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qu'elle porte; ôtez cette croyance, elle croule toute entière. Donc partout où nous voyons l'astrologie régner avec empire, là nous devons supposer que l'opinion de la divinité des astres était établie 1; aussi le juif Philon 2 observe-t-il que les Chaldéens, versés plus qu'aucun autre peuple dans l'astronomie, « faisaient tout dépendre du mouvement des astres, qu'ils regardaient comme les arbitres souverains de l'ordre du monde. Ils bornaient leurs hommages à la cause visible, et ne se firent aucune idée de l'être invisible et intellectuel; au contraire, en observant l'ordre du monde, ils crurent voir en lui la Divinité elle-même tout entière qui exerçait sa puissance par l'action de ses parties, le soleil, la lune, les planètes et les étoiles fixes, par la révolution successive des saisons, et par l'action combinée du ciel et de la terre. Ainsi ils s'égarèrent, dit ce Spiritualiste, en assimilant l'ouvrage à son auteur. Abraham fut élevé dans les principes de cette doctrine, et fut pendant long-temps dans l'opinion des Chaldéens, jusqu'à ce qu'enfin ayant ouvert les yeux, il vit la lumière et reconnut, dans l'Univers un modérateur souverain qu'il n'avait pas auparavant soupçonné. » Maimonides confirme le témoignage de Philon sur le Sabisme de cet Ibrahim ou Abraham, fameux chez les Orientaux, et M. Hyde ajoute que c'est l'opinion com

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1 Salmas. ann. Climat., p. 3.-2 Philon, lib. de Abrah., p. 282. 3 Maimonid. More Nevock. pars. 3, c. 26. —4 De Vet. Pers. Relig., p. 60 et 86.

TOME I.

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mune de tout l'Orient, et que ses descendans conservèrent long-temps des traces de la religion de leurs aïeux. Les abstractions métaphysiques étant nécessairement postérieures aux opinions physiques, le culte de la cause visible dut être le plus ancien; et les Spiritualistes ne durent être qu'en petit nombre, tandis que le Sabëisme étendait partout son empire. On le faisait remonter jusqu'à Seth, c'est-à-dire au temps où l'on fixait l'origine des choses'. L'auteur de cette tradition nous dit que la plus grande fête des Sabéens était à l'entrée du soleil, au bélier ou à l'agneau équinoxial. Ils avaient cinq autres fêtes fixées à l'entrée de chacune des planètes, dans le signe où elles ont leur exaltation. Ils se disaient fils ou descendans de Sâbi, fils d'Idris, enterré en Egypte sous la troisième pyramide 2. Ils ajoutaient que leur religion étaitla plus ancienne et la plus répandue autrefois dans l'Univers, jusqu'au temps du Spiritualiste Abraham, qui apporta de nouvelles idées.

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Cette tradition des Sabéens sur l'auteur de leur eulte, enterré en Egypte, nous conduit naturellement à chercher dans ce pays le berceau de cette religion. Nous y trouvons l'astrologie exerçant un empire aussi puissant qu'en Chaldée; nous devons donc aussi y retrouver la même doctrine sur la divinité des astres, qui est la base de toute astrologie. On se rappelle le passage d'Eusèbe sur les Egyp

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1 V. p. 3.- 2 Ibn. Shahna apud Hyd. de Vet. Pers. Relig. 1.127.- 5 Ibid., p. 128.

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tiens qu'il associe aux Phéniciens pour les opinions religieuses sur la cause universelle, et sur la divinité du soleil et des astres, seuls modérateurs du monde. Son témoignage est appuyé sur Diodore de Sicile', qui nous dit « que les plus anciens habitans de l'Egypte reconnaissaient deux grandes divinités, premières et éternelles, savoir le soleil et la lune... qu'ils pensaient que ces deux divinités gouvernaient le monde, et que tout ce qui reçoit de la nourriture et de l'accroissement, le recevait d'elles; que d'elles dépendaient tout le grand ouvrage de la génération, et la perfection de tous les effets produits dans la nature. » On sait effectivement que les deux plus grandes divinités de l'Egypte étaient Osiris et Isis2, et que tous les auteurs s'accordent à y reconnaître les plus grands agens de la Nature"; les uns le principe actif et passif des générations, le ciel et la terre; les autres, le soleil et la lune; et tous quelqu'une des puissances ou des parties de la cause paisible, universelle. Un des plus savans prêtres de l'Egypte, Chérémon, dépositaire et interprète de la science sacrée, nous donne encore quelque chose de plus positif sur la nature du culte des Egyptiens. Chérémon, nous dit Porphyre, et une foule d'autres savans Egyptiens, sont persuadés qu'on ne doit admettre rien hors le monde ou hors la cause visible, et s'appuient de l'opinion des anciens Egyptiens ".

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1 Diodore Sic., l. 1, c. 10 et II. -2 Théodoret. Ser. 3. 3 Diogenes Laert. in Proem. Plutarch. de Iside et Osiride. Diodor. Sicul. 4 Porphyr. Epist. ad Anneeb. præmissa operib. Jamblici de myster. Ægyptiac. Oxonii. 1678, in-fol.

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« Ils ne reconnaissent

pour Dieu les plaque nètes, les astres qui composent le Zodiaque, et tous ceux qui, par leur lever ou leur coucher, en marquent les divisions, les sous-divisions des signes en décans, l'horoscope et les astres qui y président, et que l'on nomme chefs puissans du ciel; astres dont les noms sont contenus dans nos livres d'astrologie, et de médecine astrologique 1; avec leurs levers, leurs couchers, leurs influences sur les maladies, et les prognostics qu'on en tire pour l'avenir. Ils observent en effet que les Egyptiens, 5, faisant du soleil le grand Dieu, architecte et modérateur dumonde, expliquaient non-seulement la fable d'Osiris et d'Isis, mais toutes leurs fables sacrées généralement, par les astres, par leur apparition ou leur disparition, par leur ascension, par les phases de la lune et les accroissemens ou la diminution de sa lumière; par la marche du soleil, par les deux divisions du temps et du ciel en deux parties, l'une affectée à la nuit, l'autre à la lumière; par le Nil; enfin, par le jeu des causes physiques, et ne faisaient mention aucunement dans leurs explication d'êtres incorporels et de substances vivantes... Ce sont ces Dieux, arbitres souverains de la fatalité, qu'ils honorent par des sacrifices, et à qui ils ont élevé des images. » Effectivement nous apprenons, par Lucien, que tout le culte égyptien, même celui des animaux, était relatif aux astres, et fondé

1 Voyez notre dernier chapitre sur les archanges et les puissances célestes.

entièrement sur l'astrologie '. Lucien expliquant la diversité du culte qu'on remarquait dans les différentes villes d'Egypte, à raison des animaux différens qu'on y honorait, tire les raisons de cette diversité, de la diversité des aspects célestes, et des signes aux influences desquels la distribution astrologique les avait soumises. Il paraît, par ce qu'il nous dit, qu'il en était des Egyptiens comme des Arabes, leurs voisins, chez qui chaque tribu était sous la protection d'une étoile, avec cette différence que les Egyptiens, qui aimaient les symboles et les images animées, représentaient leur divinité tutélaire, ou l'animal céleste, par un animal vivant qui lui était consacré, et recevait ses influences. Les Arabes au contraire n'avaient que des Thérapim, espèce de petites idoles, et des talismans de métal soumis à l'influence des astres, comme l'étaient les animaux sacrés de l'Egypte, qu'on peut regarder. comme autant de talismans vivans, animés par le feu, principe qui forme la substance des astres. Au reste, ces animaux portaient des caractères symboliques et astrologiques, comme les talismans arabes. Tel était le boeuf Apis, talisman consacré à la lune, soumis à l'influence de cette planète, et à celle du taureau céleste, où était le siége de son exaltation, et marqué de tous les caractères de la force génératrice, dont on faisait la lune dépositaire. Aussi ces caractères se trouvaient-ils sur le

corps d'Apis réunis au croissant de la lune, et à la

↑ Lucian. de Astrol., p. 986.

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