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RAPPORT A L'EMPEREUR.

SIRE,

Depuis le premier Empire jusqu'à l'avènement de Votre Majesté, qui en a repris les traditions glorieuses, chaque fois que la France a été appelée à jouer, par sa diplomatie ou par ses armes, un rôle actif dans les événements qui intéressent l'Europe, on a vu les esprits se reporter naturellement vers les souvenirs de cette grande époque, y rechercher quelque pensée de l'Empereur applicable à la difficulté présente, et en demander la solution aux prévisions de son génie.

Mais ce n'est pas seulement pour ces circonstances exceptionnelles, pour les grands événements européens que Napoléon Ier a légué à l'avenir de précieux renseignements, des vues d'une justesse et d'une portée incomparables; chacun sait avec quelle sollicitude et quelle sûreté de coup d'œil le fondateur de nos institutions modernes en suivait le développement, en appréciait les résultats. En parcourant les différentes parties de la France, Votre Majesté a plusieurs fois rencontré des traces impérissables de la pensée de son auguste prédécesseur, qui, non content d'embrasser l'ensemble des intérêts de son empire, trouvait encore le temps de s'occuper des intérêts de localité que son gouvernement avait à satisfaire.

Rien n'échappait à son génie, rien ne lui semblait indigne de ses préoccupations. Les plus modestes questions d'administration,' comme les plus hautes conceptions politiques et les plus vastes entreprises de travaux publics, ont été, de la part de l'Empereur, non-seulement l'objet de ses communications fréquentes avec les

grands corps de l'État, mais encore de ses correspondances intimes et toutes personnelles, soit avec les membres de sa famille, soit avec les dignitaires de l'Empire, soit avec tous ces hommes d'élite, généraux, administrateurs, savants, industriels, qu'il aimait tant à entretenir et à encourager.

Votre Majesté a pensé, Sire, qu'il était d'un haut intérêt national de recueillir et de coordonner cette correspondance aujourd'hui éparse dans les dépôts publics et dans quelques mains particulières. Les hommes d'État, les administrateurs, les historiens y trouveront les plus utiles enseignements, et ce seront autant de matériaux précieux pour le monument que la France élèvera plus tard à la gloire de Napoléon Ier par la publication de ses œuvres immortelles.

Pour répondre aux intentions de Votre Majesté, j'ai l'honneur de lui proposer la nomination d'une Commission, qui sera chargée de réunir et de classer la Correspondance de l'Empereur, et d'en surveiller la publication.

Je suis avec respect,

SIRE,

De Votre Majesté,

Le très-humble et très-obéissant serviteur et très-fidèle sujet,

ACHILLE FOULD.

DÉCRET.

NAPOLÉON, par la gràce de Dieu et la volonté nationale, EMPEREUR

DES FRANÇAIS,

A tous présents et à venir, SALUT.

AVONS DÉCRÉTÉ ET DÉCRÉTONS ce qui suit :

ARTICLE PREMIER.

Une commission est instituée pour recueillir, coordonner et publier la correspondance de notre auguste prédécesseur Napoléon Ier, relative aux différentes branches d'intérêt public.

ART. 2.

Cette commission est ainsi composée :

MM. le maréchal VAILLANT, notre ministre de la guerre, grand maréchal du palais, membre de l'Institut, président;

Le baron DUPIN (Charles), sénateur, membre de l'Institut, vice-président;

Le comte BOULAY DE LA MEURTHE, sénateur;

P. MÉRIMÉE, sénateur, membre de l'Institut;

Le général de division AUPICK, sénateur;

Armand LEFEBVRE, conseiller d'État;

DE CHABRIER, directeur général des archives de l'Empire;
CHASSERIAU, maître des requêtes au Conseil d'État;

PERRON, chef de section au ministère d'État.

ART. 3.

Notre ministre d'État est chargé de l'exécution du présent décret.

Fait à Boulogne, le 7 septembre 1854.

NAPOLÉON.

Par l'Empereur :

Le Ministre d'État,

ACHILLE FOUld.

Par d'autres décrets, en date des 10, 30 septembre et 24 octobre 1854, ont été nommés membres de la commission :

M. CUCHEVAL-CLARIGNY;

M. le général de division baron PELET, sénateur;

M. le général de division comte DE FLAHAUT, sénateur;

M. le comte Jérôme-Paul DE CHAMPAGNY, député au Corps Législatif.

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