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SOCIÉTÉ D'ÉCONOMIE POLITIQUE.

M. DE LAVERGNE croit que M. Renouard donne une importance trop exclusive à la consommation.

La richesse d'une nation ne se compose pas seulement de ce qu'elle consomme, il faut y'joindre aussi ce qu'elle épargne, car si elle n'épargnait pas en même temps qu'elle consomme, elle irait en s'appauvrissant, elle vivrait sur son capital. En épargnant, au contraire, elle prépare pour l'avenir de nouveaux moyens de production, et il faut toujours en revenir à ceci, que la richesse d'une nation se mesure par ce qu'elle produit, c'est-à-dire par le développement de son agriculture, de son industrie et de son commerce.

M. Renouard réplique qu'il ne croit pas être en déssaccord avec M. de Lavergne, et qu'il comprend les épargnes dans un bon emploi de la richesse.

Paris.-Imprimerie de E. Brière, rue Saint-Honoré, 257.

DES

ÉCONOMISTES

CONDITION MORALE, INTELLECTUELLE ET MATÉRIELLE

DES

OUVRIERS QUI VIVENT DE L'INDUSTRIE DU COTON

RAPPORT FAIT A L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES ET POLITIQUES

SUITE (1).

LA FRANCE.

Le mouvement qui emporte l'industrie du coton est si vif et si soutenu, qu'à quelque moment qu'on en fixe les termes, on est certain de les voir dépassés. Pour ne pas fatiguer l'attention de l'Académie, je m'en tiendrai aux données les plus récentes et renverrai pour les autres à deux documents auxquels nos savants et honorables confrères, MM. Moreau de Jonnès et Gréterin, ont donné, l'un la garantie de son nom, l'autre l'autorité de son concours. Le premier de ces documents est la Statistique de l'industrie de la France; le second est la série des Tableaux généraux que publie chaque année l'administration des douanes. On pourra y suivre, période par période, la marche des importations et des exportations, avec le détail des destinations et des provenances. J'arrive sur-le-champ à la situation présente et à un exercice qui, n'étant pas clos encore, ne saurait être apprécié qu'à l'aide de ren

(1) Voir la livraison de janvier.

2 SERIE. T. XXIX.

15 février 1861.

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seignements particuliers. Cette recherche a d'autant plus d'intérêt que le régime des matières brutes destinées aux manufactures a subi, il y quelques mois, une modification fondamentale. Les droits qui les frappaient, ont été complétement abolis dans presque tous les cas et réduits à des proportions insignifiantes là où ils subsistent par exception. Il est donc curieux de s'assurer, ne fût-ce que par approximation, des premiers effets produits par cette révolution fiscale. On a pu, avant qu'elle fût accomplie, en discuter le mérite, l'opportunité et l'étendue; il ne reste plus aujourd'hui qu'à en suivre la marche et à en juger les conséquences.

Un document qui nous arrive des États-Unis porte à 589,587 balles le chiffre des cotons expédiés en France du 1er septembre 1859 au 31 août 1860. C'est la période annuelle qu'embrassent les récoltes; la période précédente se soldait par 138,891 balles en moins. En évaluant chacune de ces balles à un poids net et moyen de 160 kilog., on obtient pour 1859-1860 un total de 94,333,920 kilog. Tel est, dans le cours de douze mois, l'importation de la matière pour une seule provenance. Il reste à y ajouter celle des autres pays de production, l'Inde, le Brésil, le Levant, le nord de l'Afrique. Un calcul établi sur un certain nombre d'années élève ces importations réunies à un cinquième environ de celle de l'Amérique du Nord. Il y aurait donc à ajouter aux 94,333,920 kilogr. de coton américain 19,066,785 kilog. de diverses origines, ce qui aboutirait pour l'ensemble à 114,400,705 kilog. (1). Comparée à celles des exercices antérieurs, cette importation offrirait un excédant de 15 à 22 millions de kilog. Je ne donne ces calculs que pour ce qu'ils sont, une simple évaluation, et j'ajoute que, portant sur une autre période que celle de nos états officiels, ils ne doivent être rapprochés que sous cette réserve. Mais je suis convaincu qu'à une petite différence près, ce que j'établis ici, par voie de conjecture, deviendra une réalité quand les tableaux complets de l'exercice de 1860 auront été publiés par l'administration; un relevé des mois déjà connus me confirme dans cette opinion. D'ailleurs l'excédant de 138,891 balles fourni par l'Amérique seule suffit comme élément d'une augmentation de plus de 22 millions de kilog., et il est à croire que les autres pays de

(1) Mes prévisions au sujet de l'importation du coton ont été dépassées. Au lieu du chiffre de 114,400,705 kilogr. calculés approximativement, en novembre 1860, il résulte des états de douane de l'année 1860 que l'importation du coton pendant cette période s'est élevée à 125 millions de kilogrammes.

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