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de littérature au collège de Berlin, que Thiébault laissait vacante par sa démission. Condorcet fit à Dupuis, au nom de Frédéric, des propositions à ce sujet, propositions que Dupuis accepta; mais la mort du roi-poète rompit cet accord, et nous fit conserver le savant.

Dupuis obtint bientôt un honorable dédommagement par la chaire d'éloquence latine au Collége de France, que laissait libre la mort de Bejot.

L'Académie des inscriptions et belles-lettres l'appela dans son sein en 1788, en remplacement de Rochefort, auteur d'une traduction en vers de l'Illiade d'Homère. Il faut remarquer que les démarches d'usage furent faites par le duc de La Rochefoucauld et l'abbé Barthélemy,'et que Dupuis, admis alors, s'était précédemment vu repoussé par une accusation d'athéisme.

Alors il se démit de sa fonction de professeur au collège de Lisieux, tant il avait hâte de se vouer tout entier au besoin de donner à son système les développemens qui pouvaient servir à le com-'. pléter !

Peu de temps après, les administrateurs du département de Paris le nommèrent l'un des quatre commissaires de l'instruction publique, chargés de faire l'inventaire des contrats, fondations, bourses, revenus, monumens publics et bâtimens des colléges de la capitale.

La révolution, que les assemblées des notables avaient fait prévoir, éclata enfin.

Dupuis, homme circonspect, cessa aussitôt la correspondance télégraphique qu'il entretenait avec son ami Fortin...

On lit dans les biographies de Dupuis:

« En 1778, il exécuta un télégraphe d'après l'idée qu'en avait donnée Amontons, et il réussit au point qu'il pouvait correspondre avec M. Fortin, son ami, qui, du village de Bagneux, où il avait une maison de campagne, observait avec un télescope, les signaux que Dupuis lui faisait de Belleville et qui lui apportait ou lui envoyait le lendemain la réponse. Ils s'écrivirent de cette manière, chaque année, pendant la belle saison, depuis 1778, jusqu'au commencement de la révolution. Dupuis détruisit alors sa machine, dans la crainte qu'elle ne le rendit suspect.

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Les auteurs de ces biographies paraissent avoir commis une erreur, au moins quant à la machine dont Dupuis se serait servi. En voici la rectifi

cation :

« Le savant auteur de l'Origine des cultes, Dupuis, en 1778, correspondait avec un de ses amis, de Belleville à Bagneux, lieux distans l'un de l'autre de plus de trois lieues, en ouvrant et fermant en

1 Géomètre-mécanicien français, né en 1663.

tout ou en partie, suivant ce qui était convenu, telle ou telle autre fenêtre qui pouvait être vue des deux positions'. >>

Dupuis n'avait donc pas de machine à détruire, et il n'a donc pas aidé à la découverte du télégraphe.

Il se retira à Evreux, et habitait encore cette ville lorsque le département de Seine-et-Oise le choisit pour son représentaut à la Convention nationale, où il se montra modéré dans sa conduite et dans ses discours.

Dans le procès de Louis XVI, il vota pour la détention, contre l'appel au peuple, et en faveur du sursis.

Voici ses votes :

Sur la question: Louis est-il coupable? il dit : « Comme juge, je ne puis voter; comme homme, je suis convaincu; comme représentant du peuple, également convaincu je dis oui. »

Sur la question: Le jugement sera-t-il soumis à la ratification du peuple? Il répondit :

NON.

Sur la question: Quelle peine Louis a-t-il encourue? il s'exprima de la sorte :

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Je ne concourrai pas de mon vote à priver le peuple d'un ôtage important qu'il aura droit de

1 Dulaure, Histoire de Paris, 1822, t. vi, p. 89.

vous demander un jour. Je vote pour la détention. Sur la dernière question : Sera-t-il sursis à l'exécution du jugement de Louis Capet ? il dit:

OUI.

On peut résumer en peu de mots toute la carrière politique de Dupuis.

En l'an III, le 1er ventôse-19 février 1795, il est nommé secrétaire de la Convention. - Le 26 ventôse, il fait une motion d'ordre, dans laquelle il représente que les dénominations de terroristes s'appliquent souvent aux vrais républicains, et que des malintentionnés cherchent à faire confondre les uns et les autres; il blâme les sections qui désarment des citoyens ou les privent de l'exercice de leurs droits politiques, et demande que les COmités soient chargés de présenter les moyens de régulariser la marche des citoyens, dans leurs dénonciations contre ceux qui sont accusés d'avoir participé à la tyrannie détruite le 9 thermidor. Le 18 germinal, il présente des vues sur l'économie politique, et un projet de décret tendant à faire rendre compte à tous les agens de la république, et à donner à la constitution démocratique de 1793 le développement nécessaire pour la faire marcher. Le 21 germinal, il est chargé de l'exécution des lois relatives à l'instruction publique, avec Baraillon, Lakanal, Bailleul et JardPanvilliers.

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En l'an Iv, réélu au conseil des Cinq-Cents, il se prononce, le 9 brumaire et dans la séance du lendemain, en faveur du projet de résolution tendant à arrêter les désertions qui désorganisent les armées. - Le 1er ventòse-20 février 1796, il fait un rapport sur le placement des écoles centrales. Le 27 ventôse, il appuie la proposition de Louvet, prohibitive de la liberté de la presse.

En l'an vii, le 24 floréal-13 mai 1799, et le 29 prairial, il fut porté sur une liste de candidats au directoire, pour remplacer Rewbell et Treilhard, et mis au balottage. Le général Moulins l'emporta sur lui au troisième tour de scrutin.

Après le 18 brumaire, envoyé par le département de Seine-et-Oise au corps-législatif, il eut l'honneur de le présider, et fut proposé par ce dernier corps et par le tribunat, pour être membre du sénat conservateur.

Là se borna sa carrière politique.

Membre de l'Institut national, à l'époque de son organisation, il reçut, vers le temps de sa candidature au sénat, la décoration de l'ordre de la Légion-d'Honneur.

Libre de toutes fonctions politiques, il reprit ses occupations favorites, partageant son temps entre sa famille, ses amis, ses livres. Il habitait une petite maison de campagne qu'il avait en Bourgogne, lorsqu'il fut attaqué d'une fièvre putride, à laquelle il

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