas, et ils sont aussi ignorants que le premier jour.

Le matelot n'est bon qu'à la mer, et je crois que, sous tous les rapports, on doit l'y restituer.

Je désire que tu m'écrives un mot sur la conduite que je dois tenir. Je ne connais aucune loi sur la formation du personnel des batteries de côte.

Je suis occupé à faire faire des fours à réverbère, dans les positions les plus intéressantes, et à faire refaire la plupart des batteries, qui sont absolument, par l'ineptie de ceux qui les ont dirigées jusqu'à présent, hors de défense.

J'espère, avant quinze jours, avoir mis la côte, depuis les bouches du Rhône jusqu'au Var, sur un pied respectable.

BUONAPARTE.

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Port-la-Montagne ', 10 pluviôse an II (29 janvier 1794)

Je viens des îles d'Hyères; j'y fais établir plusieurs batteries pour

1 Toulon.

mettre ces îles en défense et pour qu'elles puissent offrir un point de protection à nos vaisseaux, contre une escadre supérieure.

Dépôt de la guerre.

BUONAPARTE.

16. — AUX REPRÉSENTANTS DU PEUPLE.

Marseille, 24 pluviôse an II (12 février 1794).

Par des ordres réitérés du ministre, j'ai mis à la disposition des transports militaires :

60 milliers de poudre pour Bayonne;

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150 milliers; pris à Saint-Chamas et au Port-la-Montagne.

Cette place se trouve donc absolument dépourvue; j'ai instruit le ministre qu'il était indispensable de destiner le produit de la fabrique de Saint-Chamas pendant plusieurs mois pour l'approvisionnement de cette place.

Il est donc impossible de fournir 50 milliers de poudre à la marine. Marseille et Antibes sont absolument dépourvues. Je viens d'ordonner au Port-la-Montagne que l'on donne provisoirement dix milliers de poudre à la marine, afin que les travaux de l'artifice ne soient pas suspendus, il est indispensable que pendant cet intervalle vous obteniez du Comité de salut public que l'on fasse passer des poudres de ce côté-ci pour les besoins de la marine.

Les pierriers dont nous nous servons aux sièges et pour la défense des places ne sont point propres à la marine.

Je ferai faire la recherche d'espingoles dont nous ne nous servons plus.

Il n'y a point de mousquetons.

Il sera impossible d'avoir des pistolets de calibre.

Les obus de 6 pouces dont nous nous servons sur terre, ayant quatre lignes de moins de vent, ne peuvent pas servir pour les caronades, pour lesquelles l'on ne s'est servi jusqu'à présent que de mitraille et de boulets de 36.

Si la marine persiste à se servir d'obus, je viens de donner l'ordre pour que l'on en mette 780 à sa disposition.

BUONAPARTE.

Cabinet de l'Empereur.

17.

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AU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.

Marseille, 24 pluviôse an II (12 février 1794).

Je vous envoie les changements qu'il est indispensable de faire aux fourneaux à réverbère.

Le département des Bouches-du-Rhône en avait fait construire un à la batterie du Faro, à Marseille, qui n'a pas soutenu le feu. Il est hors de service; il a coûté 12 à 15,000 francs, tandis qu'on en établira de bien mieux faits au tiers de cette dépense.

Il est urgent de mettre de l'ordre dans les dépenses de la guerre relatives à l'artillerie et au génie; l'on emploie des sommes immenses pour faire du très-mauvais ouvrage.

Il faut aussi que les généraux d'infanterie n'ordonnent aucune réparation, parce qu'ils sont toujours trompés, et, n'entendant rien à nos travaux, ils prêtent l'oreille à des faiseurs d'affaires.

Puisqu'il y a des fonds pour le génie et l'artillerie, pourquoi les commissaires ordonnateurs ordonnancent-ils des dépenses de cette nature sur l'extraordinaire? Par ce moyen la République paye des ouvrages que les agents de l'artillerie et du génie ont refusé de faire

solder.

Pis que cela encore, l'on fait faire à la République des travaux inutiles, nuisibles et qu'il faut défaire.

Je viens de la tour de Bouc, près Martigues; il y avait quatre pièces de 16 en bronze montées sur très-bons affûts de place; on les a convertis en affûts marins, prétendant que les affûts de place ne valent rien.

Sur cette côte l'on a dépensé beaucoup d'argent à faire de la mauvaise besogne.

Un des objets qui méritent aussi votre attention et votre sollicitude, c'est un décret qui fixe invariablement l'organisation des canonniers occupés aux batteries de la còte. J'ai fait adopter par les représentants du peuple un règlement provisoire, mais qui n'est pas suffisant; il faut une loi précise.

L'on paye beaucoup trop de monde et sans proportion de service et d'utilité.

18.

Dépôt de la guerre.

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BUONAPARTE.

AU CITOYEN MAZURIER, ADJOINT AU MINIStre de la guerre.
Port-la-Montagne, 5 ventôse an II (23 février 1794).

Les représentants ont, par l'arrêté dont tu trouveras ici copie, rappelé, pour le service de la marine, les marins qui servaient aux

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